Combien coûte un euro?
En théorie, l'euro vaut invariablement 6,55957 francs depuis sa création, le 1er janvier 1999. Et prétendre le contraire relèverait de l'hérésie monétaire. La naissance de l'euro a définitivement fixé la parité entre les monnaies européennes de telle sorte qu'un mark allemand vaut 3,3538 francs et qu'un florin néerlandais vaut 2,9766 francs. Juridiquement, le franc, le mark et le florin, ainsi que les huit autres monnaies de l'union européenne, ne sont même plus que des sous division d'une seule et unique monnaie: l'euro. Pourtant, utiliser cette monnaie en dehors de nos frontières coûte cher.

"La facturation des paiements à l'étranger a toujours existé, explique Christophe Vancostenoble, chargé d'études au Centre régional de la consommation du Nord Pas de Calais (CRC), qui a récemment publié une enquête sur ce sujet. Mais le problème est que très peu de consommateurs sont au courant de ces pratiques." Ainsi, beaucoup de gens payent à l'étranger avec leur carte bleue, ou font des retraits dans les distributeurs, sans avoir la moindre idée des frais engendrés par ces opérations. Or, à la longue, ces frais peuvent avoir un impact important. Selon l'enquête réalisée par le CRC, les paiements effectués par carte dans un pays membre de l'union européenne entraînent généralement entre 1% et 2% de frais. Dans certains cas, les frais facturés aux enquêteurs du CRC dépassaient même 4% au Crédit mutuel du Nord et à la BNP. Quant aux retraits par carte, ils peuvent s'avérer encore plus onéreux. "Lorsque l'on retire l'équivalent de 100 francs dans un distributeur étranger cela entraîne 20 francs de frais, explique Christophe Vancostenoble. C'est très pénalisant pour les gens qui font beaucoup de retraits d'un faible montant." Pour des retraits de 100 francs à 300 francs, les frais s'échelonnent ainsi entre 20% et 6,7%, ce qui reste prohibitif.

Evitez le paiement par chèque
La conclusion la plus inquiétante de cette enquête est surtout que les frais n'ont pas baissé avec l'arrivée de l'euro, contrairement à ce que beaucoup de gens auraient pu croire. En comparant les résultats de 1999 avec ceux d'une enquête similaire réalisée en 1996, le CRC observe qu'en ce qui concerne les retraits par carte "aucune enseigne ne propose une baisse complète de ses commissions bancaires". La carte de crédit reste néanmoins le moyen de paiement le plus pratique. "Les chèques en euros sont rarement acceptés à l'étranger, remarque Christophe Vancostenoble. Et lorsqu'ils le sont, ils entraînent généralement entre 80 et 200 francs de frais par chèque." Ce moyen de paiement est donc à éviter à tout prix.

Le second enseignement que l'on peut tirer de cette enquête est que la naissance de l'euro n'a pas tué les bureaux de change, contrairement aux inquiétudes de ces derniers. Compte tenu des frais prélevés sur les retraits par carte, il est souvent plus intéressant de changer entre 100 et 500 francs dans un bureau de change que de retirer l'équivalent dans un distributeur de billets