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Rédigé
le 21 avril 1999 |
Vive
la baisse des taux d'intérêt! En décidant d'abaisser son
principal taux d'intérêt, le 8 avril, la Banque centrale européenne
a donné un nouveau coup de pouce aux candidats à la propriété.
Traditionnellement, c'est en effet au printemps que la plupart des Français
achètent leur logement. Et cette année ne déroge pas à
la règle. Au contraire, tous les éléments sont réunis
pour décider les acquéreurs hésitants. D'abord leur situation
personnelle s'améliore. Ensuite, la crise de l'immobilier semble enfin
stoppée. Après huit ans de baisse, le prix du mètre carré
frémit à Paris, ce qui rassure les acheteurs sur la valeur de
leur logement. Mais, surtout, les crédits immobiliers sont de plus en
plus attrayants, ce qui permet aux candidats à la propriété
de se lancer dans des projets immobiliers auxquels ils n'auraient pas pu rêver
il y a encore quelques années. Mais, pour en profiter, encore faut-il
connaître les pièges à éviter et savoir comment dénicher
le meilleur crédit. Mode d'emploi.
Le
crédit toujours moins cher.
Première bonne nouvelle pour les emprunteurs: les taux des crédits
immobiliers ont encore baissé à des niveaux jamais atteint (voir
tableau: Evolution des crédits à taux fixe
et à taux variable). "Les taux d'intérêt
étaient déjà au plus bas lors de notre dernier pointage
début février mais, grâce à la réduction des
taux directeurs de la Banque centrale européenne, ils continuent encore
à baisser ", affirme-t-on à l'Agence nationale d'information
sur le logement, l'Anil. Contrairement à ce que disent certains banquiers
pour accélérer la décision de leurs clients, le coût
du crédit ne devrait pas remonter brutalement.
Les taux d'intérêt sont donc au plus bas. Mais pour obtenir le
meilleur crédit, il faut plus que jamais savoir négocier et faire
jouer la concurrence. En public, les banques rechignent à dévoiler
leur taux le plus intéressant. Selon les déclarations recueillies
par l'Anil, le taux le plus bas consentis par les grandes banques françaises
varient ne descendent pas en dessous de 5% sur les crédits à taux
fixe. Du coup, les clients qui ne se donnent pas la peine d'aller voir ailleurs
se retrouvent avec un taux relativement défavorable. "Aujourd'hui
les négociations sont serrées, explique Didier Pagel, gestionnaire
de patrimoine et courtier en crédit à la société
Eléis. Mais, pour les meilleurs clients, nous arrivons à obtenir
des taux compris entre 4,40% et 4,70% pour les crédits à taux
fixe sur quinze ans, et entre 4,30% et 4,60% pour les crédits sur dix
ans."
Il suffit donc de faire jouer un peu la concurrence pour trouver un taux intéressant. "Pour des très bons clients nous pouvons accorder des crédits à taux fixe sur quinze ans entre 4,30% et 4,50% hors assurance", confirme Didier Chappet, directeur à l'UCB. Même le Crédit agricole ou la Caisse d'épargne sont capables de s'aligner sur les conditions les plus favorables proposées par d'autres établissement.
Meilleur
taux et meilleur service.
Si les taux sont de plus en plus comparables,
c'est parfois sur le niveau de services ou sur d'autres frais annexes que se
fait la différence. "Notre service Réponse Expresse Immobilier
travaille avec sept établissements de crédit et offre plus de
200 formules de prêts différentes, explique Philippe Jeangeorge,
directeur des services financiers chez American Express. Notre premier objectif
est d'aider les clients à faire le tour du marché en un seul coup
de téléphone et de les aider à sélectionner le crédit
pour lequel leur dossier aura le plus de chances d'être accepté."
Les partenaires d'American Express, qui comptent notamment les Britanniques
Abbey National et Banque Woolwich, l'UCB, la Hénin ou la banque San Paolo,
sont parmi les moins chers du marché et ils n'obligent pas les emprunteurs
à domicilier leur salaire chez eux. Il faut vérifier ce dernier
point avec beaucoup d'attention, car certaines banques offrent des crédits
à taux avantageux à condition que l'emprunteur domicilie son salaire
chez elle durant toute la durée de son crédit. S'il s'agit d'une
domiciliation sans obligation contractuelle, cela paraît une contrepartie
acceptable vis-à-vis d'une banque qui vous fait économiser des
milliers de francs sur votre crédit. En revanche, certains établissements
prévoient dans leur contrat de prêt de relever le taux de leur
crédit de 1% si l'emprunteur change de banque avant la fin du prêt.
Si c'est le cas, mieux vaut ne pas accepter un tel cadeau empoisonné.
Réduire
le coût de l'assurance.
Pour s'assurer que leurs prêts seront
remboursés, la plupart des banques obligent les emprunteurs à
souscrire une assurance décès-invalidité. Mais les contrats
qu'elles proposent ne sont pas toujours la formule la plus intéressante.
"Les assurances des banques sont généralement intéressants
pour les emprunteurs de plus de quarante ans, explique Pierre Masson, gestionnaire
de patrimoine et courtier en crédit à la société
Opes Patrimoine. Mais les emprunteurs les plus jeunes peuvent économiser
jusqu'à 40% sur le coût de leur assurance en prenant un autre contrat."
Il existe deux grandes catégories de contrats d'assurance décès-invalidité
pour garantir un crédit. Ceux des banques sont exprimés en pourcentage
du capital emprunté. On paye alors la même prime d'assurance tous
les ans, même la dernière année de son crédit. La
seconde catégorie d'assurance est facturée en pourcentage du capital
restant à rembourser. Dans ce cas, le pourcentage augmente en fonction
de l'âge de l'emprunteur. Mais comme le capital restant à rembourser
diminue, le coût total de l'assurance est inférieur, ce qui peut
avoir un impact important sur le coût total du crédit (voir tableau:
Les meilleurs prêts immobiliers).
Taux
fixe ou variable?
Les emprunteurs hésitent souvent entre
les avantages des crédits à taux variable et la sécurité
des crédits à taux fixe. Avec la formidable baisse des taux d'intérêt
de ces dernières années, les crédits à taux variables
se sont en effet révélés très intéressants.
"Rien qu'avec l'effet de la baisse des taux d'intérêt, les
emprunteurs qui avaient pris des crédits à taux variable en 1987
ont remboursé l'intégralité de leur crédit en dix
ans et trois mois au lieu de quinze ans, sans changer leurs mensualités",
explique Didier Chappet. Selon lui, les crédits à taux variable
sont toujours une bonne affaire aujourd'hui, compte tenu du climat de stabilité
des taux qui entoure l'euro. "Les taux d'intérêt se maintiendront
à un niveau bas", assure Didier Chappet.
Même si les taux ne risquent pas de s'envoler rapidement, le problème
est, à l'inverse, qu'ils ne peuvent plus beaucoup baisser compte tenu
de leur niveau déjà extrêmement bas. En effet, les crédits
à taux variables sont indexés sur les taux d'intérêt
à court terme européens (Euribor, Tibeur ou Eonia) qui ne devraient
pas descendre en dessous de 2,5%. Comme les banques prennent en plus une marge
allant de 1,3% à 2%, les taux des meilleurs crédits à taux
variable ne devraient pas descendre en dessous d'une fourchette comprise entre
3,8% et 4,5%. "Les banques poussent de plus en plus les emprunteurs à
souscrire des prêts à taux variable car cela leur permet de conserver
leur marge quelle que soit l'évolution future des taux d'intérêt,
estime Didier Pagel. Mais personne ne sait comment ces derniers évolueront
sur les dix ou quinze prochaines années." Compte tenu de cette incertitude,
les crédits à taux variables ne sont pas suffisamment avantageux
par rapport aux crédits à taux fixe qui sont aujourd'hui pratiquement
au même niveau (voir tableau: Evolution des crédits
à taux fixe et à taux variable). Les
crédits à taux variable ont bien un autre avantage par rapport
aux crédits à taux fixe: ils ne prélèvent aucun
frais en cas de remboursement anticipé. Mais, dans le climat de concurrence
actuel, même cet atout vient de tomber. "Il suffit de négocier
aussi la suppression des pénalités en cas de remboursement anticipé
pour les crédits à taux fixe", conclut Didier Pagel, qui
offre cette option à ses clients.
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9.17% |
8.29% |
0.88% |
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8.78% |
7.97% |
0.81% |
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8.52% |
7.43% |
1.09% |
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8.31% |
7.31% |
1.00% |
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8.12% |
6.80% |
1.32% |
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7.82% |
6.64% |
1.18% |
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7.63% |
6.61% |
1.02% |
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7.31% |
6.32% |
0.99% |
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7.33% |
6.34% |
0.99% |
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6.92% |
6.25% |
0.67% |
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6.50% |
6.14% |
0.36% |
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6.45% |
5.93% |
0.52% |
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6.18% |
5.90% |
0.28% |
Légende: taux effectif moyen constaté par la Banque de France |
Etablissement |
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Abbey National |
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Banque Woolwich |
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BHE |
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La Hénin |
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Opes Patrimoins (4) |
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Eléis (4) |
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Légendes:
(1) Assurance: coût annuel en % du capital emprunté sauf
Opes Patrimoine et Eléis (en % du capital restant dû, rapporté
au capital emprunté). |
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