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Rédigé le 19 septembre 1996 |
Y
a-t-il un meilleur produit que l'assurance-vie pour préparer sa retraite? Oui
et non. Non, parce que le premier objectif des futurs retraités est de protéger
leur épargne. Dans ce domaine, l'assurance-vie est imbattable. Mais dans une
optique de très long terme la meilleure protection est encore une bonne performance
qui permet d'accumuler beaucoup plus d'intérêts au fil des années et d'améliorer
ainsi le complément de retraite obtenu. Dans ce domaine, l'assurance vie n'est
pas en tête (voir le tableau Performances à long terme de différents
actifs). Il faut donc explorer d'autres catégories de placements, tout en
prenant les précautions nécessaires pour ne pas y laisser des plumes.
Comment gagner plus qu'avec
l'assurance-vie?
La principale qualité de l'assurance-vie est de garantir le capital. Mais pour
remplir cet objectif, les assureurs achètent des titres peu risqués, essentiellement
des obligations, dont la rentabilité est nettement inférieure à celle des actions.
«Sur quinze ans, l'assurance-vie a pratiquement la même performance que les
obligations, explique Stéphane Girardot, responsable des produits retraite chez
Flemings. Elle rapporte un peu moins, mais assure une parfaite tranquillité
alors que les obligations ont perdu jusqu'à 14% certaines années.» Vaut-il mieux
dormir sur ses deux oreilles ou avoir une meilleure retraite malgré les mauvaises
années? Tout dépend du risque qu'il faut prendre pour obtenir un gain supplémentaire.
Sur vingt ans, par exemple, la supériorité des actions est écrasante. Pour un investissement de 100 francs réalisé en décembre 1975, les actions françaises auraient rapporté 2119 francs et les actions internationales 1905 francs, tandis que la meilleure des assurances-vie n'aurait rapporté que 806 francs. Mais gare aux secousses! Car, les plus mauvaises années, les actions françaises et internationales ont enregistré des chutes pouvant atteindre respectivement 38% et 35%. «Un placement qui baisse une année sur quatre n'est pas adapté à la préparation de la retraite, reconnaît Stéphane Girardot. Il y aurait trop de risques de subir une perte lors des dernières années d'épargne.»
Comment réduire les
risques?
Pour échapper aux aléas de la Bourse, Flemings recommande deux stratégies. La
première consiste à ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Un panachage
d'actions françaises et étrangères est par exemple beaucoup moins dangereux
qu'une seule de ces catégories. Ainsi, depuis vingt ans, dans 43% des cas où
la Bourse de Paris baissait pendant un mois, les actions étrangères montaient.
Mais même un portefeuille composé de 60% d'actions internationales et de 40%
d'actions françaises a baissé un mois sur cinq au cours de cette période.
La seconde stratégie est plus subtile : elle vise à réduire les risques au fur et à mesure que l'on s'approche de la retraite. Pour s'assurer de ne pas reperdre les gains réalisés, il faut régulièrement empocher ses plus-values et les réinvestir dans des placements moins volatiles. Au début, tous les versements sont investis en actions. Puis, tous les quatre ans, on vend une partie des actions pour réinvestir en obligations et en assurance-vie sans risque. Sur vingt ans, cette stratégie est payante. Selon les simulations de Flemings, pour 100 francs investis en 1975, elle aurait rapporté 1796 francs. C'est nettement mieux que l'assurance-vie, et infiniment moins risqué que les actions. La perte maximale enregistrée sur un an aurait été inférieure à 7% et, sur deux ans, la performance aurait toujours été positive. «Cette méthode est parfaitement adaptée à la préparation de la retraite, car c'est un des rares besoins financiers que l'on puisse programmer très longtemps à l'avance avec une grande certitude», conclut Stéphane Girardot.
Pour mettre en oeuvre une telle stratégie, il existe des centaines de sicav différentes . Pour des raisons fiscales il est préférable de les acheter par le biais d'un contrat d'assurance-vie multi-supports. Avant de signer, il faut examiner scrupuleusement les frais qui, comme dans les contrats en francs, pénalisent la performance. Ils peuvent être de multiples natures : frais sur versements, droits d'entrée des sicav, frais d'arbitrages lorsque l'on passe d'un support à un autre ou frais de gestion lorsque l'assureur est mandaté pour faire les arbitrages. Au delà de ces critères, le choix du meilleur gestionnaire n'est pas la décision la plus important pour le résultat final. En effet, selon des études réalisées par les fonds de pension américains, c'est le choix des bonnes catégories d'actifs qui départage avant tout les gagnants.
Rentabilité moyenne annuelle après inflation | En France sur 40 ans (1950-1990) | en France sur 120 ans (1870-1990) | aux USA sur 188 ans (1802-1990) |
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Actions | 6.5% | 3.3% | 6.2% |
Obligations | 2.2% | 0.2% | 3.4% |
Monétaires | 0.6% | -1.8% | 2.9% |
Source: UAP-Vendôme Patrimoine (France), Financial analysts journal (USA)