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Rédigé le 27 novembre 1998 |
Gérer son portefeuille boursier sur Internet est devenu un des must de la révolution high-tech. Un ordinateur branché sur le réseau et un compte ouvert chez un courtier électronique suffisent aux techno-investisseurs pour acheter leurs actions en temps réel à Wall Street en payant des frais réduits. E*Trade, une société de la silicon valley, est devenue le fer de lance de cette révolution. Avec 550 000 clients et un rythme de 1 000 ouvertures de compte par jour, E*Trade est en effet le deuxième courtier électronique américain derrière son concurrent Charles Schwab. Après avoir conquis les épargnants d'outre Atlantique, E*Trade s'associe avec la banque CPR pour convertir les épargnants français à ce nouveau style de gestion boursière.
Réseau
de Bourses internationales
La création de CPR-E*Trade marque une étape décisive pour
le développement du courtage sur Internet en France et pour l'accès
des épargnants à toutes les Bourses du monde. E*Trade avait déjà
une stratégie active à l'étranger, avec des partenaires
exploitant sa marque et sa technologie au Canada, au Japon, en Australie ou
en Grande Bretagne. Mais ses autres tentatives de conquête, avec des start-ups
en Espagne, en Italie et en Allemagne, n'impressionnaient pas ses concurrents
européens en raison de leur manque de moyens et d'expérience des
marchés financiers.
Développement
accéléré
L'opération française est d'une autre ampleur. CPR-Bourse, la
société de Bourse de la banque CPR, apporte à la joint-venture
une expertise reconnue et 10 000 clients dont 20% passent déjà
leurs ordres sur Internet et par Minitel. En échange de ce fonds de commerce,
de son équipe de 50 personnes et d'un investissement supplémentaire
de 19 millions de francs pour développer et promouvoir la Bourse sur
Internet, la CPR contrôle 66% de CPR-E*Trade et l'exclusivité de
tous les services E*Trade pour la France pendant vingt ans. "Nous avons
mis un parpaing sur l'accélérateur", résume Guillaume
de Charry, directeur de la société.
Dans la pratique, la révolution n'est pas pour tout de suite. "Nous installerons les services d'E*Trade sur notre système progressivement, poursuit Guillaume de Charry. L'accès par Internet à la Bourse américaine et aux autres marchés où sont implantés les partenaires d'E*Trade prendra douze à dix-huit mois." La guerre des prix n'est pas non plus déclarée. "Comme E*Trade aux Etats-Unis, notre stratégie sera d'offrir des services et de l'analyse financière de qualité plutôt que des baisses de prix, explique Henri Cukierman, président de la CPR, tout en précisant que "la politique tarifaire n'est pas figée". Les clients de CPR-E*Trade payeront donc 0,65% de frais de courtage sur leurs transactions par Internet et 0,2% de droits de garde.
Marché
prometteur
Bien sûr, la contagion high-tech est encore modeste en France. Avec seulement
1,5 million de foyers équipés d'ordinateurs et 855 000 français
surfant sur Internet, CPR-E*Trade se fixe des objectifs de croissance raisonnables:
40 000 clients d'ici trois ans et 10% des boursicoteurs aisés d'ici cinq
ans. Cortal, par comparaison, revendique déjà 400 000 clients
et le titre de leader européen des courtiers bon marché. La concurrence
se développe également, avec Fimatex, une filiale de la Société
générale, Direct Finance, une filiale de La Hénin, Bourse
Directe et d'autres intermédiaires moins connus. Mais si le marché
décolle comme aux Etats-Unis, où l'on compte déjà
plus de cent intermédiaires boursiers sur Internet, il y aura de l'argent
pour tout le monde. "Un domaine qui croit aussi vite tout en offrant la
pérennité et la stabilité des clients particuliers, c'est
le TGV des activités financières", se réjouit Henri
Cukierman.