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Rédigé le 22 novembre 1996 |
Antoine
Paille
41
ans, ENSAE
Premier poste : 1980-84 Consultant chez Cegi Tymshare société
de service informatiques.
Poste actuel : Directeur Général de Commerzbank Financial Products.
Signe particulier : ne quitte pas un sujet tant qu'il n'est pas épuisé,
n'hésite pas à passer la nuit pour le résoudre.
On se souvient surtout d'Antoine Paille pour la révolution qu'il a mené à la Société générale.
Son
projet sous le bras
Entré à la banque comme consultant informatique, il y a développé
les activités de produits dérivés de A à Z. Après
un développement à bride abattue, le département des produits
dérivés de la Société générale devient
rapidement l'un des trois premiers mondiaux. En 1992, il emploie plus de 400
personnes. Pour continuer, il faut filialiser. La Société générale
refuse, Antoine Paille s'en va, son projet sous le bras. Trois ans plus tard,
il refait surface à la tête de Commerzbank Financial Products,
une filiale de la banque allemande qu'il a créé de toute pièce
pour développer ses activités de marché et qui emploie
maintenant 350 personnes. Père de quatre enfants, de 8 mois à
21 ans, Antoine Paille vit aujourd'hui à Francfort. Son épouse
est restée à Paris où elle dirige le cabinet d'études
Cesem.
Ses
idées sur le management
Ce qu'il reproche à beaucoup d'entreprises françaises, c'est leur
manque de projets et leur recroquevillement, une perspective presque déflationniste
où le bon manager est celui qui comprime les coûts plus que celui
qui lance de nouveaux projets, la difficulté des patrons français
à avoir une vision positive de l'avenir pour aller de l'avant. Il aimerait
que les entreprises génèrent davantage d'esprit d'initiative et
encouragent leurs salariés entreprenants à développer des
projets clairs, en évitant les jeux de pouvoir ou de cour. Son ambition
personnelle pour les années qui viennent serait de participer à
un projet de création d'une banque d'investissement européenne
dynamique et compétitive face aux concurrences anglo-saxonnes.
Ce qu'il apprécie avec les Allemands, c'est leur rigueur, une préparation extrêmement détaillée des projets qui permettent de définir clairement le cadre de leur application. Ces étapes préalables établissent un plan à cinq ans qui prévoit toutes les étapes de développement dans leur moindre détail, ainsi que les procédures de contrôle pour s'assurer que le développement suit son cours prévu. Avec une telle préparation, et tant qu'il suit le plan de développement prévu, le manager à l'initiative du projet a ensuite une très grande liberté d'exécution. Selon lui ce schéma a le mérite de mettre les choses au clair dès le début afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté ou d'états d'âme dans la mise en oeuvre.
Cette
procédure peut même être résumée en quatre
points
1. Un projet clair, la base de tout, absolument
nécessaire.
2. Une analyse exhaustive de ce projet donnant lieu à une "épaisse
documentation" définissant un plan de développement à
cinq ans dans ses moindres détails.
3. La définition du cadre de mise en oeuvre de ce plan, y compris
les structures de contrôle de cette mise en oeuvre. Dans le cas de Commerzbank
financial products, un autre Directeur Général représente
l'oeil de l'actionnaire. Il dispose de deux ou trois équipes qui s'assurent
que le plan de développement est respecté, c'est tout. Il n'intervient
pas dans la gestion ou la mise en oeuvre.
4. En dehors de ces points de contrôle le responsable du projet
a les mains libres.