Alors qu'il existait à peine une poignée de courtiers en ligne il y a un an, ils sont aujourd'hui une vingtaine à courtiser les actionnaires individuels. Ces nouveaux intermédiaires permettent d'acheter des actions sur Internet en payant moins de frais. Leurs tarifs sont attrayants, mais de plus en plus difficiles à comparer. Vive la concurrence! Pour conquérir les petits actionnaires, deux nouveaux courtiers sur Internet ont ranimé la guerre des prix. Capitol.fr, une filiale du groupe Viel, propose jusqu'au 31 décembre 2000 un forfait de 3 euros (23,73 francs TTC) sur les transactions boursières inférieures à 1000 euros (6 560 francs) et la gratuité des droits de garde pour les portefeuilles inférieurs à 30 000 euros (196 787 francs). Open-Bourse.com, filiale d'Axa, promet à ses 2 000 premiers clients une remise de 10% sur leurs frais de courtage pendant trois ans.

La surenchère des promotions
Une aubaine pour les mordus de Bourse sur Internet, car les baisses de prix et les promotions sont généralisées: 50% de réduction sur les frais de courtage pendant trois mois à la Barclays, un mois de courtage offert chez Consors, 150 francs de réduction de frais chez Bourse Direct et un an d'exonération de droits de garde chez Selftrade avec l'espoir de gagner 50 000 francs par tirage au sort... pour les clients qui ont ouvert un compte avant le 31 décembre 1999. Et ce n'est pas fini. Cortal, le leader français de la Bourse en ligne, a commencé l'année en réduisant son courtage de moitié, à 0,36%. Même les intermédiaires haut de gamme, qui revendiquent un service de meilleure qualité, sont prêts à se plier à quelques concessions pour attirer les bons clients. "Nous ne proposerons jamais un tarif de 3 euros par transaction, affirme Christelle Dhrif, responsable commercial à B*Capital, filiale de la BNP. Mais nous pouvons faire des propositions très attrayantes aux traders les plus actifs." (voir le tableau : "Les tarifs des courtiers en ligne les moins chers")

Si les courtiers en ligne démocratisent la Bourse, la guerre des prix a aussi un côté obscure. Comme pour les abonnements téléphoniques, il est de plus en plus difficile de comparer les services, les abonnements et les forfaits pour trouver la formule la plus intéressante. D'autant que les offres promotionnelles alléchantes cachent parfois des frais annexes inattendus. La facturation des alertes risque ainsi de coûter cher aux boursicoteurs les plus actifs. Le système des alertes permet aux investisseurs de recevoir un message, par courrier électronique (e-mail) ou sur leur téléphone mobile, dès qu'une valeur atteint le cours spécifié par le client. Pratique, mais attention aux abus. Bourse Direct permet à ses clients de recevoir gratuitement dix messages d'alerte par mois. Mais les messages suivants leur seront facturés 1,81 franc par e-mail et 2,71 francs s'ils veulent recevoir l'alerte sur leur téléphone mobile. Chez Selftrade, chaque messages d'alerte reçu coûte 4,82 francs. Participer à une introduction en Bourse peut aussi revenir cher, surtout si c'est pour n'obtenir qu'une poignée d'actions. Les attributions de titres sont tarifées, par exemple, 104,95 francs chez Cortal et 139,31 francs chez WeBroker, la filiale du CCF. Les frais à répétition sont une coutume bancaire malheureusement imitée par beaucoup de courtiers en ligne .

Comparez attentivement les tarifs
Surtout, il arrive que les courtiers sur Internet ne jouent le jeu de la concurrence que dans un sens. Ils sont ainsi prêts à casser les prix pour attirer de nouveaux clients mais ils sanctionnent, par des frais, ceux qui voudraient les quitter. Ces frais ne figurent pas toujours très clairement dans les dépliants. La plupart des intermédiaires, cependant, vous demanderont entre 400 et 600 francs pour faire passer votre PEA dans un établissement concurrent, qui s'ajoutent à une commission de 20 à 120 francs par ligne de titres transférée. Rare exception, Véga Finance, filiale de la Caisse des Dépôts, accepte de transférer les titres de ses clients vers d'autres établissements gratuitement. "Il faut que les nouveaux clients aient un temps de réflexion et qu'ils ne se sentent pas bloqués", explique Dominique Hartog, directeur général de Véga Finance. Une telle attitude, favorisant la transparence et la concurrence, correspond mieux à la philosophie d'Internet.

Gilles Pouzin

Gare aux frais annexes. Quelques exemples à surveiller...
- Ordre non exécuté : 7,91 francs chez Dubus.
- Encaissement de coupons : 4,60% du montant (pour les valeurs françaises) chez Dubus
- Apport de titres à une OPA : 0,36% de leur valeur chez Ferri, alors que cette opération est gratuite chez la plupart des intermédiaires.
- Duplicata : facturé 118,66 francs chez B*Capital, 200 francs à la Barclays pour un document de plus de six mois.
- Succession : 514 francs chez Véga Finance, 0,5% du portefeuille à la Barclays, 1 582 francs + 0,4% du portefeuille chez B*Capital, 0,6% du portefeuille avec un minimum de 590 francs et un maximum de 2 951 francs chez Fimate, plus de 3 000 francs chez Ferri.