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Rédigé en septembre 1999
Gagnez plus grâce à la Bourse américaine!
Elle est désormais accessible aux Français.


Investir à l'étranger réduit les risques
La Bourse européenne verra le jour en novembre 2000. Les responsables de ses huit principaux marchés se sont engagés, jeudi 23 septembre, à faciliter l'accès des investisseurs européens aux principales actions du continent. Un progrès qui mérite d'être souligné. Mais pourquoi les épargnants devraient-ils attendre un an pour acheter les valeurs de leur choix, alors qu'ils peuvent le faire dès aujourd'hui?

Autrefois, les possibilités de diversifier son portefeuille en valeurs étrangères étaient assez limitées. Mais, aujourd'hui, tout a changé. Pour la première fois, les petits actionnaires n'ont plus de frontières. Un simple compte-titres chez Cortal ou Fimatex permet d'accéder à près de 10.000 sociétés cotées aux quatre coins du monde. Aux Etats-Unis et sur les principales places européennes, mais aussi dans une trentaine d'autres pays (Asie, Japon, Australie, Amérique latine ou Europe de l'Est).

Bien sûr, plus d'opportunités signifient aussi plus de risques. Pour vous aider à profiter de cette mondialisation financière, j'ai passé en revue les règles de diversification à respecter et les procédures à suivre pour investir directement sur les marchés étrangers. Avec l'aide de gestionnaires internationaux, j'ai également sélectionné une cinquantaine de valeurs à suivre pour miser sur les nouvelles occasions de la Bourse mondiale.

Les bénéfices de la diversification
Par tradition ou par manque d'information, la plupart des petits actionnaires limitent leur portefeuille aux grands noms de la Bourse de Paris. Ce patriotisme économique est même fortement encouragé par le ministère des Finances, qui réserve les avantages fiscaux du Plan d'épargne en actions (PEA) aux seules sociétés nationales. D'un point de vue purement financier, c'est pourtant une erreur. "La première démarche d'un épargnant qui débute en Bourse devrait être de diversifier ses investissements sur un maximum de marchés, plutôt que de se limiter à la seule Bourse de son pays", résume Olivier Gourragne, directeur des stratégies de portefeuille chez Fidelity Investments à Paris.

En plaçant tout sur la France, on se prive des perspectives de croissance des autres pays et on risque d'enregistrer des pertes plus importantes, comme pendant les grèves de 1995, qui avaient paralysé l'économie française. Pour démontrer l'intérêt d'avoir une bonne dose d'actions internationales, Michel Haski, directeur de la gestion chez Dresdner RCM à Paris, a calculé la performance de portefeuilles plus ou moins diversifiés (voir tableau : la diversification est profitable). "Les résultats sont frappants, explique-t-il. Avec 50% d'actions internationales, on bénéficie d'une diversification optimale. Non seulement on profite d'une performance supérieure, mais on enregistre aussi moins d'à-coups entre les creux et les sommets." En clair: ne mettez pas tous vos oeufs dans le même panier.

Deux arguments de poids finiront par convaincre les plus récalcitrants. Premièrement, la France ne représente que 4% de l'économie et des marchés boursiers de la planète. Deuxièmement, les fleurons des secteurs les plus prometteurs ne sont pas tous cotés à Paris. "Vous ignorez complètement le Nasdaq", nous écrit un lecteur qui a récemment découvert les opportunités de ce marché américain dont le nom complet est National Association of Security Dealers Automated Quotation. "J'ai acheté des actions Dell, Microsoft, Amazon ou Lucent, poursuit-il. Malgré certaines baisses, j'ai gagné environ 200% en dix-huit mois." Nul doute que notre lecteur a eu beaucoup de chance, la performance moyenne de la Bourse américaine, aussi exceptionnelle soit-elle, ayant été plus proche de 20% sur cette période.

Mais la chance sourit aux audacieux, nombreux aux Etats-Unis comme en témoignent les performances enregistrées par les meilleures actions du Nasdaq. La tentation d'investir sur les marchés américains est d'autant plus grande qu'ils offrent aussi une ouverture sur le reste du monde. Au total, entre le Nasdaq et Wall Street (le New York Stock Exchange), on recense pas moins de 800 sociétés non américaines, dont 130 sociétés de la zone euro, et non des moindres : 10 grands groupes européens faisant partie de l'indice Euro Stoxx 50 sont cotés aux Etats-Unis alors qu'ils sont absents de la Bourse de Paris.

Comment investir à l'étranger
Cela requiert un peu de préparation. S'il n'est pas facile de s'y retrouver parmi les 1.000 valeurs cotées à Paris, autant dire qu'on attrape le vertige en cherchant un titre parmi les 8.000 sociétés cotées aux Etats-Unis. La première démarche consiste à ouvrir un compte chez un intermédiaire, ce qui permet d'investir sur ces marchés. Fimatex (une filiale de la Société Générale), la société de Bourse Ferri et la banque Cortal ont été les premières à proposer ce service
(encadré : A qui s'adresser).

Une fois que vous avez accès aux Bourses américaines, encore faut-il trouver les informations dont vous avez besoin. La première chose à connaître sur une société est son code mnémonique, c'est-à-dire les lettres qui permettent de l'identifier de façon formelle, par exemple MSFT pour Microsoft ou INTC pour Intel. Appelé ticker symbol, ce code est l'équivalent du code Sicovam de la Bourse de Paris: il permet de passer un ordre, mais aussi de se procurer un cours, un graphique de la valeur ou les derniers résultats de la société. Seul détail, il est préférable de lire l'anglais couramment pour saisir ces informations qui sont le plus souvent diffusées par des sites Internet américains comme Yahoo! (http://quote.yahoo.com).

Sélectionner ses actions étrangères
Une fois que vous maîtrisez cette procédure, il ne vous reste plus qu'à choisir vos titres. Un seul problème: un particulier a bien du mal à diversifier son portefeuille. "Si l'on veut avoir un bon équilibre géographique et sectoriel sur le monde entier, il faut pratiquement acheter 500 actions différentes", estime Jean Echiffre, directeur du marketing à la banque State Street. Il faut savoir que les risques sont plus grands si l'on enfreint cette règle, mais que la chance peut aussi être plus grande. (Lire encadré : L'avis des experts)

Bien sûr, les plus grosses multinationales américaines (General Electric, McDonald's, American Express...) restent de bonnes valeurs pour diversifier son portefeuille. Mais nous avons préféré explorer les nouveaux thèmes d'investissement accessibles grâce à l'ouverture des marchés américains. Paradoxalement, l'Europe est très bien représentée aux Etats-Unis. "Telecom Italia et Vodafone ont de bonnes perspectives de développement dans la téléphonie mobile, explique Henri Couzineau, gestionnaire de la Sicav Haussmann Europe à la banque Worms. SAP est unique dans le domaine des logiciels d'entreprise et Repsol bénéficie d'une intéressante diversification géographique de ses activités pétrolières." (pour en savoir plus, consulter le tableau détaillé : Cinquante valeurs mondiales attractives pour vous diversifier).

Malgré leurs montagnes russes et leur niveau de valorisation très élevé, les valeurs de technologie restent aussi un pari tentant. "Mais la technologie ne se limite pas aux ordinateurs, explique Michael Bourne, gestionnaire du Finsburry Technology Trust à Londres. Elle se propage dans des secteurs traditionnels, comme l'automobile, pour lesquels Ballard Power développe des piles à combustible non polluantes."

Pour élargir la sélection aux autres pays à fort potentiel de croissance, nous avons aussi une dizaine de groupes figurant dans les portefeuilles des gestionnaires de fonds spécialisés sur les marchés émergents (Telefonos de Mexico ou Korea Electric Power). Enfin, pour ceux qui souhaitent diversifier leur portefeuille avec un minimum de titres, nous avons déniché une dizaine de fonds cotés qui permettent de miser sur un marché entier sans être pénalisé par les frais. "Notre fonds Spiders suit strictement la composition de l'indice des 500 premières actions américaines sans droit d'entrée, et avec des frais de gestions inférieurs à 0,2% par an", précise par exemple Robert Shakotko, responsable des indices boursiers chez Standard and Poor's à New York. Une raison supplémentaire pour les épargnants français de ne plus se priver des opportunités que leur offrent les marchés américains.

Gilles Pouzin

L'avis des experts :

"Mettez 5 % d'actions internationales dans votre portefeuille"
Michel Haski, directeur de la gestion à la Dresdner RMC à Paris.
"Avec la mondialisation, les marchés financiers sont de plus en plus liés. Mais avoir 50% de son portefeuille en actions internationales permet de réduire les risques de pertes, et de réaliser des performances meilleures qu'en ayant 100% d'actions françaises. Avec l'euro, les Bourses européennes n'offrent plus de diversification géographique, mais elles permettent de choisir des secteurs qui sont mal représentés en France. Les Etats-Unis restent un pays incontournable, tandis que le Japon et les marchés émergents accroissent la diversification d'un portefeuille."

"La valorisation élevée des grandes valeurs technologiques est justifiée".
Manuel de Oliviera,
gestionnaire du fonds commun de placement CPR Multimedia (CPR gestion).
"Les valeurs technologiques profitent de la croissance de leur secteur pour améliorer constamment leurs profits. Mais avec des progressions aussi exceptionnelles, on doit parfois s'attendre à des corrections de 15 à 40% qui peuvent devenir des opportunités d'achat. La valorisation élevée des premiers du secteur est justifiée par leur capacité à maintenir leur avance technologique, notamment en rachetant leurs meilleurs concurrents."

"Wall Street est portée par les gains de productivité".
Jean Malo,
gérant du fonds Indosuez Amérique chez Vaughan Nelson (Houston).
"Au-delà de son aspect exotique, la révolution provoquée par Internet a un véritable impact sur l'économie américaine, voire sur l'économie mondiale. L'accélération des télécommunications réduit les distances et supprime les intermédiaires, ce qui génère des gains de productivité importants. General Electric délocalise son service de recouvrement à Bombay et America Online sous-traite son assistance technique à Manille. Et les géants américains sont les mieux armés pour profiter de la mondialisation, ce qui soutient Wall Street."

La diversification est profitable

Répartition des titres Performance annuelle*** Risque de perte ****
France *
International**
100%
0%
+18,8% 15,3%
80%
20%
+19,2% 13,1%

50%
50%
+19,8% 11,4%

20%
80%
+20,4% 12,6%
100%
0%
+20,8% 14,6%

* Indice SBF 120
** Indice MSCI Monde
*** Performance moyenne pour un investisseur français sur cinq ans (1994-1998)
**** Perte moyenne entre le plus haut et le plus bas de l'année

Source : Dresner RMC

A qui s'adresser
Depuis quelques mois, plusieurs courtiers français offrent un accès direct à la Bourse américaine.

Courtier
Adresse internet Téléphone
www.abax.tm.fr 0801 00 75 75
www.cortal.net 0800 10 15 20
Dubus (Lille)
www.dubus.fr 03 20 14 21 30
www.ferri.fr 01 40 41 42 43
www.fimatex.fr 0800 09 20 09

Quelle fiscalité :
Les dividendes distribués par des sociétés cotées aux Etats-Unis subissent un prélèvement à la source, dans la plupart des cas de 15%. Ils doivent être déclarés en France, où ils sont soumis à l'impôt sur le revenu. Ce prélèvement à la source donne droit à un crédit d'impôt en France. Les plus-values sont imposées dans l'Etat où résident les investisseurs, c'est-à-dire à 26% en France. Les intermédiaires calculent les montants de revenus et de plus-values à déclarer.

Cinquante valeurs mondiales attractives pour vous diversifier :

Société Activité Pays
Code du marché
Cours en dollars*
Capitalisation en francs
EUROPEENNES DE L'EURO STOXX 50 NON COTEES À PARIS
Deutsche Telekom
Télécommunications
Allemagne
DT
41 3/8
778,6 milliards
Telecom Italia
Télécommunications
Italie
TI
96 5/16
318,4 milliards
ENI
Pétrole, gaz
Italie
E
61 7/16
308,9 milliards
Aegon NV
Assurances, services financiers
Pays-Bas
AEG
83 1/4
305,1 milliards
Veba
Production d'électricité
Allemagne
VEB
56 3/8
178,1 milliards
Banco Bilbao Vizcaya
Banque
Espagne
BBV
13 1/2
173,3 milliards
KPN
Télécommunications
Pays-Bas
KPN
44 1/4
134,4 milliards
Repsol
Pétrole (positions en Amérique latine)
Espagne
REP
19 15/16
112,8 milliards
Endesa
Production d'électricité
Espagne
ELE
18 9/16
111,4 milliards
Allied Irish Bank
Banque
Irlande
AIB
24 1/8
65,2 milliards
PREMIERS MONDIAUX EN HAUTE TECHNOLOGIE
Microsoft
Numéro un mondial des logiciels
Etats-Unis
MSFT
90 15/16
2.916,6 milliards
Intel
Microprocesseurs Pentium
Etats-Unis
INTC
75 43/64
1.573 milliards
IBM
Ordinateurs, services informatiques
Etats-Unis
IBM
125
1.436,6 milliards
Cisco
Réseaux informatiques, Internet
Etats-Unis
CSCO
69
1.397,6 milliards
Lucent
Equipement de télécommunications
Etats-Unis
LU
64 3/4
1.246,8 milliards
MCI Worldcom
Réseaux de télécommunications
Etats-Unis
WCOM
76 1/8
896,1 milliards
Sun Microsystems
Serveurs, ordinateurs de réseaux
Etats-Unis
SUNW
90 3/16
438,6 milliards
SAP
Logiciels de ressources d'entreprise
Allemagne
SAP
37
170,9 milliards
Amazon
Librairie en ligne, commerce Internet
Etats-Unis
AMZN
65
137,7 milliards
ELECTRONIC ARTS
Numéro un mondial des jeux vidéo
Etats-Unis
ERTS
70 7/8
27,8 milliards
FONDS D'INVESTISSEMENT GEOGRAPHIQUES
Spiders
Fonds indiciel S&P 500
Etats-Unis
SPY
127 3/4
66.349,9 milliards **
Qubes
Fonds indiciel Nasdaq 100
Etats-Unis
QQQ
120 5/32
13.370,5 milliards **
Diamonds
Fonds indiciel Dow Jones 30
Etats-Unis
DIA
102 41/64
16.345,5 milliards **
Webs Australie
Fonds indiciel MSCI Australie
Australie
EWA
10 3/16
1.365,1 milliards **
Webs Canada
Fonds indiciel MSCI Canada
Canada
EWC
12 15/16
2.108 milliards **
Webs Hong-Kong
Fonds indiciel MSCI Hong-Kong
Hong-Hong
EWH
11 3/8
1.204,2 milliards **
Webs Japan
Fonds indiciel MSCI Japon
Japon
EWJ
13 9/16
14.644,7 milliards **
Webs Mexique
Fonds indiciel MSCI Mexique
Mexique
EWW
12 3/4
583,5 milliards **
Webs Singapore
Fonds indiciel MSCI Singapour
Singapour
EWS
7 3/8
510,2 milliards **
Webs United Kingdom
Fonds indiciel MSCI UK
Grande-Bretagne
EWU
19 13/16
10.735,5 milliards **
GRANDES VALEURS D'ASIE ET DES PAYS EMERGENTS
NTT
Télécommunications
Japon
NTT
58 9/16
1.171,4 milliards
HSBC Holdings
Banque, conglomérat
Hong-Kong
HBC
58
590,3 milliards
Taiwan Semiconductor
Semi-conducteurs
Taïwan
TSM
29
271,1 milliards
Telefonos de Mexico
Télécommunications
Mexique
TMX
70 3/4
171,7 milliards
Korea Electric Power
Production d'électricité
Corée
KEP
17 1/4
142,1 milliards
Grupo Televisa
Télévision, médias
Mexique
TV
38 13/16
113,1 milliards
Matav
Télécommunications
Hongrie
MTA
26 3/4
12,7 milliards
Huaneng Power Intl
Production d'électricité, gaz
Chine
HNP
11 1/2
10,2 milliards
Vimpel Communications
Télécommunications
Russie
VIP
12 5/8
2 milliards
Tele Norte Leste
Télécommunications
Brésil
TNE
16 1/4
Non disponible
ET SUR D'AUTRES SECTEURS PROMETTEURS
Vodafone/AirTouch
Licences de téléphonie mobile
Grande-Bretagne
VOD
230 1/2
449 milliards
Enron
Négoce énergétique (électricité, gaz)
Etats-Unis
ENE
39 13/16
178,6 milliards
Reuters
Agence de presse, Internet
Grande-Bretagne
RTRSY
69 7/16
102,6 milliards
AES
Electricité (pays en développement)
Etats-Unis
AES
63 5/8
76,8 milliards
ASM Lithography
Equipement pour circuits imprimés
Pays-Bas
ASML
65
56,5 milliards
Genzyme
Biotechnologie (anti-cholestérol)
Etats-Unis
GENZ
50 1/2
26,5 milliards
Ballard Power
Piles à combustibles
Canada
BLDP
28 13/16
15,1 milliards
Globalstar
Satellites de réseaux cellulaires
Etats-Unis
GSTRF
24 5/8
12,7 milliards
Immunex
Biotechnologies (anti-cancer)
Etats-Unis
IMNX
46 9/16
2,9 milliards
Pervasive Software
Logiciels pour téléphones mobiles
Etats-Unis
PVSW
26 1/16
2,6 milliards
* Cours relevés le 24 septembre 1999. Les cours sont toujours exprimés en fraction (1 dollar = 6,28 francs.)
** Ensemble des valeurs composant l'indice

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