l'Edito du dimanche >

Rédigé le 23 avril 1999
Quand la Bourse va, tout va :
A Wall Street, l'indice Dow Jones pulvérise tous ses records.

Imperturbable malgré tous les dangers du monde, la Bourse américaine poursuit sa course aux records. L'indice Dow Jones des trente principales actions de Wall Street a ainsi dépassé le cap des 10 000 points au début du mois. Son dernier record, à 10 727 points, jeudi 22 avril, représente une envolée de 17% depuis le début de l'année, et une multiplication par trois en cinq ans.

Certains économistes timorés voient dans ces records le risque d'une bulle financière prête à exploser et à ruiner l'économie. Heureusement, ils se trompent depuis des années et la Bourse continue à monter. C'est bon signe, car la bonne santé de la Bourse est devenue essentielle pour l'économie. Pour remettre un vieux proverbe au goût du jour: "Quand la Bourse va, tout va". La bonne santé de Wall Street a fait la fortune des Américains. En effet, près d'un foyer sur deux possède aujourd'hui des actions aux Etats-Unis, alors qu'en France seul un foyer sur huit investit en Bourse. Du coup, les Américains s'enrichissent beaucoup plus vite que les Français. Au total, leur patrimoine a doublé depuis dix ans, alors que celui des Français n'a progressé que de 50%.
En comptant tous leurs biens et en déduisant tous leurs crédits, les Américains avaient un patrimoine total de 36 000 milliards de dollars à la fin de 1998 (216 0000 milliards de francs, soit en moyenne 800 000 francs par personne). A titre de comparaison, le patrimoine des Français atteignait 30 000 milliards de francs fin 1997 (soit en moyenne 500 000 francs par personne). Il serait tentant de croire que cette course à la fortune ne concerne que les riches. Mais ce n'est pas le cas.

La bonne santé de la Bourse a des répercussions sur toute l'économie. Quand le patrimoine des épargnants américains augmente de 1 000 francs grâce à la hausse de leurs actions, ils se sentent plus riches et ils s'empressent d'aller dépenser entre 30 et 50 francs dans les magasins. Rassurés par la hausse de leur patrimoine en 1998, les Américains devraient ainsi augmenter leur consommation de 600 à 1 000 milliards de francs supplémentaires en 1999.
Comme la consommation représente 70% de l'activité économique aux Etats-Unis (et presque autant en France), la hausse de la Bourse est une bonne nouvelle pour la croissance et pour l'emploi. Grâce à ce régime, la consommation américaine ne s'est jamais aussi bien portée depuis vingt ans, et le chômage est tombé au niveau incroyable de 4,2%. Bien sûr, la hausse de Wall Street n'est pas la seule explication de ce miracle économique. Mais, de record en record, la Bourse américaine est devenue un carburant essentiel pour entretenir la croissance, la consommation et l'emploi. Avec un peu de chance, on pourra peut-être un jour en dire autant de la Bourse de Paris.

Gilles Pouzin

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