l'Edito du dimanche > Rédigé le 1er juillet 1999
Si vous passez vos vacances en Europe :
Gare aux pièges de l'euro.

L'été avance et les vacances commencent. Avec la création de l'euro, cette année est plus que jamais l'occasion d'aller visiter nos voisins européens. 70 millions d'Européens ont ainsi prévu de voyager dans un pays de l'union monétaire cette année. C'est le cas de nombreux français qui devraient dépenser plus de cent milliards de francs à l'étranger en 1999, principalement en Europe. L'arrivée de l'Euro est pour eux une bonne nouvelle. Depuis le 1er janvier, les monnaies des onze pays de l'union sont en effet liées entre elles et les voyageurs ne risquent plus de voir le prix de leurs vacances fluctuer au rythme du marché des changes. Officiellement, l'euro est notre nouvelle monnaie et nous pouvons l'utiliser au cours de nos escapades européennes sans crainte d'y être de notre poche. C'est du moins ce que voulaient nous faire croire les banques et le ministère des finances.

Au début de l'année, le ministère des finances avait ainsi distribué 33 millions de "guides pratiques de l'euro" en promettant que l'on pourrait changer des billets français contre d'autres monnaies européennes à la Banque de France sans payer aucun frais. Il aurait donc suffit de payer 100,61 francs pour obtenir 30 marks allemands, 118,27 francs pour avoir 3 000 pesetas espagnoles et 101,63 francs pour avoir 30 000 lires italiennes.

La réalité est malheureusement différente. Dans la pratique, l'euro n'est pas encore vraiment notre monnaie. Il reste un peu une monnaie étrangère dont le cours varie d'un pays à l'autre et qui entraîne plus ou moins de frais selon le moyen de paiement que l'on utilise. Les publicités des banques et du ministère des finances pour promouvoir l'euro étaient trompeuses, voire mensongères. Contrairement à ce qu'annonçait le ministère des finances, les opérations de change effectuées à la Banque de France ne sont pas gratuites. Vous devrez lui verser 104,10 francs pour obtenir 30 marks, 122,40 francs pour 3 000 pesetas et 105,15 francs pour 30 000 lires, soit une perte de 3,5% sur l'argent de vos vacances.

Si vous utilisez votre carte bleue dans un pays de la zone euro, autre que la France, cela vous coûtera également 2% de frais en moyenne. Et si vous avez la mauvaise idée de payer votre hôtel avec un chèque en euros, les frais pourront dépasser 80 francs par chèque dans certaines banques. Si vous faites un chèque de 200 francs, vos dépenses risquent alors de vous coûter 40% plus cher que le prix affiché. Même si la carte American Express n'est pas parfaite (elle n'est pas acceptée partout et ne permet pas de retirer de l'argent à tous les distributeurs) elle donne au moins l'exemple de ce que doit nous coûter l'euro pour que nous le considérions vraiment comme notre nouvelle monnaie: zéro frais.

Gilles Pouzin

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