l'Edito du dimanche > | Rédigé le 19 mars 1999 Chacun cherche son nid : Pas de flambée pour l'immobilier. |
Traditionnellement, l'arrivée du printemps donne le coup d'envoi de la saison des affaires immobilières. C'est en effet entre mars et juin que beaucoup de Français achètent leur logement. Comme chaque année, les professionnels de l'immobilier ne manquent pas d'arguments pour convaincre les clients hésitants. Regardez, disent-ils, les prix sont déjà remontés l'an dernier et ils s'apprêtent à flamber.
Selon la
Chambre des Notaires de Paris, le prix des appartements parisiens aurait ainsi
augmenté de 3,9% l'an dernier. Le groupe Century 21 estime même que la hausse
a atteint 7%. Et pour 1999, les professionnels n'hésitent pas à pronostiquer
une nouvelle embellie de 5% à 10%. Dépêchez vous d'acheter, insistent-ils, tous
les appartements que nous vendons sont déjà 7% plus chers que l'an dernier.
En parcourant les petites annonces on constate, par exemple, que les appartements
du XVIIème arrondissement sont mis en vente entre 16 000 et 17 000 francs du
mètre carré, soit 3% à 10% plus cher que le prix moyen de 15 500 francs constaté
au troisième trimestre 1998.
Un
doute taraude pourtant l'acheteur prudent. Si les vendeurs sont tellement persuadés
que les prix vont s'envoler, pourquoi sont-ils si pressés de vendre? Tout simplement
parce qu'en réalité, ils ont peur que la reprise immobilière ne soit pas du
tout de l'ampleur que l'on veut faire croire aux acheteurs.
Il y a en
effet deux bonnes raisons de prendre tout son temps pour acheter son logement
au meilleur prix. Premièrement, la reprise de l'an dernier est faussée par l'entrée
en vigueur de la loi Carrez. Depuis le 19 juin 1997, il est en effet interdit
de mentir sur la surface des appartements que l'on vend. Avant cette loi, il
était assez courant d'annoncer qu'un trois pièces vendu un million de francs
faisait 67 mètres carrés alors qu'il n'en mesurait réellement que 59. Du coup,
on croyait payer 15 000 francs par mètre carré alors qu'en prenant la vraie
surface de l'appartement, son prix était plus proche de 17 000 francs du mètre
carré. Dans cet exemple, l'application de la Loi Carrez fait monter artificiellement
le prix de l'immobilier de 13%. Autrement dit, sans l'impact de cette Loi, les
prix de l'immobilier auraient probablement baissé l'an dernier pour la huitième
année consécutive. Deuxièmement, les prix affichés sur les petites annonces
sont aussi surévalués par rapport à ce qui se pratique réellement.
En privé, les professionnels de l'immobilier reconnaissent eux-mêmes qu'ils
concluent la plupart de leurs affaires en baissant leur prix de 5% à 10% par
rapport à leurs premières exigences. Il suffit donc d'être patient et de négocier
habilement pour acheter l'appartement de ses rêves sans s'inquiéter de la flambée
de l'immobilier.