Prévisions d'Experts > Janvier - Février 1998


Ascension de Wall Street. Emprunts indexés. Cap à l'est et sur l'Asie-26 février 1998

Wall Street nargue les prêcheurs de krach
Les indicateurs techniques de Wall Street sont entrés dans une zone surachetée qui pourrait entraîner une correction mineure. Mais le dynamisme de la hausse est considéré comme très positif par les experts. «La tendance du marché américain a été assez soutenue et le sentiment des investisseurs a été suffisamment prudent pendant la reprise pour suggérer une poursuite de la tendance haussière, estime Richard McCabe, l'analyste de marché le plus chevronné de Merrill Lynch. Nous pensons qu'une hausse de l'indice Dow Jones entre 8 500 et 9 000 est possible avant qu'un prochain plafond significatif se développe.» Selon Merrill Lynch il faudra surveiller la liste des valeurs au plus haut du New York Stock Exchange. «Si les indices boursiers battent de nouveaux records dans les deux mois qui viennent comme nous le pensons, mais que la liste de valeurs au plus haut est moins fournie qu'en juillet 1997, ce sera un signe que la tendance haussière touche à sa fin», prévient Richard McCabe.

Vive les emprunts indexés sur l'inflation
Le recul de 0,3% des prix à la consommation en France en janvier n'est pas une menace déflationniste récurrente. La disparition de l'inflation (0,5% sur un an) serait passagère. «A mon avis, nous avons en France ce qu'Alan Greenspan appelait la déflation de l'offre, ce qui n'est pas un symptôme de faiblesse économique mais plutôt un signe de changements structurels», explique Eric Chaney, l'économiste de Morgan Stanley à Paris. Selon lui, cette déflation provient de la baisse des prix à la production, de l'accroissement de la concurrence et de la déréglementation des services publics. Ce qui a retenu l'attention de Morgan Stanley c'est que le gouvernement ait adopté le projet de loi autorisant l'émission d'emprunts indexées sur l'inflation le même jour qu'on annonçait la plus basse inflation depuis 1957. «Ces obligations seront indexées sur l'inflation française qui a des chances de monter dans les années qui viennent, pas de baisser, fait remarquer Eric Chaney. En d'autres termes, c'est une bonne période pour acheter de telles obligations.»

Cap à l'est et sur l'Asie
Le dilemme des Bourses asiatiques est qu'il faut y investir maintenant bien qu'il soit trop tôt. «Même si vous êtes assez intelligent pour prévoir quand le plus bas sera atteint, vous devez acheter avant pour trouver les titres qui vous plaisent en quantité suffisante», explique James Chaney, directeur des investissements chez Hansberger Global Investors, l'un des meilleurs gestionnaires américains sur les marchés émergents. La crise a par exemple entraîné des aberrations à la Bourse de Séoul. «Pohang Iron and Steel est l'un des plus gros conglomérats, il n'a jamais perdu d'argent et avait les coûts les plus compétitifs du monde quand le dollar était à 900 won. Il doit être encore plus redoutable avec le dollar à 1500 won.» Hansberger s'intéresse aussi de près à l'Europe de l'est. «Nous aimons beaucoup la République Tchèque et la Slovaquie, notamment la Komercni Bank et Skoda», confie James Chaney. Pour ce chercheur d'actions bon marché, l'Amérique du nord et du sud n'offrent plus assez d'opportunités.


Craintes de ralentissement US chez Merrill Lynch et Chase Manhattan-19 février 1998

La crise asiatique plus forte qu'El Niño
En dépit des craintes de surchauffe exprimées par la Fed, l'activité économique commence à réagir à la crise asiatique, estime Bruce Steinberg, économiste en chef chez Merrill Lynch. L'indice de confiance des directeurs d'achats est descendu en janvier à son plus bas depuis quinze mois, l'indice des commandes à l'exportation tombant au plus bas depuis dix ans. «Le ralentissement de l'emploi que nous avions prévu ne s'est toujours pas manifesté», admet néanmoins Bruce Steinberg. La douceur du climat dans certaines régions et les dégâts des orages dans d'autres ont aidé à créer 90 000 emplois dans la construction en janvier, mais cela a peu de chances de se reproduire. «Nous continuons de prédire que la croissance de l'emploi ralentira en même temps que l'économie, ajoute Bruce Steinberg tout en précisant que: «Si cette modération ne démarre pas rapidement, l'économie pourrait néanmoins se montrer plus forte que prévue.»

Trois sources de ralentissement
La Chase Manhattan est encore plus pessimiste, avec une prévision de seulement 1% de croissance en 1998 pour trois raisons. 1 La croissance de la consommation ralentirait en dessous de la croissance des revenus alors qu'elle était supérieure en 1996 et 97. 2 La progression des stocks redescendrait à 2% ou 2,5% après une hausse d'environ 6% l'an dernier. 3 L'économie américaine serait pénalisée par un déficit commercial d'environ 200 milliards de dollars contre 120 milliards en 1997. Chacun de ces trois facteurs retirerait environ 1 point de croissance par rapport au rythme de 4% de 1997.

Et une menace pour la Bourse
La Chase estime que la forte croissance de la consommation des deux dernières années était une réaction à l'envolée du patrimoine des ménages liée aux records de Wall Street. Malgré leurs récents sommets, les actions n'ont pas vraiment monté depuis six mois. «A moins qu'une nouvelle progression substantielle se prépare, l'effet d'enrichissement diminuera bientôt, prévient James Glassman, directeur des études économiques de la Chase. Le degré de modération des dépenses dépendra de la performance de la Bourse. Si le marché recule à cause d'un arrêt de la croissance des profits, qui serait cohérent avec les prévisions économiques de la Chase, le ralentissement de la consommation sera important.»

Profiteraient aux obligations et à certaines actions
L'investissement des entreprises a connu au dernier trimestre son premier recul depuis 1991. «Un affaiblissement de l'économie et de l'emploi, plus de baisses des prix et des taux d'intérêt plus bas ne devraient probablement pas tarder à suivre, prédit Charles Clough, directeur de la stratégie d'investissements de Merrill Lynch. C'est clairement positif pour le marché obligataire. Nous pensons que les taux à long terme pourraient chuter à 5% ou en dessous au premier signe de ralentissement de l'économie.» Avec une économie submergée de capitaux, le risque est que les sociétés se lancent dans des croissances externes qui seraient la plus grande menace pour leurs profits, estime Charles Clough. Les consolidations sectorielles seraient en revanche un thème d'investissement boursier qui pourrait rapporter.


La Fed menace de hausse des taux en cas de croissance US trop forte-13 février 1998

Avertissement de la Fed
Edward Kelley, l'un des gouverneurs de la Fed, s'exprimait mercredi soir devant les membres de la Florida International Bankers Association et du Miami Bond Club. C'était la première intervention d'un membre du Federal Reserve Board depuis celle d'Alan Greenspan le 16 janvier.

Les mouvements de la Fed sont prévisibles
Selon Edward Kelley, les repères fondamentaux de l'économie ne changent pas. «Si vous gardez ces points à l'esprit, vous pouvez anticiper l'action de la Fed», assure-t-il. Le rôle de la Fed est d'aider l'économie à avoir le taux de croissance soutenable maximum en évitant toute poussée inflationniste nuisible. La Fed est guidée par deux considérations. «La première est que l'inflation survient quand la demande excède l'offre, rappelle le gouverneur de la Fed. Une grande inquiétude aujourd'hui est que le marché du travail est très, très tendu.» La seconde est que les changements de politique monétaire n'ont pas d'impact sur l'économie avant six, douze, voire vingt-quatre mois. «On ne peut pas éviter d'avoir une politique préemptive», a prévenu Edward Kelley.

La croissance est trop rapide
Pour le gouverneur de la Fed, la question fondamentale reste de savoir «à quelle vitesse l'économie peut-elle croître sans danger?» Selon lui, la croissance n'a que deux composantes: l'évolution de la population active et celle de la productivité. «Avec une croissance démographique de 1% par an et des gains de productivité à long terme de 1% par an, le taux de croissance potentiel soutenable est de plus ou moins 2%, peut-être 2,5%», explique Edward Kelley. Il admet que de plus en plus d'économistes croient que le taux de croissance soutenable peut atteindre 3%. «Mais je n'ai jamais entendu dire qu'une croissance supérieure à 3% soit soutenable à long terme, insiste-t-il. J'ai beaucoup de sympathie pour ces théories, c'est compatible avec 3% de croissance, pas avec 3,8%.»

La déflation est impensable
«La crise asiatique devrait avoir un impact sur la croissance de 0,5% à 1% ce qui est d'une certaine manière bienvenu car la croissance a été très forte en 1997 et continue de l'être jusqu'à maintenant en 1998. Si elle a moins d'impact que cela on verra un taux de croissance très fort et il faudra s'en inquiéter», diagnostique Edward Kelley en ajoutant: «Je ne crois pas que la déflation soit une menace dans cette économie. Avec des services à forte composante humaine et le marché de l'emploi que nous avons on ne peut pas prévoir une déflation aux Etats-Unis.»

Le taux de chômage pourrait être inflationniste
Les experts qui ont travaillé sur cette question depuis des années estiment que le taux de chômage non-inflationniste est de 6%. «Ils pensent toujours que c'est 6% aujourd'hui, précise Edward Kelley. D'autres pensent que c'est 5,5% mais je n'ai jamais entendu dire que le taux de chômage non-inflationniste était de 5% ou moins. Si il existe une telle mesure qui fonctionne, nous sommes en dessous.»

Alerte Alors qu'Edward Kelley venait théoriquement parler des problèmes informatiques de l'an 2000, son discours à l'écart des journalistes (seulement cinq présents) et "à l'improviste" sur la politique monétaire a tout d'un premier avertissement pour préparer un relèvement des taux de la Fed.


Goldmans Sachs analyse les matières premières. Marchés émergents et Obligations-06 février 1998

Les derniers points de vue des analystes de Goldman Sachs sur les enjeux et les perspectives des marchés en 1998.

Matières premières à surveiller
Les investisseurs se sont inquiétés de l'impact de la crise asiatique sur les matières premières. Selon Steve Strongin, spécialiste de la question chez Goldman Sachs, les surcapacités mettront longtemps à se résorber. «En Asie, les surinvestissements ont été concentrés dans la métallurgie, l'industrie pétrochimique, l'immobilier, l'automobile et certains produits de haute technologie, explique-t-il. Dans les autres catégories de matières premières, telles que l'énergie et les produits agricoles, l'environnement devrait s'améliorer très rapidement.» La faiblesse des économies japonaises, coréennes et brésiliennes sont une cause d'inquiétude supplémentaire cars elles représentent 17% de la demande mondiale de métaux. A l'inverse, il prévoit une remontée du pétrole selon deux scénarios: entre 20 et 22 dollars le baril si l'Iraq ne revient pas sur le marché et entre 18 et 20 dollars si l'Iraq revient. Dans ce dernier cas les cours commenceraient par reculer autour de 16 dollars avant d'être soutenus par une réduction de la production saoudienne. Sur l'ensemble de l'année, Goldman Sachs prévoit un gain de 8% des produits énergétiques et de 11% des produits agricoles.

Les marchés émergents à nouveau favoris
Les prévisions boursières et l'allocation d'actifs de Goldman Sachs illustrent sa confiance dans les marchés émergents, notamment d'Amérique latine. La banque américaine recommande d'investir 2,5% d'un portefeuille international en actions d'Amérique latine alors qu'elles ne représentent que 1,6% des Bourses mondiales. Pour un investisseur européen (compte tenu des variations monétaires attendues), Goldman Sachs prévoit une hausse de plus de 30% des actions mexicaines, de 27% des actions argentines et de 19% des chiliennes. En Asie, la banque recommande d'éviter la Malaisie, la Thaïlande, l'Indonésie, la Corée et les Philippines. Mais elle conseille d'être sur-investi à Hong Kong, à Singapour et en Inde. En Europe, Goldman Sachs prévoit une croissance économique de 2,7% en 1998 tirée par un rebond de 2,2% de la consommation. Ses actions préférées sont les suisses, les italiennes, les belges et les espagnols. Son secteur favori est la banque, avec notamment le CCF.

Les obligations ont épuisé leur potentiel de gain
Mis à part les emprunts japonais, Goldman Sachs estime que le potentiel de hausse des obligations est pratiquement épuisé dans le monde entier. Cette prévision repose sur trois raisons. Premièrement les taux d'intérêt réels des emprunts d'Etats de l'OCDE, compte tenu des prévisions d'inflation des économistes, ont chuté en dessous de 3%, soit bien plus bas que leur moyenne de 4% des dix dernières années. Deuxièmement, Goldman Sachs estime que la croissance mondiale sera finalement proche de sa capacité optimale en 1998. Troisièmement, la banque prévoit que les taux d'intérêt à long terme américains remonteront de 0,70% en 1998, ce qui exercerait une pression sur les autres marchés obligataires.


Merrill Lynch. Diagnostic de la crise des marchés émergents-29 janvier 1998

Eduardo Cabrera, directeur de l'Amérique Latine chez Merrill Lynch, est classé parmi les meilleurs spécialistes de cette région par Institutional Investor. Il expliquait jeudi sa vision des marchés émergents aux membres de la Florida International Bankers Association, à Miami.

Redressement des déficits extérieurs en vue
Pour Eduardo Cabrera, la crise asiatique n'a pas été déclenchée par la dévaluation du baht de 1997, mais par celle du wuan en 1994 qui avait permis à la Chine de se constituer un excédent commercial en laminant la productivité de ses voisins. Sa plus grande inquiétude serait que la Chine redévalue à son tour. Si le traitement d'urgence de la crise monétaire permet d'éviter cette menace il estime que les pays d'Asie se redresseront rapidement. «Les marchés attendent que les devises se stabilisent, explique-t-il. Elles se stabiliseront et les comptes courants repasseront en excédent. Tout ce dont ces pays ont besoin c'est que la fuite des capitaux domestiques se ralentisse. Dès que ce sera fait les marchés financiers seront prêts à s'envoler.»

Indicateurs de crises à surveiller
Quand le baht a explosé, le déficit de la balance des paiements courants de la Thaïlande atteignait 8% de son PIB, le même niveau qu'au Mexique avant la crise du peso. «C'est la raison pour laquelle le Brésil a été attaqué quand son déficit extérieur s'est rapproché de 5%, explique Eduardo Cabrera. Les marchés ne financeront plus la croissance si elle crée des déficits.» Aujourd'hui, c'est le cours des matières premières qu'il faut surveiller de près. «Le pétrole ne représente que 10% des exportations du Mexique mais 40% de ses recettes fiscales, prévient-il. Si le baril reste autour de 15 dollars ils devront prendre des mesures pour endiguer leur déficit budgétaire ce qui ralentira la croissance.» Dans ce registre, le Venezuela tire 50% de ses recettes fiscales du pétrole et le Chili probablement 40% du cuivre, ce qui promet des difficultés si les matières premières ne remontent pas.

La crise ne durera pas des années
Selon Eduardo Cabrera, la crise des marchés émergents sera courte. «Les marchés financiers réagissent avec six à douze mois d'avance sur l'économie», explique-t-il. L'économie n'a pas encore atteint son plancher, mais la plupart des mauvaises nouvelles sont déjà prises en compte et les Bourses commencent à remonter. «Le monde a changé par rapport à la crise de la dette des années 80, analyse Eduardo Cabrera. A l'époque, 22 pays avaient suspendu leurs paiements dans les six mois suivant la défaillance du Mexique, sans que les autorités monétaires interviennent. Aujourd'hui, le FMI réagit rapidement et les marchés imposent une discipline aux gouvernements en sanctionnant instantanément les mauvais budgets.»

L'Amérique Latine reste attrayante
Selon Merrill Lynch, les sept principales économies d'Amérique Latine devraient tout de même croître de 4,8% en 1998. «Les investisseurs institutionnels ont bradé les titres les plus liquides, comme Telebras ou Telmex, soupçonne Eduardo Cabrera, mais ils reviendront. Nos Bourses préférées sont le Mexique, le Brésil et l'Argentine. Les actions d'Amérique Latine ont rapporté 30% en 97 et l'on peut avoir une performance similaire cette année.»


Paine Webber optimiste pour Wall Street-23 janvier 1998

Paine Webber, la quatrième société de courtage américaine, a été élue numéro un pour sa sélection d'actions par le Wall Street Journal. Marry Farrell, membre du comité d'investissements, exposait jeudi à Miami sa vision optimiste de Wall Street.

La crise asiatique n'interrompra pas le marché haussier
Selon Marry Farrell la crise asiatique n'altérera pas le cycle haussier de Wall Street en 1998. «Il n'y a absolument rien dont on puisse s'inquiéter, assure-t-elle. Mais les corrections de 5% à 10% sont la norme. Donc ne soyez pas surpris si l'indice Dow Jones rebaisse de 800 points après avoir passé le cap des 8 000 points.» Les Etats-Unis sont une économie de 8 000 milliards de dollars dont les exportations vers l'Asie représentent 3,5%. «Le rôle des filiales de sociétés américaines qui produisent et vendent à l'étranger est bien plus important», explique-t-elle. Leur chiffre d'affaires atteint 2 400 milliards de dollars, soit 2,4 fois plus que les exportations américaines. 60% de ces ventes sont réalisées en Europe et seulement 19% en Asie. Paine Webber prévoit que les profits des 500 premières sociétés américaines progresseront en moyenne de 7,5% à 8% cette année, contre 12% en 1997.

Un entrepreneur averti en vaut deux
Marry Farrell estime que la croissance est moins volatile car elle suit davantage la demande finale. Ses à-coups des années 70 et 80 venaient des fluctuations des stocks qui sont aujourd'hui maîtrisées grâce au progrès de l'information. «Le ratio stocks sur ventes n'a jamais été aussi bas et il devrait continuer de baisser, annonce-elle. Son évolution connaît une corrélation inverse à la puissance des ordinateurs.» L'importance des services (deux tiers du PIB et 80% des emplois) améliore aussi la visibilité des entreprises. Tout simplement parce que l'on ne peut pas les stocker.

Plus de salaires et plus de productivité
Les salariés vont prendre leur revanche sans que la productivité en souffre. «Les salaires réels ont stagné ou décliné pendant vingt ans avant de commencer à se redresser depuis deux ou trois ans, observe Marry Farrell. Ils vont continuer à remonter car l'augmentation de la population active est la plus faible depuis l'après-guerre. Mais les hausses de salaires resteront indexées sur la productivité.» 67% des sociétés américaines ont introduit une rémunération variable représentant en moyenne 7,6% du salaire de leurs employés (non-cadres). Selon Marry Farrell, c'est une des raisons pour lesquelles le commerce de détail est déprimé à Noël mais en forte hausse au premier trimestre depuis trois ans.

Vive les consommateurs
Le consommateur sera la locomotive de la croissance américaine, prévient Marry Farrell. La meilleure façon d'en profiter sera de miser sur les sociétés qui satisfont les besoins des 45-54 ans. «La population de cette classe d'âge croîtra de 34% entre 1995 et 2005, explique-t-elle. Les enfants du baby-boom ont deux revenus par foyer et entrent dans la période la mieux payée de leur carrière.» Leurs dépenses annuelles moyennes sont 9,6% plus élevées que celles des 35-44 ans. Leurs trois postes de dépenses en plus forte croissance sont l'équipement multimédia, les produits d'épargne et les loisirs. Pour miser sur ce thème, Paine Webber a sélectionné Compaq, Disney, Intel, Motorola, Mellon Bank, First Union, General Motors, Time Warner et New York Times.


No inflation, no deflation. Attention prévisions. Japon-16 janvier 1998

"No inflation, no deflation : flation"
Alors que la chute de 7,4% de l'indice Dow Jones avait permis aux obligations de s'envoler début janvier, l'apaisement des craintes déflationnistes a fait remonter Wall Street et pénalisé les obligations dernièrement. Selon les économistes de la Chase Manhattan Bank, les références de la Fed à la déflation préparent en fait le terrain pour une baisse des taux à court terme. «Après les récents développements de la crise asiatique le gouverneur de la Fed, Laurence Meyer, considère que les risques de hausse ou de baisse de l'économie, comme de l'inflation, sont plus équilibrés qu'avant», observent les experts de Chase Manhattan. La baisse de l'inflation, tombée à 1,7% en 1997, serait selon eux le filon qui sauvera l'année en cours. «Même si la croissance ralentie fortement en 1998, la diminution de l'inflation devrait permettre au cycle de croissance actuel de devenir le plus long dans l'histoire des Etats-Unis», estiment les économistes de la Chase. Un record actuellement détenu par l'expansion de 1961 à 1969. Ils estiment également que la Bourse n'affronte pas de menaces sérieuses à long terme tant que l'inflation reste basse.

Attention Prévisions
L'examen des prévisions faites en juin dernier par une cinquantaine d'économistes américains montre la difficulté de l'exercice. Seuls deux d'entre eux avaient prévu que l'inflation descendrait en dessous de 2%, seuls deux d'entre eux croyaient que les taux d'intérêt à long terme descendraient à 6% ou en dessous et seulement sept d'entre eux pariaient sur une croissance supérieure à 3%. Parmi ceux qui affichent les meilleurs scores, James Smith, de l'université de Caroline du Nord, prévoit que la croissance ralentira à 2,9% au premier semestre 98 et à 3% au second, que l'inflation tombera à 1,7% au premier semestre et à 1,4% sur l'année entière et que les taux d'intérêt baisseront fortement, les taux à trois mois chutant à 4,25% fin juin et 3,75% fin décembre tandis que les taux long terme atteindraient 5,45% fin juin et 4,85% fin décembre. La moyenne des prévisions de ces économistes table sur une remontée des taux à long terme à 6%, un ralentissement de la croissance à 2,4% au premier semestre et 2,1% au second, et une reprise de l'inflation à 2,1% au premier semestre et 2,3% au second.

Sortie de déflation en vue au Japon
Si la désinflation se confirme aux Etats-Unis, la déflation touche peut-être à sa fin au Japon, où l'indice des prix de gros a progressé au rythme annuel de 0,7% en décembre. «Compte tenu du fait que l'indice des prix de gros avait préalablement enregistré quatre mois de baisse consécutifs depuis fin juin, ce chiffre semble montrer un desserrement des pressions déflationnistes», diagnostique Juichi Wako, économiste chez Nomura Securities. Selon lui, le Japon a néanmoins besoin de mesures de relances plus fortes pour écarter définitivement la déflation et contrebalancer le pessimisme général envers les économies japonaise et asiatique. «Cela inclut la possibilité d'un plan de relance exceptionnel si l'indice Nikkei se rapproche du plancher psychologique de 14 500 points atteint en 1992 et 1995», conclut-il.


Reprise du dollar. Baisse des taux. Croissance US forte-09 janvier 1998

Le dollar poursuit sa reprise
Après avoir repassé la barre des 6 francs pour le nouvel an, la devise américaine se rapproche de ses sommets de 1997. «Je pense que le dollar oscillera entre 1,70 et 1,90 marks durant les douze à dix-huit mois qui viennent, estime Ravi Bulchandani, spécialiste du marché des changes chez Morgan Stanley. Il y a même une bonne probabilité pour que le dollar monte jusqu'à 2 marks à un moment de 1998.» Sur la base d'un deutsche mark à 3,35 francs, le dollar pourrait donc poursuivre son envolée jusqu'à 6,70 francs, un mauvais présage pour les exportateurs américains mais une bonne nouvelle pour les multinationales du CAC 4O. «Les multinationales américaines devraient souffrir d'une double pression du fait du ralentissement de l'économie mondiale et de la hausse du dollar, estime Richard Hokenson, économiste chez Donaldson, Lufkin & Jenrette. Mais nous restons optimistes sur les sociétés à l'abri du dollar et de la guerre des prix, c'est à dire principalement les petites valeurs.»

La baisse des taux tient ses promesses
Conformément aux prévisions de la majorité des experts de Wall Street, les taux d'intérêt à long terme américains s'installent durablement en dessous de 6%. «A ce point nous pensons que le rendement des emprunts à trente ans va continuer à descendre en dessous de son plus bas de 5,76% atteint en 1993 et baisser jusqu'à un objectif de 5,40%», prédit Alan Shaw, expert obligataire chez Salomon Smith Barney. La baisse des taux d'intérêt à long terme soutient l'investissment et la croissance. Le taux des emprunts immobiliers à trente ans pour les particuliers est descendu en dessous de 7%, les économies réalisées sur les remboursements relancent la consommation et la construction est en plein boom.

Mais la croissance américaine reste forte
La majorité des économistes s'accordent pour dire que la crise asiatique n'aura pas d'impact significatif sur la croissance américaine. «L'Europe est mieux isolée de la crise asiatique que les Etats-Unis, admet Ravi Bulchandani. Mais les Etats-Unis étaient en meilleure santé avant la crise et devraient continuer d'afficher une croissance supérieure en 1998, ce qui permettra aux charmes du dollar de devenir plus apparents.» La vigueur de l'économie soutient le dollar mais elle pousse aussi le marché obligataire dans une situation paradoxale. «L'économie devrait continuer de croître au dessus de son potentiel naturel de 2 à 2,5%, ce qui devrait faire chuter le chômage en dessous de 4,5%, prédit Edward McKelvey, économiste chez Goldman Sachs. Dans ce contexte nous pensons que la Fed devra remonter ses taux de 0,25% au second semestre.» Le marché obligataire commence à anticiper cette tension et la courbe des taux s'est réellement inversée : le rendement des Fed funds est passé au dessus de 5,9% au moment où les taux à trente ans baissaient en dessous de 5,7%.


Indices pour 1998. Crise asiatique.FMI. Pari émergent tentant-02 janvier 1998

Leçons de 1997, indices pour 1998
Les fortes baisses de Wall Street peuvent rapporter gros. L'environnement des marchés évolue, mais son historique sert de guide pour l'avenir. Selon une étude du gourou Marty Sweig, Wall Street a enregistré 22 baisses de plus de 6% en un jour depuis 1928. En moyenne, l'indice Dow Jones affichait un gain de 3,9% trois mois après et de 8,2% au bout de six mois. Sur les six baisses de plus de 6% qui ont eu lieu depuis 1964, l'indice Dow Jones était en hausse de 27,3% en moyenne après un an de reprise. Les économistes de Morgan Stanley qui citent cette étude ne partagent pourtant pas son optimisme : ils estiment la juste valeur de l'indice S&P 500 à 924 points, soit 4,8% en dessous de son niveau de fin 1997.

La crise asiatique ne menace pas l'Amérique
Un simple calcul suffit aux analystes de Morgan Stanley pour être convaincus du contraire. Les exportations vers l'Asie ne représentent que 3,4% du PIB américain. Il faudrait qu'elles baissent de 50% pour faire plonger la croissance américaine alors que la plupart des économistes n'anticipent qu'un repli de 15%. A titre de comparaison, les exportations américaines vers le Mexique n'avaient chuté que de 10% en 1995 après la dévaluation du peso.

Le FMI évitera la contagion
La crise asiatique deviendrait vraiment menaçante si la Chine dévaluait le reminbi. C'est l'opinion de Stephen Roach, le stratège le plus écouté de Morgan Stanley, qui s'inquiète d'un tel risque si la Chine voulait riposter à la dévaluation du won coréen pour protéger sa compétitivité. Il estime néanmoins que cette probabilité est faible. La crise asiatique provient de la fragilité des systèmes bancaires qui seront secourus par les autorités monétaires internationales. Le FMI dispose à cet effet d'un réservoir financier de 300 milliards de dollars et le Trésor américain d'un fonds de soutien d'au moins 40 milliards de dollars qui avait servi pour le sauvetage du Mexique.

Les marchés émergents sont un pari tentant
Robert Pelosky, le directeur des marchés émergents de Morgan Stanley, estime que ces derniers seront un pari tentant pour 1998. Selon ses calculs, les marchés émergents ont rapporté en moyenne 15% l'année qui a suivi leurs principales chutes. Le gain des Bourses d'Amérique Latine atteignait même en moyenne 30% l'année suivant leurs plus graves crises. Sur cette base, il s'attend à une hausse de 10% à 20% de l'indice Morgan Stanley des marchés émergents. Ses préférences vont au Mexique, à l'Inde et au Brésil.


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