Internet High-Tech > Rédigé le 12 décembre 1996
Comment protéger son argent sur Internet :
Quelques trucs pour les consommateurs et les épargnants.

Acheter par correspondance a toujours été plus risqué que le commerce traditionnel. Le décalage entre la commande et la livraison représente un risque financier. Soit le client paye à la réception, et le commerçant n'est pas sûr de voir son argent. Soit le client paye à la commande, et il n'est pas sûr de recevoir sa marchandise. Le commerce sur Internet rajoute encore un nouveau problème. Celui des moyens de paiement utilisés et de leur protection sur les autoroutes de l'information, qui sont parfois aussi malfamées que leurs homologues goudronnées (voir encadré Les moyens de paiement actuels, et pour les investisseurs, voir également Des adresses pour suivre l'économie et la Bourse).

La carte de crédit est reine
A l'heure actuelle, le moyen de paiement le plus répandu est la carte de crédit. Mais elle peut être utilisée avec des niveaux de protection variables. La méthode la plus triviale consiste à envoyer son numéro de carte par courrier électronique (e-mail). Beaucoup de gens le font et n'ont jamais eu de problèmes (lire Un acheteur qui n'a pas peur). Il est vrai que la probabilité de se faire pirater est faible tant le trafic est dense, mais elle existe. Disons que c'est aussi risqué que de donner son numéro de carte en passant une commande par téléphone et en sachant qu'un pirate peut mettre la ligne sur écoute. Mais la plupart des cyberboutiques équipées pour prendre des commandes de façon automatisée utilisent des logiciels qui cryptent la transmission des coordonnées du client. Cette méthode réduit énormément le risque de piratage mais ne l'élimine pas totalement, car les procédés de cryptage utilisés ne sont pas les plus inviolables du marché.

Croyez-vous à la cybermonnaie?
En dehors de la traditionnelle carte de crédit, un nouveau moyen de paiement s'est développé avec la naissance d'Internet : la cybermonnaie. Il s'agit en fait de porte-monnaie virtuels (PMV) que les clients installent sur leurs ordinateurs et qu'ils alimentent avec leur carte de crédit ou directement par prélèvement sur leur compte bancaire. Ensuite, ils peuvent payer d'un simple clic dans les cyberboutiques équipées pour encaisser cette nouvelle monnaie. C'est là que le bât blesse, car il existe autant de standards que de cybermonnaies, et elles sont acceptées chez un nombre de commerçants encore embryonnaire. Cybercash, l'une des cybermonnaies les plus connues aux Etats-Unis, n'est acceptée que dans une centaine de boutiques. La banque Sofinco l'expérimente en ce moment avec Ubi Soft pour la vente de CD-Rom sur multicâble, et devrait lancer son adaptation française d'ici quelques mois. De son côté, la Compagnie Bancaire a adopté le porte-monnaie électronique Klebox, une cybermonnaie créée par la société française Kleline.

Une variante simplifiée de la cybermonnaie est la facturation à la consommation d'informations par des fournisseurs d'accès. Dans ce cas, ils effectuent directement un prélèvement automatique sur le compte de leur abonné en fonction de ce qu'il achète, c'est un peu le même principe que le paiement des services minitel qui sont facturés aux clients par France Télécom et reversés aux fournisseurs. Club-Internet envisage de développer cette option pour la vente d'informations sur mesure.

Côté sécurité, la cybermonnaie est bien plus sûre que le paiement par carte. Pour y remédier, Visa et Mastercard, vite rejointes par les autres sociétés de cartes de crédit comme American Express, se sont associées pour mettre au point un procédé de paiement par carte sûr, le SET, qui devrait bientôt voir le jour.

Les vrais dangers sont ailleurs
En fait, le risque ne paraît pas suffisamment alarmant pour que les promoteurs de cartes de crédit se privent du chiffre d'affaires d'Internet. «Faites attention de protéger votre carte» se contente de signaler Visa sur la page Internet où elle donne les adresses de ses cyberboutiques préférées. Quant aux représentants de Mastercard, interrogés par le Washington Post, ils affirmaient ne pas avoir eu de problèmes de fraude. Le piratage des cartes n'est pas le problème le plus gênant du commerce sur Internet, car la législation française protège très bien l'acheteur. Un achat par carte n'a de valeur que s'il a été confirmé par signature ou par le code confidentiel, qui n'est jamais demandé sur Internet. En cas de litige, la société de carte de crédit doit rembourser la somme contestée tant que le bénéficiaire de cette somme ne lui a pas fourni la preuve de votre achat.

En réalité, la fraude sur les moyens de paiement est bien moins répandue que l'escroquerie pure et simple. En effet, un nombre croissant de clients se sont plaints de ne jamais avoir reçu les objets commandés (lire Pas content du paiement comptant). La boutique virtuelle s'était volatilisée et les cybermarchands envolés dans le cyberespace avec leur argent qui, lui, était bien réel. Pour éviter de telles déconvenues, il faut se limiter aux boutiques renommées ou recommandées par des gens qui les ont testées. Cela dit, il y a moins de risques d'être victime de telles escroqueries avec des cyberboutiques installées aux Etats-Unis car les consommateurs y sont bien défendus et les cyberescrocs se feraient vite rattraper par les autorités fédérales.

Gilles Pouzin

 
Les moyens de paiement actuels
La carte de crédit La cybermonnaie

C'est le moyen de paiement le plus répandu sur Internet. On peut l'utiliser de deux façons.

- En donnant directement son numéro de carte. Comme pour une commande par téléphone ou par Minitel, cette procédure a des niveaux de protection variables.

- En utilisant un logiciel de paiement par carte sécurisé. Lorsque l'on est équipé d'un tel logiciel et que l'on fait ses courses dans des cyberboutiques qui en sont aussi équipées, il n'y a pas besoin de redonner son numéro de carte. L'identification du client est réalisée avec un autre code informatique qui est communiqué automatiquement par son logiciel de paiement par carte.

C'est une monnaie stockée dans un porte monnaie virtuel (PMV) très sûre et permettant des paiements en "petite monnaie", par exemple pour acheter un article de presse à 1 franc.

Il faut être équipé d'un logiciel de cybermonnaie accepté par la cyberboutique où l'on veut faire ses courses. L'identification du client est réalisée automatiquement quand il ouvre son PMV. Il n'a qu'à cliquer pour payer.


Des adresses pour suivre l'économie et la Bourse
Les ressources disponibles sur Internet sont une mine d'informations infinie pour les épargnants.
-L'Expansion : L'indispensable site internet de l'Expansion où l'on peut notamment consulter le classement des 1000 premières entreprises françaises.
-SBF : Présentation boursière et financière des 120 premières sociétés cotées.
-Victoire : Cotations des principales valeurs françaises en différé de 30 minutes.
-Fininfo : Graphiques sur les valeurs françaises et classements de Sicav.
-Bloomberg : Actualité financière, indices internationaux, devises, obligations, etc.
-Finance Net : 2000 sites classés par thème et par pays pour suivre les cotations.

Un acheteur qui n'a pas peur
Sylvain Louboutin : «J'achète des tas de choses sur Internet et je paye aussi souvent que possible par carte. J'ai pas mal réfléchi aux risques d'envoyer mon numéro de carte sur Internet, je prends des risques tous les jours bien plus considérables en confiant ma carte au pompiste ou a un serveur de restaurant. De plus, les cartes de crédits respectables donnent toujours raison au client, surtout pour des opérations sans signature.

Commentaire : tout le monde ne partage pas une telle confiance, mais il est vrai que les risques sont assez faibles et que les clients sont bien protégés.

Pas content du paiement comptant
Olivier Robert : «J'ai commandé un CD ROM sur le Hacking Cracking sur le serveur swiss.net. J'ai envoyé un mandat en Suisse pour le règlement, et je n'ai toujours pas reçu mon CD ROM. Il y a un énorme marché mondial de la VPC sur le Net mais il faut absolument que le sérieux l'emporte.»

Commentaire : ne payez jamais en liquide, vous n'avez aucune trace de votre paiement et aucune possibilité de vous retourner contre un intermédiaire pour poursuivre le bénéficiaire du paiement.


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