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Rédigé le 04 juillet 1997
Investissement Direct Etranger :
L'argent privé du développement.

Développement ne rime plus avec aide publique depuis longtemps, mais avec capitaux privés, comme le rappelle le dernier rapport annuel de la banque mondiale. En 1996, les flux de capitaux vers les pays en développement ont atteint 285 milliards de dollars. Le financement des pays émergents a ainsi été multiplié par trois en six ans. Mais ce bond est surtout du aux financements privés. En 1996, ils atteignaient 244 milliards de dollars, soit plus de 85% de tous les capitaux destinés à ces pays. Parmi les différentes catégories de ces investissements viennent en premier lieu les investissements directs étrangers (FDI), pour un montant record de 109 milliards de dollars, puis les investissements de portefeuille, en actions ou en obligations, pour 46 milliards, et les prêts bancaires, pour 34 milliards de dollars.

Peu de bénéficiaires
Cette explosion des financements privés offre des opportunités fantastiques aux pays qui en bénéficient. Mais ils sont aussi à double tranchant. Comme la crise du Mexique l'a démontré, les gains ne sont pas garantis, explique le rapport de la Banque Mondiale. Les flux de capitaux internationaux peuvent agir comme un miroir déformant sur l'économie locale, multipliant les bénéfices des programmes de réformes bien structurés, mais augmentant le coût des faiblesses économiques fondamentales et des politiques inconsistantes.» Second problème : les financements privés se concentrent encore sur un nombre trop réduit de bénéficiaires. Les douze premiers pays bénéficiaires accaparent 73% des capitaux. Parmi ces heureux élus figurent notamment la Chine (52 milliards) le Mexique (28 milliards), l'Indonésie (18 milliards), le Brésil (14 milliards) l'Inde (8 milliards) et la Russie (3,6 milliards). A l'inverse, les pays d'Afrique sub-saharienne, hors Afrique du sud, n'ont reçu que 1,3% de tous les capitaux privés destinés aux pays en développement.

Après avoir étudié les moyens de prévenir de nouvelles "crises du peso", les économistes se penchent sur les moyens de mieux redistribuer les financements privés pour le développement. Mais il faut aussi que les pays bénéficiaires y mettent du leur, explique l'un d'eux. Il faut aussi comprendre la dynamique des marchés et les préoccupations des investisseurs. S'ils investissent si peu en Afrique et dans les pays les moins avancés, c'est souvent parce qu'ils en sont dissuadés par des systèmes rigides, le contrôles des changes ou la corruption, voire tout simplement parce qu'ils n'y trouvent rien à acheter.» Pour renouer le dialogue, la Banque Mondiale s'est d'ailleurs fixée comme objectif de devenir une "knowledge bank" c'est à dire une banque de conseil qui aidera davantage les pays pauvres en les aidant à attirer l'argent privé qu'en leur prêtant elle même.

Gilles Pouzin

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