Marchés Emergents > Rédigé le 16 novembre 1998
Au Brésil les grands remèdes :
Le FMI veut éviter la dévaluation à tout prix
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En annonçant une aide de 41,5 milliards de dollars pour le Brésil, le vendredi 13 novembre, les pompiers de la crise financière ont éteint le dernier brasier des marchés émergents. Depuis la défaillance de la Russie, le marché des changes brésilien subissait des attaques à répétition. Malgré la hausse des taux d'intérêt à 50%, la fuite des capitaux atteignait 1 milliard de dollars par jour fin septembre. "Le problème du Brésil c'est son déficit budgétaire", commentait alors Roger Wright, directeur général de CSFB Garantia, la première banque d'affaires brésilienne. Le déficit budgétaire du Brésil devrait ainsi atteindre 60 milliards de dollars cette année, soit 8% du PIB.

Le danger de l'aléa moral
Pour éviter une dévaluation qui semblait inévitable, les sauveteurs emploieront les grands moyens: 18 milliards de dollars prêtés par le Fonds monétaire international, 9 milliards de dollars partagés entre la Banque Mondiale et la banque Interaméricaine de développement, 5 milliards de dollars avancés par les Etats-Unis eux-mêmes et 9,5 milliards de dollars apportés par d'autres pays développés, notamment européens.

Du côté brésilien, le président fraîchement réélu Fernando Henrique Cardoso promet un excédent budgétaire l'an prochain. "Un aspect important du plan reste absent", note Jorge Mariscal, le spécialiste de l'Amérique latine chez le courtier Goldman Sachs. Le financement du FMI n'est pas subordonné à la réduction des déficits, ce qui réduit sa crédibilité. Après les milliards engloutis dans le sauvetage de l'Indonésie, de la Thaïlande, de la Corée et de la Russie, l'aide au Brésil renforce l'aléa moral, c'est à dire l'incitation des banquiers à prendre trop de risques en pensant qu'un prêteur en dernier ressort les remboursera toujours.

Gilles Pouzin
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