Retraite & Patrimoine > |
Rédigé
en août 1999 |
La réduction s'est généralisée
Profitant de
la torpeur estivale, le ministre de l'Economie a annoncé, le 21 juillet,
une nouvelle baisse du taux du Livret A et de celui des autres comptes d'épargne
réglementés. Depuis le 1er août, les Codevi, les Livrets
A et les Livrets bleus ne rapportent plus que 2,25%, contre 3% auparavant (voir
le tableau : Les nouveaux taux des placements sans risque). Le rendement du
Livret d'épargne populaire a également baissé de 0,75%
le même jour, pour tomber à 4%. En contrepartie, son plafond a
été relevé de 40.000 francs à 50.000 francs. Enfin
la rémunération des Comptes d'épargne logement (CEL) a
été réduite à 1,5%, tandis que celle des nouveaux
Plans díépargne logement (PEL) a été abaissée à
3,6% dès le 26 juillet. Pour faciliter l'accession à la propriété,
les taux des crédits auxquels donnent droit l'épargne logement
ont, eux aussi, été réduits.
Une décision impopulaire prise après les Européennes
Cette baisse de rémunération de l'épargne n'est pas une
surprise dans la mesure où le Comité consultatif des taux réglementés
l'avait recommandée le 26 mars. Le ministre des Finances avait bien déclaré
à l'époque que "rien n'était décidé".
Mais on comprend qu'il ait voulu laisser passer les élections européennes
et les départs en vacances pour prendre cette décision impopulaire
au milieu de l'été. Il a même réussi à faire
croire qu'il était le meilleur défenseur des épargnants
puisqu'il n'a pas baissé le taux du Livret A au niveau de 1,75% recommandé
par le Comité consultatif le 20 juillet.
De fait, les banques ont été encore moins généreuses, puisqu'elles ont profité de la baisse des taux réglementés pour réduire à nouveau ceux de leurs comptes sur livrets. Alors que les principaux établissements avaient baissé la rémunération de leurs livrets bancaires à 2,5% au premier trimestre, ils l'ont de nouveau réduit le 1er août, à 2%. Certaines caisses régionales du Crédit Mutuel ont néanmoins choisi de maintenir le rendement de leur livret bancaire ordinaire à 2,5%.
Le
manque à gagner demeure limité
Si
la baisse des taux réglementés est déplaisante, son impact
est néanmoins limité. En plaçant le maximum autorisé
de 100.000 francs sur un Livret A, un épargnant ne gagnera que 2.250
francs sur les douze prochains mois, soit 750 francs de moins que pendant l'année
précédant la baisse des taux. S'il avait placé la même
somme en Sicav monétaires, il n'aurait gagné que 2.000 francs
depuis un an, et il ne pourrait guère espérer plus de 1.400 francs
de revenu net sur les douze prochains mois.
Après ce changement, les épargnants se demandent naturellement que faire de leur argent. Malgré la baisse de son rendement, le Livret A reste le meilleur placement sans risque à court terme. Il préserve même mieux le pouvoir d'achat des épargnants qu'il y a quelques années, compte tenu de la chute de l'inflation. Le seul inconvénient des livrets défiscalisés est qu'on ne peut pas y investir autant qu'on veut. Les banques proposent toutefois des comptes à terme à des taux assez intéressants aux personnes qui souhaitent placer une somme plus importante. Seule condition : laisser son argent bloqué de six mois à trois ans.
Pour les épargnants qui ne peuvent plus se contenter de la rémunération du Livret A et qui sont prêts à prendre certains risques, la dernière baisse des taux peut aussi être l'occasion de commencer à investir une partie de leurs économies sur des placements plus prometteurs à long terme, comme les actions. Mais attention, car en matière d'épargne, les projets sont fragiles et les performances passées n'offrent aucune garantie pour l'avenir. Autant il était naïf de croire, il y a quinze ans, que le Livret A rapporterait éternellement 7,5%, autant il serait dangereux de croire, aujourd'hui, que la Bourse gagnera toujours 20% par an.