Avec Internet, vos ordres sont exécutés sans délai et vos frais de courtage diminuent grâce à la concurrence. Mais attention, les tarifs des courtiers sont difficiles à comparer.

Gérer son portefeuille sur Internet
Et si la Bourse profitait à tous? Avec son slogan provocateur assorti d'une faucille et d'un marteau en or massif, emblèmes détournés du communisme, Self Trade a rendu la Bourse sur Internet populaire. Il y a un an, ce nouveau courtier en ligne faisait encore figure de frondeur, avec ses tarifs imbattables, dans l'univers des intermédiaires traditionnels. Mais le phénomène de mode s'est rapidement transformé en ras de marée. Alors qu'ils n'étaient qu'une poignée au début de 1999, les courtiers sur Internet sont aujourd'hui plus de trente, soit pratiquement autant que d'agents de change au palais Brongniart, il y a dix ans. Sans compter les banques qui commencent à offrir ce service à leurs clients.

Tout le monde ne s'y est pas encore converti. Mais la gestion de son portefeuille sur le Web est en train d'entrer dans les moeurs. 51 000 clients de Cortal (www.cortal.net) passent d'ores et déjà leurs ordres de Bourse sur Minitel ou sur Internet, ce nouveau moyen de communication représentant à lui seul 65% des transactions exécutées par la filiale de BNP-Paribas. Au total, on recensait 130 000 portefeuilles gérés par Internet en France à la fin de 1999 et près de 200 000 aujourd'hui. La banque JP Morgan s'attend à ce qu'ils atteignent 2 millions en 2003. Si ce pronostic se réalise, 28% des actionnaires français géreront alors leur portefeuille sur le Web. La passation d'ordres de Bourse devient donc le premier service financier conquis par Internet.

Les courtiers se transforment en supermarchés de l'épargne
Internet et son ancêtre le Minitel ont changé notre façon d'investir en Bourse. Se rendre à son guichet pour signer un formulaire d'achat ou de vente est devenu totalement impensable alors que c'était encore la règle il y a une dizaine d'années. À l'heure de la cotation en continu et de l'information en temps réel, Internet est le moyen de communication idéal pour jouer en Bourse sans contraintes. "Il est indéniable que mon courtier en ligne m'assure une qualité de service bien supérieure à la prestation que j'obtenais auprès de ma banque, notamment la vision de mon portefeuille sur un clic de souris, ou l'exécution de mes ordres sans délai", explique une lectrice récemment convertie à ce mode de gestion. Et dès qu'ils auront remédié à leurs défauts techniques de jeunesse, les intermédiaires financiers sur Internet se lanceront de nouveaux défis pour améliorer leurs services.

D'abord, en terme d'accès à la Bourse. À l'image de Self Trade (www. selftrade.com), qui a été le premier à offrir cette possibilité à ses clients, en novembre 1999, la plupart des courtiers en ligne permettront bientôt de transmettre un ordre sur le marché à partir d'un téléphone mobile.

Ensuite, en terme d'accès à d'autres placements. Si les nouveaux courtiers se sont concentrés dans un premier temps sur la gestion d'actions en direct, ils sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à proposer un choix de Sicav. Cortal et Véga Finance (www.vegafinance.fr), suivis par CPR-E*Trade (www.cpr-etrade.com) et Direct Finance (www.directfinance.com), avaient été les premiers à inaugurer cette notion de supermarché de l'épargne en permettant à leurs clients d'acheter facilement des Sicav de toutes les banques. Mais, là encore, de nouveaux concurrents s'engouffrent dans la brèche. Alors que Véga Finance et CPR-E*Trade proposent une sélection de Sicav actions avec des droits d'entrée réduits à 2%, Self Trade annonce le lancement sur son site Web d'une sélection de Sicav actions avec des droits d'entrée qui sont fixés, cette fois, à 1%.

Le prochain domaine dans lequel la concurrence devrait s'intensifier est celui de l'assurance vie. Après Direct Finance et Véga Finance, GE Capital Assurance (www.web-epargne.com), une filiale française de General Electric, propose sur son site Internet un contrat multisupport avec des frais de souscription réduits à 1%. Face à ces surenchères d'offres plus alléchantes les unes que les autres, de nombreux épargnants sont prêts à passer directement du Livret A à la Bourse en ligne. Mais la nouveauté de ces services rend leur choix difficile.

Parmi les nombreuses offres, difficile de faire son choix
Les tarifs compétitifs des courtiers en ligne sont l'un de leurs avantages les plus évidents. Alors que la plupart des banques facturent plus de 1% de frais de courtage, avec un minimum d'environ 100 francs par transaction, de nombreux courtiers sur Internet sont trois à quatre fois moins chers (voir tableau : "Les 15 courtiers en ligne les moins chers"). Mais avec la multiplication des offres promotionnelles, leurs frais deviennent aussi de plus en plus difficiles à comparer. "Le taux de courtage de 0,36% affiché par Cortal ne concerne que les ordres passés à tout prix, ce qui ne permet pas une juste comparaison avec les autres courtiers", nous écrit ainsi une lectrice, surprise de voir Cortal figurer parmi les intermédiaires les moins chers alors que ses relevés de compte lui indiquent le contraire. Les tarifs de Capitol (www.capitol.fr) et d'Easy Trade (www.easytrade.fr) sont aussi déstabilisants puisqu'ils ne s'appliquent qu'aux transactions de moins de 1 000 euros, soit 6 559,57 francs. Un client d'Easy Trade qui veut vendre 24 000 francs d'actions paiera ainsi 288 francs de frais s'il les vend d'un seul coup alors qu'il ne paiera que 63,28 francs s'il les vend en effectuant quatre transactions de 6 000 francs. Avant de se laisser séduire par les tarifs annoncés, il est donc nécessaire de bien se renseigner sur les conditions à respecter pour en bénéficier.

Testez plusieurs sites Web avant d'en sélectionner un
Si les économies de frais peuvent vous convaincre de passer à la gestion sur Internet, ne le faites pas avant d'avoir testé plusieurs sites Web. En effet, leurs présentations et leurs prouesses techniques sur Internet sont beaucoup plus variées que celles de leurs ancêtres sur Minitel. L'organisation des menus, l'accès aux différentes options, la rapidité d'affichage des pages, la clarté des informations et de la présentation de votre portefeuille sont autant d'éléments essentiels sur lesquels vous ne devez pas transiger. La plupart des sites Web de Bourse mettent à votre disposition une démonstration, c'est-à-dire une simulation qui vous permet d'essayer le service sur un compte fictif comme si vous étiez client. Testez-le de fond en comble.

Des désagréments techniques
Avant d'être définitivement séduit par les courtiers en ligne, vous devez savoir que leurs désagréments techniques sont encore nombreux. "Le serveur est tellement lent que je dois souvent abandonner Internet et passer mes ordres sur Minitel", estime un client de Fimatex. Bien sûr, ce n'est pas forcément la faute de l'intermédiaire, quel qu'il soit. La lenteur peut être due à n'importe quel maillon de la chaîne: votre ordinateur, votre accès à Internet ou celui de votre bureau, etc. Mais peu importe la cause. Pour l'épargnant pressé de réaliser une transaction boursière, le résultat est le même: ça ne fonctionne pas toujours. Si vous voulez avoir la tranquillité d'acheter ou vendre par un autre moyen qu'Internet en cas de difficulté technique, renseignez-vous sur les possibilités de passer un ordre par téléphone et sur le coût de cette option. Enfin, il n'y a pas que les problèmes techniques. Victimes de leur succès commercial, certains services de Bourse en ligne sont débordés par les demandes d'ouverture de compte. Trois semaines après que Consors (www.consors.fr) ait encaissé son chèque de 30 000 francs pour l'ouverture d'un PEA, un lecteur se plaignait de n'avoir toujours pas pu utiliser son compte, faute d'avoir obtenu son code d'accès. Même s'ils restent souvent anecdotiques, de tels incidents sont forcément agaçants.

On l'a vu, les courtiers sur Internet ont de nombreux avantages par rapport aux banques. Mais ne vous précipitez pas pour faire transférer votre portefeuille sur un coup de tête. Il s'agit toujours d'une procédure compliquée, longue et coûteuse, surtout s'il s'agit d'un PEA. Prenez le temps de choisir et demandez à votre agence ce qu'elle peut vous proposer. En effet, la plupart des banques ont leur propre service de Bourse en ligne. Leurs tarifs sont encore chers, notamment en raison du coût d'abonnement mensuel élevé. Mais ils commencent à baisser. Le Crédit Agricole propose ainsi une réduction de 35% sur les frais de Bourse aux clients qui gèrent leur portefeuille sur son service Internet. Et le Crédit Lyonnais, qui n'offrait que 15% de réduction aux clients de son service de banque en ligne, vient de porter ce rabais à 50%. Ses frais de courtage sur un achat d'actions à la Bourse de Paris sont ainsi ramenés à 0,74% avec un minimum de 49 francs. Des tarifs presque aussi bas que ceux des nouveaux courtiers. Quand la concurrence venue d'Internet aura rendu les banques compétitives, les courtiers en ligne auront vraiment démocratisé la Bourse.

Gilles Pouzin

1/ Romain Paris, client de self Trade
"Les tarifs forfaitaires de Self Trade sont bon marché et il n'y a aucun coût imprévu. C'est très commode pour jouer en Bourse quand on est familier d'Internet. Seuls les problèmes techniques inhérents à l'informatique peuvent présenter des inconvénients."
2/ Daniel Borne, client de Cortal
"Les courtiers en ligne sont pratiques, même s'il est parfois difficile de se connecter à leur site. J'ai ouvert un compte chez Cortal mais ses tarifs n'ont pas suivi la concurrence qui est environ 30% moins cher sur certaines transactions."

Les 15 courtiers en ligne les moins chers