Sicav & Placements > Rédigé le 19 octobre 2000
Comment gagner plus en bourse :
Augmentez vos gains en réduisant les risques.


Comme dit un ancien proverbe: "la première règle pour gagner de l’argent en Bourse, c’est de ne pas en perdre". Mais comment concilier cette exigence de prudence avec les risques inhérents aux marchés financiers ? Même si la Bourse est le meilleur placement sur le long terme, il lui arrive aussi de reculer, durant des périodes plus ou moins longues, comme c’est le cas pour le Nasdaq et le Nouveau Marché depuis huit mois. Du coup, le risque de pertes est bien réel pour ceux qui vendraient au mauvais moment. Conscients de ce danger, beaucoup de Français préfèrent laisser dormir leur épargne durant des années sur un Livret A plutôt que de l’investir en Bourse. Leur souci de protéger leurs économies est parfaitement légitime. Mais en ne prenant aucun risque, ils se privent aussi de performances nettement plus rémunératrices à long terme. Alors comment faire pour profiter des gains de la Bourse en réduisant les risques qui les accompagnent? Pour vous aider à résoudre ce dilemme, nous avons examiné les stratégies qui permettent d’atténuer ou même d’éliminer totalement les risques de la Bourse. Mais attention, car elles ne sont pas toutes intéressantes.

La vente d'un portefeuille, une pratique souvent coûteuse
La meilleure façon d’échapper aux tempêtes boursières consiste à vendre ses actions avant qu’elles ne baissent. Dans la pratique, cette méthode a malheureusement trois inconvénients majeurs. Premièrement, les épargnants qui vendent tout leur portefeuille pour se mettre à l’abri d’une baisse ont de fortes chances de le faire au mauvais moment. S’ils vendent trop tard, ils n’échappent pas aux pertes. Et s’ils vendent trop tôt, ils ratent la hausse. C’est ce qui est arrivé à quelques actionnaires qui, échaudés par la crise de l’automne 1998, ont vendu leur portefeuille au printemps 1999, dès que l’indice CAC 40 est repassé au-dessus du seuil de 4000 points. De plus, la vente les pénalise fiscalement, puisqu’il faut à chaque fois payer l’impôt sur les plus-values. Enfin, cela entraîne des frais significatifs. Avec des commissions de courtage de 1%, vendre 600 000 francs de titres pour les racheter après la baisse entraîne 12 000 francs de frais !

Les warrants uniquement pour les plus chevronnés
Pour contourner ces inconvénients, les ingénieurs des marchés financiers ont inventé les warrants. Ce nom barbare, qui veut dire " garanties " en Anglais, recouvre une palette d’instruments financiers très sophistiqués. Les warrants sont des options. Contrairement à une action ou un indice boursier, ils ne représentent aucun actif financier mais seulement le droit de négocier ces actifs dans des conditions définies à l’avance. Ces options sont réparties en deux grandes catégories : le droit de vendre, appelé put en Anglais, et le droit d’acheter, appelé call. Le premier permet de se protéger contre les baisses de la Bourse. Mais, comme pour les assurances, il existe des dizaines de ces put warrants avec des caractéristiques très variées. Le coût de ces garanties varie en fonction de leur degré de protection et de leur durée de validité. "Nous proposons par exemple des warrants pour couvrir un portefeuille contre une baisse en dessous de 6000 points jusqu’au 2 janvier 2001 ou jusqu’au 25 juillet 2001", explique Guillaume Hannebelle, responsable de cette activité à la Citibank. Le 19 octobre, en pleine tempête boursière, la première garantie coûtait environ 9,5% de la valeur du portefeuille que l’on souhaitait assurer, tandis que la seconde ne coûtait que 5,1% du portefeuille. Concrètement, cela signifie que pour couvrir un portefeuille de 100 000 euros (655 957 francs) composé des mêmes valeurs que l’indice CAC 40, contre une baisse de cet indice en dessous de 6 000 points jusqu’au 2 janvier, il fallait payer 33 454 francs (lire tableau "Warrants, le coût des garanties"). Couvrir son portefeuille avec des warrants est relativement complexe. Du coup, cette technique est réservée aux investisseurs chevronnés pour des situati
ons très spécifiques.

Les fonds garantis, une faible performance
Pour les épargnants qui découvrent la Bourse ou qui hésitent encore à s’y aventurer par crainte de perdre leur capital, les banques ont conçu des fonds garantis, beaucoup plus faciles à utiliser que les warrants. Le principe est simple : en contrepartie d’une performance inférieure à celle de la Bourse, la banque vous garantit une certaine protection de votre capital. Mais tous les fonds de ce type ne se valent pas. Pour être intéressants, ils doivent offrir le meilleur compromis entre la performance et la sécurité. Par exemple, le fonds Dynatop 4 lancé par le Crédit agricole début octobre promettait 100% de la hausse de l’indice Euro Stoxx 50 d’ici à 2006 avec une protection de 20% pour amortir les baisses et un gain maximum de 100%. Pour les plus allergiques aux risques, Carrefour vient de lancer un fonds dont le capital est garanti à 100% quoi qu’il arrive. Mais ses performances seront nettement plus faibles puisque sa hausse est plafonnée à 30% sur trois ans si l’indice Euro Stoxx 50 gagne plus de 10% chaque année. Par ailleurs, l’inconvénient majeur de ces placements est leur manque de souplesse. Car on ne peut y souscrire qu’au moment de leur lancement et il faut y laisser son argent bloqué plusieurs années sous peine de subir des pénalités importantes en cas de retrait anticipé.

Que vous vouliez protéger vos économies contre les baisses de la Bourse en achetant des warrants ou en souscrivant des fonds garantis, ces deux méthodes coûtent malheureusement très cher. Dans le premier cas, votre portefeuille conserve tout son potentiel de hausse mais vous devez renouveler régulièrement vos achats de warrants. Dans le second cas, le potentiel de gain des fonds garantis est ridiculement faible par rapport à celui d’un placement boursier classique. Le prix élevé de ces protections vient du fait que les probabilités de baisse sont importantes sur des courtes périodes. Heureusement, les risques de perte encourus par les actionnaires sont plus faibles que les probabilités de baisse de la Bourse. Car, comme dit un autre proverbe boursier, " tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu ". Après une crise, il faut parfois attendre quelques mois, voire quelques années, pour que la Bourse renoue avec ses sommets. Mais elle y parvient toujours. Le vrai risque de perte est pour ceux qui ont réellement besoin de récupérer leur argent au mauvais moment.

Partant de cette observation, le courtier en ligne Abaxbourse a eu l’idée de créer un contrat d’assurance totalement nouveau et unique en son genre : la prévoyance moins value. Moyennant une cotisation annuelle de 50 euros (328 francs), Abaxbourse garantit à ses clients le remboursement des pertes qu’ils pourraient subir si leurs actions chutaient à un moment où ils devraient absolument les vendre, par exemple pour acheter leur résidence principale, en cas de licenciement ou de divorce. La couverture n’est pas illimitée. Elle prévoit d’indemniser les moins-values jusqu’à 100 000 francs pendant les deux premières années d’adhésion et jusqu’à 200 000 francs les années suivantes. Pour un portefeuille de 500 000 francs, cette protection permet de couvrir tout risque de baisse jusqu’à 20% de perte les deux premières années et 40% à partir de la troisième. Et son coût défie toute concurrence. "Si nous pouvons faire un tarif aussi bas c’est parce que les aléas de la vie qui obligent à vendre en perte sont heureusement moins fréquents que les aléas boursiers", explique Valérie Baratto Valérie BarattoValérie Baratto, chef de projet chez Abaxbourse. En fait, cette assurance s’adresse aux investisseurs ayant une gestion de père de famille qui veulent pouvoir récupérer leur mise de départ en cas de coup dur.

Les vraies solutions pour réduire les risques
Gérer prudemment votre portefeuille reste le meilleur moyen de réduire les risques. En effet, même l’assurance d’Abaxbourse ne protège pas contre les erreurs à répétition. Trois stratégies simples vous permettront d’éviter les risques excessifs qui causent parfois leur perte aux spéculateurs imprudents.

Premièrement, panachez des approches dynamiques avec des choix plus conservateurs. Beaucoup d’arguments plaident en faveur des valeurs technologiques. Mais leurs bénéfices et leurs dividendes sont plus imprévisibles que ceux des grands groupes traditionnels. Et leurs cours enregistrent toujours des fluctuations extrêmes, dans les deux sens. Dans cet état d’esprit, nous avons sélectionné quelques fonds peu risqués pour votre PEA (lire tableau "Sélection de sicav et FCP éligibles au PEA").

Deuxièmement, étalez vos investissements dans le temps. Ainsi, vous réduirez le risque d’acheter au plus haut et vous profiterez plus facilement des opportunités qui se présentent à chaque fois que les marchés ont un accès de faiblesse. En effet, investir tout l’argent que l’on veut placer en bourse d’un seul coup présente deux inconvénients. D’abord, cela ne laisse aucune marge pour ajuster ses choix en fonction du parcours individuel de chaque société. Or, le bon moment pour acheter ne se présente jamais en même temps pour toutes les valeurs. Ensuite, ceux qui veulent placer une grosse somme d’un seul coup ont souvent mis des années à l’accumuler en épargnant régulièrement sur des placements moins risqués. En basculant tout sur la Bourse du jour au lendemain ils s’exposeraient à des fluctuations excessives. Tandis qu’en investissant progressivement, ils réduiraient considérablement les risques de pertes. Comme le montre la simulation réalisée par la banque CPR, les épargnants qui auraient souscrit chaque mois une part d’un fonds d’actions internationales depuis 1991 n’auraient jamais vu leur capital baisser de plus de 8% alors que ceux qui auraient investi en une seule fois auraient vu leur portefeuille plonger de 10% à 25% plus d’une fois avant de se redresser.

La troisième stratégie simple pour réduire les risques consiste à ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier. Cette règle paraît tellement évidente que beaucoup de gens oublient complètement de la respecter. Si vous voulez gérer efficacement vos placements sans mettre en danger vos économies, vous devez absolument diversifier votre portefeuille. D’abord en ayant au minimum une douzaine de titres différents. Mais surtout, en répartissant vos paris sur différents pays. Faites un test. Quelle est la part des valeurs françaises par rapport aux actions internationales dans vos investissements boursiers? Si elle est supérieure à 50%, votre portefeuille n’est pas assez diversifié. La fiscalité a malheureusement une grande part de responsabilité dans ce déséquilibre, puisqu’il est interdit d’acheter des actions étrangères sur un PEA. Conscients de cette lacune, les ingénieurs financiers ont créé des nouveaux fonds qui permettent de miser sur l’évolution des principales bourses internationales tout en respectant les contraintes fiscales du PEA.

Gilles Pouzin

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