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Rédigé le 01 avril 1996 |
Les matières premières s'affolent et s'envolent
(voir le tableau Six matières premières qui
flambent). Dans la seule séance du 20 mars,
le cours du blé s'est enflammé de 48% avant de retomber à
5 dollars le lendemain. Un incident, certes, mais révélateur de
la tension qui règne sur les marchés de matières premières.
Qu'il s'agisse du blé ou du pétrole, qui a aussi retrouvé
son plus haut niveau depuis la guerre du Golfe, le problème est simple
: les stocks sont à un niveau très faible alors que la demande
ne cesse d'augmenter, tirée par la boulimie des pays émergents
en forte croissance.
Les
stocks de céréales sont au plus bas
Rien qu'au mois de mars l'indice Goldman Sachs du prix des matières premières
a bondi de 6,5%. Les poussées de fièvre sont moins sporadiques
qu'il n'y paraît. Depuis le début de 1995 les cours des produits
agricoles ont gagné en moyenne 22% et la hausse ne fait peut-être
que commencer. "Les stocks mondiaux de blé et de maïs sont
au plus bas niveau depuis 25 ans", signale Steve Strongin, analyste à
la banque Goldman Sachs à New York. Selon lui, de nombreux arguments
plaident pour une hausse des cours bien supérieure à celle du
début des années 70 : il est difficile d'accroître la surface
cultivable ou de faire des gains de productivité. Le rendement à
l'hectare s'érode même depuis la fin des années 80.
Du côté de la demande, les pays émergents font une consommation intensive de matières premières. "La rudesse de l'hiver, tant aux Etats-Unis, qu'en Europe ou au Japon, explique en partie la hausse du pétrole, explique Mark Latham, spécialiste des matières premières à la banque Barings à Londres. Mais il ne faut pas sous estimer les facteurs fondamentaux. L'industrie indienne a par exemple augmenté sa consommation de pétrole de 14% en un an." Depuis le début de 1995, les matières premières énergétiques ont flambé en moyenne de 51%. Avec la faiblesse des stocks et la reprise économique qui se profile, le moindre à-coup sur les approvisionnements pourrait bien réveiller le vieux démon de l'inflation.