Indécents records. Au mépris des lois de l'apesanteur, les principales Bourses de la planète ont à nouveau battu tous leurs records historiques. Le 16 mars, l'indice MSCI World, qui synthétise la performance des Bourses mondiales, a atteint son plus niveau de tous les temps, à 946 points. Presque tous les marchés ont participé à ce festival printanier.
L'Amérique mène toujours la tête du peloton. En dépit de plusieurs tentatives l'indice Dow Jones des trente valeurs vedettes de Wall Street n'est pas parvenu à franchir le cap symbolique des 10 000 points. Le Dow Jones a tout de même établi un record de 9997, 62 points le 18 mars avant de souffler. Etant donné le poids de la Bourse américaine (plus de 12 000 milliards de dollars, soit environ la moitié de la capitalisation de toutes les Bourses de la planète) sa performance est la principale explication des records de mars. Mais pas la seule.

Le ciel s'éclaircit dans les zones sinistrées
Que le regard des investisseurs se tourne vers l'Amérique Latine (+9,5% pour un investissement en euros), ou vers l'Asie (+25,8%), presqu'aucun marché de la planète n'a démérité au premier trimestre (voir tableau des principales hausses). Seules les Bourses européennes ont enregistré une performance médiocre (+0,58% en moyenne, -2,4% en France et -11,5% en Allemagne) à cause du ralentissement économique et de la crise politique qui planent sur l'Euroland.

Si les investisseurs sont déçus par les promesses non tenues, ils apprécient en revanche de voir le ciel s'éclaircir dans les zones sinistrées. En Asie, en premier lieu, où le redressement économique semble bien engagé. Mais aussi en Amérique latine, où la dévaluation brésilienne n'a pas fait les dégâts escomptés. Et même en Afrique du sud, où la perspective d'une victoire de l'ANC aux élections du 2 juin est considérée comme un gage de stabilité. Le regain de confiance des investisseurs dans les placements boursiers n'est pourtant pas invulnérable. Les derniers records doivent beaucoup à l'accalmie du marché obligataire, où le taux des emprunts à trente ans américains est redescendu d'un plus haut de 5,69% le 4 mars jusqu'à 5,47% le 16 mars. La flambée du pétrole a malheureusement interrompu la fête. Soutenu par les perspectives de réduction de la production, le cours de l'or noir est remonté jusqu'à à 15,55 dollars par baril, soit 27% de hausse entre le 1er et le 23 mars. Après la psychose de la déflation, les marchés semblent prêts à s'inquiéter d'une reprise de l'inflation.

Gilles Pouzin