La chevauchée fantastique des valeurs d'Internet n'a pas fini de donner le vertige aux investisseurs. Après avoir vu son cours quadrupler depuis début novembre, le libraire en ligne Amazon.com a reperdu 25% en quatre séances. Et les autres grands noms de l'Internet ont suivi. Leur hausse était-elle justifiée? Leur rechute était-elle prévisible? Oui. Dans la recherche d'une valeur objective de cette industrie naissante, deux logiques s'affrontent. D'un côté, le commerce électronique représente un marché potentiel fabuleux pour ceux qui occuperont le terrain les premiers. D'un autre côté, la concurrence fait rage et certaines hypothèses prises en compte dans la valorisation de ces sociétés dépassent toute rationalité.

"Si Amazon devient le leader mondial de la grande distribution sur Internet dans une gamme étendue de produits de consommation, son cours actuel est peut-être une bonne affaire, explique Manuel de Oliveira, gestionnaire du fonds CPR Multimédia. Mais je ne pense pas qu'on puisse justifier son niveau actuel sur la base de ses seules ventes de livres." Même si son chiffre d'affaires devrait dépasser 400 millions de dollars en 1999, soit un triplement en deux ans, Amazon vaut 22,2 milliards de dollars en Bourse (123 milliards de francs), alors qu'elle est encore déficitaire. Yahoo et AOL valent pour leur part 175 milliards de francs et 375 milliards de francs, soit 660 fois les bénéfices attendus du moteur de recherche et 400 fois ceux du fournisseur d'accès à Internet. Un optimisme qui les rendraient très vulnérables à la moindre déception.