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Rédigé le 16 décembre 1996
A Wall Street, l'argent n'est pas éternel :
La Bourse américaine plie sous les menaces d'Alan Greenspan.

Chiffres
"Comment savons nous si ce n'est pas une exubérance irrationnelle qui provoque une escalade factice des valeurs boursières?". En posant cette question, jeudi 5 décembre, Alan Greenspan, le président de la Banque Fédérale américaine, a déclenché un vent de panique à Wall Street. Bulle ou pas bulle, la solidité des marchés financiers dépend avant tout de l'argent qui les fait avancer. Pour l'instant, il coule à flot. Mais il suffirait de fermer deux robinets pour que les sources se tarissent.

Si les Japonais achetaient moins d'obligations américaines
Sur les huit premiers mois de l'année, les Japonais ont acheté 42 milliards de dollars d'emprunts d'Etat américains. A ce rythme, ils devraient pulvériser en 1996 leur record de 1995 (45 milliards de dollars). Ces achats ont largement contribué à la hausse des obligations et à celle du dollar. "Les institutions japonaises vont ralentir leurs achats", déclarait récemment Bob Hormats, le vice-président de la banque Goldman Sachs, "ce pourrait être le talon d'Achille des marchés". Si les obligations trouvaient moins facilement preneur, leurs cours baisseraient et leurs taux monteraient. Les actions deviendraient comparativement moins intéressantes et baisseraient à leur tour.

Si les épargnants n'achetaient plus de mutual funds
Les achats de mutual funds investis en actions américaines battent tous leurs records. De janvier à novembre 1996 ils ont atteint 208,1 milliards de dollars. Plus la Bourse monte, plus les épargnants injectent d'argent dans les mutual funds, ce qui fait monter la Bourse (voir tableau ci-dessous). Mais à la moindre alerte, les particuliers fuient, comme il l'ont fait en juillet. Il a suffit que l'indice Dow Jones trébuche pour que les épargnants vendent 4 milliards de dollars de mutual funds en une semaine. C'est peut-être cette façon désinvolte d'acheter et de vendre à l'improviste qu'Alan Greenspan voulait qualifier d'exubérance irrationnelle : un tour de robinet et tout s'écroule.

Gilles Pouzin

Achats nets de mutual funds investis en actions aux Etats-Unis

Année 

Montant en milliards de dollars 

 1990

 12,8

 1991

 39,5

 1992

 79,1

 1993

 129,6

 1994

119,3 

 1995

 97,5

 1996

208,1 (à fin novembre) 

Source : Investment Company Institute

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