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Rédigé le 19 février 1999 |
Cette fois-ci c'est trop! Vous aviez jusqu'à maintenant supporté passivement les humiliations et le pillage systématique que votre banque opérait sur votre compte en prélevant des commissions à tour de bras. Mais un jour vous en avez eu assez et vous avez décidé de vous défendre. La façon dont votre banque vous traitait vous exaspérait et vous avez voulu savoir si ses méthodes étaient vraiment correctes. Avant de vous plaindre, vous deviez impérativement vérifier vos droits et vous avez eu du mal à les connaître en questionnant votre agence. Vous vous êtes bien renseigné et vous avez découvert que votre banque n'avait pas respecté la loi ou qu'elle ne vous avait pas expliqué tous vos droits. Que ce soit pour une question d'argent ou pour une question de principe, vous avez voulu que l'on vous rende justice. Voici cinq problèmes bancaires pour lesquels la loi et les tribunaux étaient avec vous.
1. Frais abusifs ou arbitraires
Le problème
Frais pour incident de fonctionnement ou frais pour réclamation injustifiée,
frais pour envoi de chéquier ou frais pour non-retrait de chéquier,
frais de tenue de compte ou commission pour compte sans mouvement, les banques
ne savent plus quoi inventer pour soutirer un peu plus d'argent à leurs
clients. Ces commissions sont parfois indolores et elles sont souvent la contrepartie
d'un réel service. Mais elles sont aussi de temps en temps totalement
injustifiées et parfaitement illégales.
Ce que
dit la loi :
Pour que les frais prélevés par les banques soient légaux
ils doivent réunir trois conditions. La première est qu'ils doivent
être la contrepartie d'un service réel, ce qui est un élément
parfois subjectif. Deuxièmement, l'article 7 du décret du 24 juillet
1984 exige que les clients soient préalablement informés des frais
et commissions qu'on leur prélève. "Il est généralement
admis que cette condition est remplie quand les tarifs sont affichés
dans l'agence ou sur un dépliant mis à la disposition des clients",
explique Serge Maitre, président de l'Association française des
usagers de banque, l'Afub. La troisième condition
est en revanche rarement respectée. Pour que les frais soient valables,
le code civil prévoit en effet dans ses articles 1108 et 1134 que le
client doit avoir donné son accord en signant une convention de compte
détaillant précisément la tarification ou qu'il ait donné
son accord tacite en ne contestant pas les frais qu'on lui prélevait
au cours des douze mois suivant le débit de ces frais.
Armés de cet argument des membres de l'Afub ont gagné une dizaine de procès depuis 1996 pour des frais que leur avaient illégalement prélevé la BNP, les Banques populaires, la Caisse d'épargne, le Crédit agricole, le Crédit lyonnais, le Crédit du nord et la Société générale.
2. Frais sur chèques sans provision
Le problème
Selon l'Institut national de la consommation, les frais prélevés
par les banques sur les chèques sans provision ont été
multipliés par cinq en douze ans, soit environ 14% d'inflation par an,
pour atteindre en moyenne 482 francs en 1998. Les banques justifient ces frais
élevés en faisant valoir qu'il s'agit d'une sorte de pénalité
pour dissuader leurs clients d'émettre des chèques sans provision.
Le problème est que les banques ont aussi le pouvoir de décider
si le compte à débiter est "sans provision" ou seulement
"à découvert". Le chèque litigieux leur rapporte
plus dans le premier cas que dans le second.
Ce que
dit la loi :
Les frais sur chèques sans provision peuvent, comme les autres, être
déclarés illégaux s'ils n'ont pas fait l'objet d'un accord
signé ou tacite du client en vertu des articles 1108 et 1134 du code
civil. Mais ils peuvent aussi être déclarés illégaux
s'ils sont générés par une rupture de découvert
abusive. "Quand une banque accorde un découvert à son client
depuis longtemps et qu'elle déclare du jour au lendemain que ses chèques
sont sans provision, il s'agit d'une rupture de découvert abusive",
explique Serge Maitre. En effet, selon l'article 60 de la loi du 24 janvier
1984, les banques doivent laisser un délai suffisant aux clients avant
de rompre le découvert bancaire qu'elles leur accordaient jusqu'à
présent. Or, Serge Maitre estime que les commissions très rémunératrices
que les banques prélèvent sur les chèques sans provison
peuvent inciter certaines agences à rompre le découvert de leurs
clients. "Nous avons eu par exemple de nombreux cas d'interdits bancaires
irréguliers au Crédit lyonnais", précise Serge Maitre.
Les clients de cette banque avaient généralement bénéficié
d'un découvert pendant huit ou neuf mois jusqu'à ce que leurs
chèques soient rejetés sans préavis, en occasionnant des
frais de 500 francs pour le premier chèque et de 300 francs pour les
suivants.
3. Frais de remboursement anticipé dissuasifs
Le problème
Grâce à la baisse des taux d'intérêt, la plupart des
emprunteurs qui ont acheté un logement avec un crédit à
taux fixe il y a plus de deux ans peuvent réaliser des économies
très importantes en prenant un nouveau crédit moins cher. Le seul
problème est que certaines banques essayent de dissuader leurs clients
de réaliser cette opération en leur imposant des frais de remboursement
anticipé excessifs et illégaux.
Ce que
dit la loi :
Une emprunteuse qui voulait rembourser son prêt immobilier par anticipation
à l'Union de crédit pour le bâtiment s'était vu réclamer
près de 15% d'indemnités. L'UCB voulait en effet récupérer
à cette occasion la remise de taux qu'elle avait préalablement
accordée à sa cliente sur une partie du prêt. Le tribunal
de grande instance de Grenoble a condamné l'UCB et jugé ces frais
illégaux. L'article 15 de la loi 79-596 du 13 juillet 1979 prévoit
qu'aucune indemnité ni aucun autre coût que ceux fixés par
la loi ne peut être mis à la charge de l'emprunteur en cas de remboursement
anticipé. Le décret 80-473 du 28 juin 1980 précise que
l'indemnité ne peut excéder la valeur d'un semestre d'intérêt
sur le capital remboursé, sans pouvoir dépasser 3% du capital
restant dû. Par ailleurs, il faut rappeler que le remboursement anticipé
d'un crédit à la consommation ou d'un prêt personnel, ne
peuvent l'objet d'aucun frais.
4. Note salée sur une carte volée
Le problème
Se faire voler sa carte bancaire est un cauchemar. On entend régulièrement
des histoires de personnes à qui c'est arrivé et qui se sont vu
réclamer des sommes astronomiques par leur banque. Du coup, les détenteurs
de cartes préfèrent parfois payer entre 150 francs et 250 franc
par an, en plus de la cotisation annuelle de leur carte de crédit, pour
être assurés en cas de vol de leur carte. Même sans cette
assurance, la responsabilité des détenteurs de cartes bancaires
est pourtant limitée.
Ce que
dit la loi :
Une fois qu'un client a fait opposition sur sa carte, la banque ne doit pas
lui débiter un seul centime pour les dépenses ou retraits que
les voleurs réussiraient à effectuer, comme l'a rappelé
un jugement de 1995 contre la BNP. Tant qu'il n'a pas fait opposition, le titulaire
d'une carte bancaire volée encourt évidemment des risques bien
plus importants. Pourtant, s'il n'a pas commis de faute ou d'imprudence manifeste,
sa responsabilité est limitée par l'article 11 de la charte des
cartes bancaires. Si les voleurs utilisent son code confidentiel, la responsabilité
du titulaire est limitée au plafond convenu avec sa banque pour les retraits
d'espèces et à 3 000 francs pour les paiements par carte. Si les
voleurs n'ont pas le code, la responsabilité du titulaire est limitée
à 600 francs maximum, retraits et espèces confondues.
5. Agios faramineux
Le problème
Un découvert coûte moins cher que le rejet d'un chèque sans
provision, plaident les banques pour justifier les intérêts quasi-usuriers
qu'elles prélèvent sur les comptes qui plongent quelques jours
dans le rouge. Pourtant, ces agios faramineux n'en demeurent pas moins illégaux
dans la grande majorité des cas.
Ce que
dit la loi :
Lorsque le taux d'intérêt d'un crédit n'a pas fait l'objet
d'une convention signée entre les parties, seul le taux d'intérêt
légal s'applique, dit l'article 1907 du Code Civil. "La justice
donne constamment raison aux clients de banques qui réclament le remboursement
d'agios excessifs perçus en violation de cette loi", explique Serge
Maitre. Pourtant, les banques continuent à appliquer en toute impunité
des agios scandaleux aux clients qui n'osent pas se défendre et qui sont
souvent les plus démunis financièrement. Pour qu'il soit valable,
le taux d'intérêt prélevé par la banque sur les découverts
doit avoir été précisément fixé dans le contrat
signé par le client. "Si le taux des agios prévu dans le
contrat est le résultat d'une formule de calcul, celui-ci doit donner
deux exemples chiffrés du taux obtenu", précise Serge Maitre.
Par ailleurs, les intérêts de retard sur un découvert ne
peuvent pas non plus s'accumuler sur une longue période pour deux raisons.
Contrairement aux commissions diverses, la loi prévoit d'abord que le
taux des agios ne peut pas faire l'objet d'une acceptation tacite sans signature
d'un contrat. Deuxièmement, la loi prévoit que tout prêt
d'une durée supérieure à trois mois doit faire l'objet
d'une offre préalable de crédit. Votre banque n'a donc théoriquement
pas le droit de vous laisser utiliser votre compte plus de trois mois d'affilé
à découvert sans vous proposer un crédit. Elle a en revanche
le droit de vous déclarer interdit bancaire. Et elle ne s'en privera
pas...
Lire encadré : Comment faire valoir ses droits ?
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de création :
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