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Rédigé le 23 novembre 1998
Argent 1999 - le plus rentable :
Comment lutter contre la chute des taux.


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La chute des taux met de nombreux épargnants dans l'embarras. Au début de la décennie, un petit capital de 500 000 francs placé en sicav monétaires rapportait près de 4 000 francs de revenus mensuels nets d'impôts. Aujourd'hui, la même somme investie sur le même placement ne rapporte guère plus de 900 francs par mois après impôts. La chute des taux d'intérêt est un drame pour tous ceux qui comptaient vivre sur les revenus de leur épargne, car elle touche tous les placements. L'assurance-vie devrait rapporter moins de 5 % net d'impôt cette année et moins de 4% l'an prochain. Le rendement des emprunts d'Etat est tombé à 4,3 %, le livret A est rémunéré à 3 % et les nouveaux plans d'épargne-logement à 4 %. Il n'y a pas de formule magique : si aucun placement ne rapporte plus de 5 % de revenus, ceux qui promettent 10 % sont forcément beaucoup plus risqués, voire suspects.

Les placements de père de famille
Avec la baisse des taux d'intérêt, les placements qui paraissaient autrefois médiocres sont aujourd'hui extrêmement performants pour ceux qui peuvent en profiter. C'est le cas des plans d'épargne-logement ouverts avant 1994 qui rapportent 6 % d'intérêt nets de frais. Si leur durée de vie officielle n'est que de quatre ans, ils peuvent être prorogés jusqu'à dix ans. Si vous en avez ouvert un en 1993 vous êtes assuré de toucher 6 % d'intérêt sur tous vos versements jusqu'en 2003, tant que vous ne dépassez pas le plafond de 600 000 francs. (lire encadré
le désendettement)

Certains contrats d'assurance-vie considérés comme les moins performants à leur époque ont aussi des vertus méconnues. Pratiquement jusqu'en 1995, de nombreuses compagnies d'assurances vendaient en effet des produits mixtes, avec une partie d'épargne et une autre d'assurance décès, qui garantissaient un taux de conversion en rente pouvant atteindre 8 ou 10 %. Sur certains de ces contrats, les souscripteurs à la veille de leur retraite peuvent verser 1 million de francs et toucher 7 000 francs par mois jusqu'à la fin de leurs jours. Une aubaine. " Ceux qui possèdent un tel contrat ont intérêt à le garder précieusement pour avoir droit à leur rente en veillant bien à ne pas signer d'avenant qui leur ferait renoncer à leurs avantages ", conseille Ghislaine Royer, directrice générale de Guardian Vie.

Les dividendes qui rapportent
Pour ceux qui gèrent leur portefeuille eux-mêmes, les obligations classiques ne distribuent plus des revenus suffisants pour vivre : les emprunts d'Etat à dix ans rapportent 3,2 % de rendement après impôts. En prenant un peu plus de risques, on peut cependant trouver des titres plus rémunérateurs. Bien sûr, les actions sont soumises aux montagnes russes de la Bourse: + 45 % au premier semestre, - 35 % au troisième trimestre. Mais certaines sociétés distribuent de gros dividendes. Surtout, l'avantage est que ces revenus peuvent profiter de la fiscalité avantageuse du Plan d'épargne en actions, le PEA. Certaines actions recommandées par les analystes financiers offrent ainsi plus de 5 % de rendement. (voir tableau
Sélection d'actions à haut rendement)

Les obligations indexées
La baisse des taux d'intérêt pose un double problème pour les obligations. Non seulement les emprunts d'Etat n'offrent plus que des rendements très faibles, mais elles deviennent aussi vulnérables en cas de hausse des taux d'intérêt. En 1994, par exemple, il a suffit que les Etats-Unis remontent leurs taux d'intérêt pour que les sicav investies en obligations françaises voient leur cours chuter de 10 % en un an. Une hausse des taux d'intérêt semble peu probable pour l'instant. Mais ceux qui sont attachés à la sécurité des obligations ont néanmoins intérêt à protéger leurs revenus et leur capital contre les turbulences des marchés. Les nouvelles obligations assimilables du trésor indexées sur l'inflation, les OATi, sont à ce titre un bon compromis entre rendement et sécurité. Elles n'offrent pas un revenu très important, mais ce dernier sera réévalué chaque année pour rapporter toujours 3 % de plus que l'inflation. Avec le taux d'inflation de 1 % prévu l'an prochain, elles ne devraient pas rapporter plus de 4 %. Mais si l'inflation remonte à 3 %, comme c'était le cas entre 1987 et 1991, les OATi rapporteront alors 6 % de rendement. Surtout, contrairement à la plupart des obligations, leur cours ne plongera pas si les taux d'intérêt remontent.

Gilles Pouzin

Le désendettement
Qui paie ses dettes s'enrichit. C'est particulièrement vrai quand on compare le coût des crédits anciens et le rendement des placements d'aujourd'hui. S'il vous reste 300 000 francs à rembourser sur un emprunt immobilier contracté en 1990 à 10 % et que vous avez accumulé 300 000 francs sur un contrat d'assurance-vie, n'hésitez pas : remboursez. En effet, si vous aviez signé un prêt de 500 000 francs sur quinze ans, il vous reste encore près de 400 000 francs de mensualités à payer jusqu'au bout. Mais si vous consacrez vos économies à rembourser les 300 000 francs de capital dus, vous économisez 100 000 francs de frais financiers sur les six prochaines années. Il n'y a pas plus rentable ni moins risqué.

Sélection d'actions à haut rendement
   Cours en francs(1)  Rendement (2)
 Chargeurs  314  4,8%
 Eiffage  458  8,4%
 Eridania  966  5,4%
 Legris  237  5,1%
 Natexis  309  5,8%
 Paribas  440  5,6%
(1) au 18 novembre 1998
(2) sur la base des dividendes prévus par Meeschaert-Rousselle
Source : Gilles Pouzin

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