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Rédigé le 16 septembre 1996 |
En dix ans, l'assurance-vie est devenue le premier placement des Français. Avec 2200 milliards de francs d'encours et 420 milliards de francs de souscriptions nouvelles en 1995, l'assurance-vie accapare 60% de l'épargne financière. Aujourd'hui, près de 11 millions de Français possèdent un contrat d'assurance-vie, soit environ 40% des ménages. Ce placement miracle a bénéficié d'avantages fiscaux exceptionnels, mais aussi de l'incertitude des retraites.
Se préparer
soi-même une retraite
Un tel succès ne repose pas seulement sur des réductions d'impôt : la montée
en puissance de l'assurance-vie a surtout répondu au besoin croissant de se
préparer soi-même une retraite. Ainsi, 44% de ceux qui en possèdent déclarent
épargner afin de disposer d'un capital ou d'un complément de revenus pour leur
retraite. C'est leur première motivation. La seconde étant de se constituer
une épargne pour sécuriser l'avenir, ce qui n'est pas très différent. Le vieillissement
des détenteurs d'assurance-vie est une autre illustration de cette tendance.
En dix ans, la part des clients de plus de 65 ans a plus que doublé, passant
de 11% à 25%. «Il y a eu un déclic, explique Patrick Peugeot, président de la
compagnie d'assurance La Mondiale. Les gens ont brutalement réalisé qu'ils auraient
une retraite inférieure à leurs espérances. L'assurance-vie est clairement un
des produits les plus efficients pour remédier à ce problème.» C'est vrai. A
condition de savoir s'y retrouver, car c'est aussi un dédale de contrats aux
qualités très inégales.
Le seul point commun à toutes les assurances-vie est leur fiscalité, qui demeure avantageuse. La réduction d'impôt sur les souscriptions a été supprimée mais l'exonération de droits de succession, qui était dans le collimateur du fisc, est maintenue. Enfin, et c'est même l'essentiel, les revenus et les plus-values sont exonérés d'impôt, quel que soit le montant des investissements. Seule condition : laisser son argent bloqué huit ans. En réalité, la plupart des contrats d'assurance-vie permettent même de récupérer son épargne en cas de besoin ponctuel pendant cette période, sans payer de pénalités fiscales. C'est ce que les assureurs appellent une avance partielle.
Rente
ou capital?
A l'issue de la période d'épargne, l'assurance-vie offre deux possibilités qui
répondent parfaitement aux besoins des futurs retraités. Soit récupérer un capital,
soit toucher une rente viagère (lire l'article Devenez
rentier). Le capital est totalement exonéré d'impôts tandis que la rente
est partiellement imposable, en fonction de l'âge à laquelle on commence à la
toucher. Par exemple, quand on commence à toucher sa rente entre 60 et 69 ans,
cette dernière est soumise à l'impôt sur le revenu avec un abattement de 60%.
Ceux qui veulent absolument devenir rentiers ont intérêt à investir dans un
PEP, un plan d'épargne populaire. C'est une option fiscale disponible dans la
plupart des contrats d'assurance-vie qui permet d'avoir une rente totalement
exonérée d'impôt. Huit millions de souscripteurs ont été convaincu par cette
formule. Il suffit de remplir trois conditions : les fonds doivent rester bloqués
pendant huit ans, comme pour l'assurance-vie classique, chaque individu ne peut
avoir qu'un seul PEP et ses versements sont plafonnés à 600 000 francs.
Une fois les contraintes fiscales respectées, l'assurance-vie recouvre deux grandes catégories de placements. Les contrats "en francs" et les contrats "en unité de compte". Les premiers ont connu le plus grand succès, grâce à leurs bonnes performances et à leur sécurité. En effet, dans les contrats en francs, la compagnie d'assurance garantit d'année en année la protection du capital et la revalorisation de l'épargne. Le taux garanti est de 3,5% mais les contrats en francs réalisent souvent des performances financières supérieures dont ils font profiter leurs souscripteurs.
Frais
et baisses de rendement
Les bons rendements de l'assurance-vie appellent néanmoins deux remarques. La
première est l'impact des frais. «Nous ne sommes pas en tête des classements
chaque année, résume Jean-François Naud, président de Médi-Assurances, mais
comme nos frais sont parmi les moins élevés, notre performance nette est souvent
meilleure.» La différence n'est pas trop gênante sur un versement unique, mais
elle prend de l'importance lorsque les frais pénalisent les versements année
après année. A ce titre, il faut se méfier tout particulièrement des contrats
à versement périodiques, qui dissimulent souvent des frais exorbitants étalés
sur une très longue durée. La seconde remarque concerne la performance financière
elle même. Le rendement annuel moyen des contrats d'assurance-vie en francs
a baissé de 10,8% en 1986 à 7,5% l'an dernier. Du coup, de plus en plus d'épargnants
se tournent vers les contrats d'assurance-vie en unité de compte. Parfois plus
performants, mais aussi plus risqués. Les contrats en unité de compte, aussi
appelés contrats multi-supports, sont très différents de l'assurance-vie traditionnelle.
Ils s'apparentent davantage à des placements en sicav. Certains de ces contrats
ne proposent qu'un petit échantillon de sicav gérées par un seul gestionnaire.
D'autres font eux-mêmes la sélection des meilleurs gestionnaires, comme Top
Ten, de Guardian Vie, ou American Express Sélection. Pour ceux qui préfèrent
se faire un panachage sur mesure, le contrat Véga Maxi, de Véga Finance et La
Mondiale, permet d'investir dans 700 sicav différentes. Enfin certains contrats,
comme Mondoptima-Sécurité de CPA-Assurances Vie, permettent de dynamiser son
assurance-vie en investissant sur les actions tout en protégeant le capital.
L'assurance-vie permet décidément de tout faire, y compris d'investir dans des
produits concurrents. Quand il s'agit de sa retraite, il est normal de chercher
les placements les plus rentables à long terme. Et les opportunités ne manquent
pas. La seule règle consiste à ne pas jouer sa retraite à quitte ou double sur
des investissements trop spéculatifs.