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Rédigé
le 10 mai 2000 |
Il n’y a pas d’âge pour investir en Bourse mais beaucoup d’épargnants hésitent car ils ne trouvent personne pour leur expliquer les règles de base. Avec ces dix conseils, vous avez entre en mains toutes les clés pour bien démarrer en Bourse. A vous de jouer.
Lire également l'encadré "Trois témoins qui débutent en Bourse."
1 - Combien
devez-vous investir en Bourse?
La première
question qui tracasse les candidats à la Bourse est de savoir la somme
qu'ils doivent investir. Certains croient que la Bourse est réservée
aux personnes fortunées et d'autres pensent qu'il faut miser beaucoup
si l'on veut que cela rapporte tandis que les plus prudents se demandent quel
est le montant maximum qu'ils doivent placer en Bourse pour ne pas mettre en
péril l'ensemble de leurs économies en cas de crise financière.
Ces trois préoccupations sont parfaitement légitimes et voici
quelques règles simples pour y répondre.
Premièrement, la Bourse n'est pas réservée aux millionnaires. On peut profiter de ses performances à partir de quelques centaines de francs en investissant dans des sicav ou des fonds communs de placements (FCP). Ce sont des portefeuilles boursiers gérés par des professionnels dont on peut acheter une petite partie en s'adressant à sa banque. Pour gérer soi même un portefeuille d'actions, il est conseillé de commencer avec au moins 35 000 ou 50 000 francs. En effet, compte tenu des frais prélevés par la plupart des intermédiaires, il est conseillé d'investir au moins 7 000 ou 8 000 francs sur chaque action. Et pour diversifier ses investissements, il faut être actionnaire d'au moins cinq sociétés différentes.
Pour élargir le champ de ses investissements à des sociétés de taille moyenne, il vaut mieux avoir déjà un portefeuille d'environ 100 000 francs investi sur les principales actions composant l'indice CAC 40. Si vous disposez de moins de 30 000 francs à investir en Bourse, le plus sage est de vous tourner vers les sicav et les fonds communs de placements. Même si vous disposez de capitaux beaucoup plus importants, ce choix peut s’avérer très judicieux. En effet, les fonds vous permettent d’investir sur des titres que vous n’auriez pas pu acquérir facilement en temps qu’actionnaire individuel, par exemple sur les marchés asiatiques. En plus, vous n’avez plus à vous occuper de la gestion de votre portefeuille qui est sous la surveillance quotidienne d’un gestionnaire professionnel. Ainsi, il n’est pas rare que des épargnants fortunés ayant plusieurs millions de francs à investir préfèrent les placer dans des fonds d’investissements plutôt que de gérer eux-mêmes leur portefeuille d’actions.
Même si ce n’est pas forcément la meilleure solution pour diversifier leur portefeuille, de nombreux épargnants sont attachés à la détention d’actions en direct. Il est vrai qu’être actionnaire permet d’avoir un lien privilégié avec les entreprises dans lesquelles on investi. Certaines d’entre elles vous envoient régulièrement des informations sur leur activité. Cela vous permet également, si vous le souhaitez, d’assister à l’assemblée générale annuelle et de poser des questions au président de la société. Si vous faites partie de ces investisseurs qui veulent participer directement au capital des grandes entreprises, rien ne vous empêche de commencer à vous constituer un portefeuille avec une mise de départ de 20 000 ou 30 000 francs. Mais vous aurez fortement intérêt à compléter vos investissements par la suite en achetant une nouvelle action chaque fois que vous aurez 7 000 ou 8 000 francs disponibles. Ainsi, au bout de quelques mois ou d’une petite année, vous pourrez vous constituer un portefeuille d’environ 50 000 à 100 000 francs. Un minimum pour gérer vos actions dans de bonnes conditions.
2 - Quel
est le bon moment pour investir en Bourse?
Selon un dicton
boursier bien connu aux Etats-Unis, le meilleur moment pour investir, c'est
quand on a de l'argent disponible. En effet, il est impossible de prévoir
l'évolution de la Bourse à court terme et ceux qui investissent
à un mauvais moment doivent parfois attendre quelques années avant
que leur capital s'apprécie. Mais à long terme, la Bourse finit
toujours par franchir de nouveaux sommets. L'histoire boursière des dix
dernières années en fournit un bon exemple. Pendant la
première moitié de la décennie 90, la crise économique
pénalisait les entreprises et l'indice CAC 40 était affaibli.
Après un record de 2129 points en avril 1990, il est tombé jusqu'à
1721 points le 23 octobre 1995, quand la France était paralysée
par les grèves. Il s'est envolé jusqu'à 2350 points l'année
suivante, puis à 3000 points fin 1997 et au-dessus de 4000 points en
juillet 1998 avant de replonger à 3000 points pendant la crise financière
d'octobre 1998. L'indice CAC 40 repassait le cap des 4 000 points en janvier
1999, avant d'atteindre 5 000 points en novembre, puis 6 000 points en janvier
2000. Résultat, ceux qui n'ont pas investi en se disant que ce n'était
jamais le bon moment ont raté de belles opportunités. Et ils en
rateront d'autres. Si vous regrettez aujourd’hui de ne pas avoir investi en
Bourse plus tôt, dites vous bien que vous risquez de regretter d’ici quelques
années de ne pas avoir investi en Bourse aujourd’hui.
Bien sûr, le potentiel de hausse à long terme des actions n’enlève tien à leur risque élevé. A court terme, il n’est pas rare que les actions enregistrent des replis de 15% à 20% avant de repartir de l’avant. La meilleure façon d’éviter les méfaits de ces à-coups est d’investir régulièrement la même somme, par exemple chaque mois ou chaque trimestre, que la Bourse soit haute ou basse. Cette méthode, appelée investissement programmé, permet d’atténuer les fortes variations des actions.
3 - Où
et comment ouvrir un compte?
Pour investir
en Bourse, que ce soit en gérant soi même son portefeuille d’actions
ou en achetant des parts de sicav, il faut passer par un intermédiaire
financier. Cet intermédiaire peut être une banque, une société
de Bourse (ex-agents de change), ou un courtier en ligne, voire une compagnie
d’assurance ou un conseiller en gestion de patrimoine indépendant. Evidemment,
ces intermédiaires ne proposent pas tous les mêmes services, ni
au même tarif. Chacun d’eux a ses spécificités, ses avantages
et ses inconvénients , comme le résume le tableau "Quel
intermédiaire choisir en fonction de votre situation?".
Avant de choisir votre intermédiaire, vous devez donc vous demander " pour quoi faire ?". En effet, si vous voulez commencer par investir dans une sicav qui mise sur les grandes valeurs françaises, vous n’avez probablement pas besoin d’ouvrir un compte spécifique chez un nouvel intermédiaire. La plupart des réseaux bancaires proposent ce type de sicav et vous en trouverez probablement une qui vous convient à votre guichet habituel. Mais si vous avez des besoins bien précis et que vous recherchez un produit ou un service particulier, vous devrez sûrement faire appel à un spécialiste. Par exemple, si vous voulez disposer d’un maximum d’informations consultables à tout moment et avoir la possibilité de piloter vous-même votre portefeuille comme un professionnel, le meilleur intermédiaire sera sans doute un courtier en ligne. A l’inverse, si vous souhaitez avoir un conseiller personnel que vous pouvez appeler de n’importe où, les services d’une société de Bourse ou d’une banque de gestion de fortune seront plus adaptés. Ces services sur mesure peuvent cependant se révéler plus coûteux.
Si vous commencez seulement à vous constituer un portefeuille boursier, vous avez deux solutions. La plus simple consiste à le faire dans votre banque. Vous éviterez ainsi des démarches administratives supplémentaires et vous pourrez facilement gérer votre argent entre vos différents comptes bancaires et vos livrets d’épargne. Mais attention aux frais ! Dans la plupart des banques, ils peuvent s’avérer dissuasifs pour les petits portefeuilles. Les droits de garde peuvent par exemple vous être facturés avec un minimum de 300 francs par an. Si votre portefeuille n’est que de 30 000 francs, ils grignoteront chaque année 1% de vos placements boursiers, ce qui est inadmissible. La solution la plus avantageuse, même si elle est un peu plus compliquée, consistera alors à ouvrir un compte chez un courtier en ligne. Même si vous n’avez pas accès à Internet, la plupart de ces nouveaux intermédiaires permettent de passer des ordres par Minitel. Et leurs tarifs sont bien plus abordables pour les petits épargnants. De plus, les formalités pour ouvrir un compte sont relativement simples. Il suffit de demander à l’intermédiaire que vous avez choisi de vous envoyer une convention d’ouverture de compte par la poste et de la lui retourner remplie et signée avec les documents habituels (photocopie de pièce d’identité et justificatif de domicile) ainsi qu’un chèque libellé à votre nom, pour effectuer le dépôt initial sur votre compte.
4 - Quel
type de compte choisir pour payer moins d'impôts?
C’est généralement
au moment du choix de votre intermédiaire financier que vous devrez déterminer
le type de compte sur lequel vous allez gérer votre portefeuille. Aujourd’hui,
les particuliers ont le choix entre trois types de comptes différents
pour investir en Bourse en bénéficiant d’avantages fiscaux :
le compte titre ordinaire, le plan d’épargne en actions (ou PEA) et le
contrat d’assurance vie multisupports. Ces trois types de comptes ont cependant
des caractéristiques et des contraintes fiscales complètement
différentes, comme le résume le tableau "Quel
type de compte choisir pour payer moins d'impôts?", ce qui les rend
plus ou moins adaptés en fonction de vos besoins.
Le compte titre ordinaire est le plus simple à utiliser puisqu’il ne fait l’objet d’aucune contrainte. Si vous décidez de commencer à gérer votre portefeuille dans votre banque, vous n’aurez même pas de démarches particulières à effectuer pour utiliser votre compte titre ordinaire. Son fonctionnement est lié à celui de votre compte courant et vous pouvez dès maintenant passer vos premiers ordres de Bourse. Ce type de compte est pratique, puisque vous pouvez vous en servir pour acheter n’importe quelle catégorie de titres, qu’il s’agisse d’actions, d’obligations ou de fonds d’investissements français ou étrangers. Vous bénéficiez d’une grande liberté puisque vous pouvez récupérer votre argent à tout moment sans pénalités fiscales. Vos plus-values sont théoriquement imposées à 26%. Mais si vous vendez moins de 50 000 francs de titres dans l’année, vos gains ne subissent que 10% de prélèvements sociaux. Le compte titre ordinaire est donc parfaitement adapté pour gérer un portefeuille modeste et pour les épargnants qui réalisent très peu de transactions dans l’année.
Le plan d’épargne en actions est soumis à un cadre fiscal bien plus stricte. Premièrement, il ne vous permet d’acheter que des actions françaises et des bons de souscriptions cotés à la Bourse de Paris ainsi que des sicav investies à hauteur d’au moins 60% en actions françaises et des fonds communs de placements (FCP) détenant au moins 75% d’actions françaises. Deuxièmement, les versements que vous pouvez effectuer sur un PEA sont plafonnés à 600 000 francs (1,2 million pour un couple). Enfin, si vous n’effectuez aucun retrait sur votre PEA pendant cinq ans, vos plus-values et vos dividendes ne subiront que les 10% de prélèvements sociaux. Et ce, quel que soit le montant de vos gains. Il est cependant préférable de ne pas effectuer de retrait avant huit ans car cela entraîne la clôture de votre PEA. Ce type de compte est la meilleure solution pour les épargnants qui envisagent de se constituer un portefeuille boursier assez important ou pour ceux qui veulent réaliser beaucoup de transactions.
Traditionnellement, l’assurance vie n’est pas considérée comme un moyen d’investir en Bourse. Pourtant, depuis quelques années, cette possibilité est l’un de ses meilleurs atouts, grâce au développement des contrats dits " multisupports ". Ces nouveaux contrats d’assurance vie permettent en effet de réaliser des investissements de toute nature, qu’il s’agisse d’actions françaises ou étrangères, mais uniquement par le biais de sicav et de fonds communs de placements présentés sous forme d’unités de compte (appelées UC). Comme avec le PEA, vos gains ne subissent que 10% de prélèvements sociaux si vous n’effectuez aucun retrait avant huit ans. Mais surtout, si vous avez moins de 70 ans, les sommes que vous placez en assurance vie seront exonérées de droits de succession à concurrence d’un million de francs par bénéficiaire.
5 - Comment
définir sa statégie pour limiter les risques?
De quelques centaines
à plusieurs dizaines de milliers de francs, il existe toujours un moyen
d'investir en Bourse. Bien sûr, plus votre mise de départ sera
importante, plus les gains seront gros, en valeur absolue. Mais les risques
seront également plus élevés que si vous investissiez peu.
Vous devez donc déterminer la proportion des économies que vous
pouvez investir en Bourse et celle que vous devez conserver sur des placements
sûrs pour accélérer l'appréciation de votre patrimoine
sans lui faire courir un risque de perte. Or,
le problème avec la Bourse est que les risques de pertes sont bien réels,
surtout à court terme.
L'indice CAC 40 des principales valeurs françaises enregistre presque chaque année des périodes de baisse qui peuvent atteindre 15% à 20% en l’espace de quelques semaines. Et depuis dix ans, il a connu trois années de baisse (en 1990, 1994 et 1995). Du coup, si vous envisagez d'utiliser votre argent dans les trois ou quatre ans qui viennent, par exemple pour acheter un logement, il vaut mieux ne pas investir plus de 20% de ses économies en Bourse. Au-delà de cette proportion, vous risqueriez de ne pas pouvoir disposer de vos économies de départ au moment où vous en auriez besoin. Si vous investissez à plus long terme, par exemple pour huit ans, vous pouvez investir jusqu'à 45% de vos économies en actions en ayant pratiquement la certitude qu'elles progresseront au moins autant que l'inflation. Si vous placez un tiers de vos économies en actions françaises, un tiers en actions internationales et un tiers en obligations internationales, le risque n'est pas trop important non plus. Selon des simulations réalisées par Fleming finance entre 1979 et 1999, la rentabilité moyenne sur huit ans d’un tel portefeuille devrait osciller entre 5% et 26% par an. Pour vous aider à limiter vos risques, nous avons réalisé une estimation des chances de gains et des risques de perte potentiels pour trois répartition de portefeuille différentes.
6 - Comment
lire la cote?
Lorsque l’on n’investit
pas en Bourse, on peut se demander pourquoi les petits actionnaires passent
autant de temps à éplucher la cote des actions. Mais dès
que l’on gère soi même son portefeuille, on comprend mieux pourquoi
la cote est l’une des rubriques les plus lues dans les quotidiens : c’est
une mine d’information bien plus riche que ce que laissent penser les colonnes
de chiffres. Par exemple dans le quotidien économique La Tribune, le
cours de chaque action est accompagné de sa variation depuis le début
de l’année. Ainsi, vous pouvez repérer les sociétés
qui ont le plus monté ou le plus baissé. Dans la cote du quotidien
Les Echos, vous trouverez d’autres informations, comme le rapport cours/bénéfices,
qui permet de comparer la valorisation des actions entre elles, et le rendement
procuré par les dividendes qu’elles distribuent chaque année à
leurs actionnaires. Toutes ces informations sont très utiles pour gérer
votre portefeuille.
7 - Comment
acheter?
Pour acheter une
action, vous devez procéder en trois étapes :
- Premièrement,
sélectionnez le titre sur lequel vous voulez investir.
- Deuxièmement,
évaluez le montant que vous souhaitez consacrer à cet investissement.
Cette étape est aussi importante que la première. En effet, vous
devez bien équilibrer votre portefeuille en fonction de sa taille. Si
vous avez un portefeuille de 100 000 francs, vous aurez intérêt
à investir environ 10 000 francs sur dix sociétés différentes
plutôt que 50 000 francs sur une seule action et 25 000 francs sur deux
autres titres. Vous devrez aussi équilibrer vos investissements par rapport
à la taille des sociétés. Une règle simple peut
être de ne jamais investir plus sur une petite entreprise que sur une
action faisant partie de l’indice CAC 40.
- Troisièmement,
une fois que vous avez choisi le montant à investir sur une action, vous
devez passer votre ordre de Bourse. Pour cela, vous devez déterminer
le nombre d’actions qu’il vous faut en divisant le montant que vous souhaitez
investir par le cours du titre. Par exemple, si vous voulez acheter 10 000 francs
d’actions Accor et que leur cours est d’environ 270 francs, divisez 10 000 par
270, il vous faut 37 actions. Pour être sûr que votre intermédiaire
ne fasse pas d’erreur, précisez lui le code sicovam de l’action que vous
souhaitez acheter afin de l’identifier avec certitude.
- Enfin, vous pouvez également mettre des conditions à l’exécution de votre ordre. Par exemple, acheter 37 actions Accor au cours limite de 40 euros signifie que vous n’achèterez vos actions Accor que si leur cours descend à 40 euros. Si vous souhaitez avoir la certitude d’acheter vos 37 actions Accor sur le champ, vous devez préciser que votre ordre est exécutable " à tout prix ", c’est à dire au cours qu’elles auront atteint lorsque votre ordre sera présenté sur le marché.
8 - Comment
bien sélectionner ses investissements?
Que vous ayez
décidé d’acheter des actions ou des parts de sicav, ne succombez
pas à la tentation des modes boursières. Pensez impérativement
à diversifier votre portefeuille entre différents pays et différentes
catégories d’entreprises. Régulièrement, des secteurs entiers
de la Bourse s’envolent à un endroit ou un autre de la planète.
Ce phénomène attire l’attention des médias et la hausse
s’accélère. Cela a été le cas de la Bourse de Hong
Kong en 1993 (+116%), de la Russie en 1997 (+126%) ou du Nouveau Marché
en 1999 (+135%). Mais les investisseurs qui ont suivi ces modes à contre-temps
en gardent un mauvais souvenir : la Bourse de Honk kong a perdu 30% en
1994, celle de Moscou a plongé de 84% en 1998 et le Nouveau Marché
est redescendu de 40% depuis son record de début mars. Pour éviter
de telles déconvenues tout en profitant du potentiel de hausse des différents
marchés, il faut investir partout, c’est-à-dire répartir
raisonnablement son portefeuille entre des actions et des fonds d’investissements
représentatifs des principales forces de l’économie mondiale.
Bien sûr, cette règle est difficile à respecter lorsque
l’on gère soi même un petit portefeuille d’une trentaine d’actions
différentes. Pourtant, il faut toujours s’efforcer d’équilibrer
ses investissements.
9 - Quand
et comment vendre?
Le bon moment
et la bonne façon de vendre varient selon la stratégie de gestion
que l'on adopte. On retrouve deux types de comportement chez les gestionnaires
professionnels. Certains prennent des bénéfices très rapidement
dès qu'ils estiment qu'une valeur a réalisé le maximum
de plus-value sur lequel ils pouvaient compter à court terme. D'autres
restent investis sur les belles valeurs quoi qu'il arrive, pour être sûr
de bénéficier de tout leur potentiel d'appréciation au
fil des années. Sur le long terme, ces deux stratégies peuvent
s’avérer valables, à condition de s’y tenir.
L’erreur la plus répandue consiste à considérer qu’un investissement à long terme est un pari à court terme qui a mal tourné. En faisant cette confusion, de nombreux épargnants ont tendance à vendre leurs bonnes actions dès qu’elles grimpent de 20% et à garder leurs mauvais titres sous prétexte qu’ils ne sont pas gagnants. Avec cette stratégie, ils se privent du potentiel de hausse des entreprises les plus dynamiques et asphyxient leur portefeuille avec des sociétés décevantes. Vendre rapidement pour multiplier les occasions de faire des plus-values rapides peut être une stratégie valable.
Si vous optez pour une stratégie de gestion dynamique, il ne faut pas hésiter à vendre aussi les actions qui ne montent pas, quitte à les racheter quand elles commencent à décoller. Une troisième stratégie valable consiste à mettre à l’abri une partie de vos gains lorsque vous avez eu la chance de miser sur une entreprise en forte croissance. Vous pouvez par exemple vendre un tiers des actions que vous possédez dans une société si leurs cours monte de plus de 50%. Ainsi, vous réaliserez une confortable plus-value tout en conservant un montant d’actions équivalent à celui que vous aviez investi au départ pour profiter du potentiel de hausse de cette société.
10 -
Comment réagir face aux turbulences de la Bourse?
Si vous investissez
en Bourse, vous n’échapperez pas à ses turbulences. Les marchés
financiers sont un miroir de notre vision de l’avenir. La plupart du temps,
ils voient la vie en rose et oublient les problèmes économiques
qui sont pourtant toujours aussi nombreux. Lorsque ces soucis refont surface,
les marchés broient du noir. Bien sûr, il arrive que ces problèmes
soient graves, comme l’insolvabilité de la Russie, en août 1998.
Mais il peut aussi s’agir d’une mauvaise nouvelle plus bénigne pour l’économie,
comme la victoire judiciaire contre le monopole de Microsoft en avril 2000.
Quelle que soit l’origine de leurs soucis, les marchés financiers sont régulièrement victimes d’une perte de confiance qui se traduit par des turbulences. Ces crises et ces dépressions passagères remettent rarement en cause le potentiel de croissance à long terme de l’économie et de la Bourse. Mais elles peuvent avoir des conséquences catastrophiques pour les investisseurs qui cèdent à la panique. Pour éviter les erreurs, vous devrez en permanence garder à l’esprit deux principes de survie. Premièrement, vous êtes votre pire ennemi. Si la Bourse baisse, n’écoutez pas votre instinct. Contentez-vous d’appliquer méthodiquement les règles de gestion que vous vous êtes fixées. Continuez à investir régulièrement pour profiter du marasme et de la faiblesse des autres investisseurs. Deuxièmement, le temps est votre meilleur allié. Si vous êtes obligé de vendre vos actions au bout de quelques mois, les risques de perte sont très importants. Mais si vous pouvez attendre, vous êtes pratiquement sûr de gagner.
Selon une étude de Fleming Finance portant sur les trente dernières années, un épargnant qui aurait acheté des actions françaises au plus haut aurait pu perdre jusqu’à 39% en les revendant au pire moment un an plus tard. Sa perte se serait réduite à 21% s’il avait attendu deux ans, elle n’aurait été que de 5% au bout de cinq ans et il n’aurait rien perdu s’il avait eu la patience d’attendre huit ans.
Gilles Pouzin