Prévisions d'Experts > Mars - Avril 1999
Record à Paris, optimisme européen, espoirs à Tokyo - 29 avril 1999
Bénéfices
surprises à Paris.
Selon les données collectées par Merrill Lynch, les sociétés
françaises qui annoncent des résultats supérieurs à
leurs prévisions ont une meilleure performance boursière que les
sociétés qui publient des résultats inférieurs aux
prévisions, quel que soit le niveau absolu de leur profitabilité.
"Surtout, les sociétés qui annoncent des bonnes surprises
sont les sociétés qui ont le plus de chances de voir leurs prévisions
de bénéfices revues en hausse par les analystes dans les six à
douze prochains mois", précise Markus Barth, analyste chez Merrill
Lynch. Selon la banque américaine, les cinq sociétés françaises
ayant annoncé les meilleures surprises sur leurs résultats le
mois dernier sont Valéo, Lafarge, saint Gobain, Danone et la Seita. Carrefour
et Havas advertising sont pour leur part les sociétés qui se sont
maintenues le plus longtemps dans ce classement puisqu'elles ont annoncé
des résultats supérieurs aux prévisions du marché
depuis respectivement 12 et 22 mois.
Europe en forme.
D'après les résultats du dernier sondage de Merrill Lynch
auprès de 77 investisseurs institutionnels européens gérant
un total de 1740 milliards d'euros, ces derniers sont optimistes. "Avec
un quart des participants à l'enquête qui estiment que les actions
européennes sont sous-évaluées, les gestionnaires d'Europe
continentale pensent que les actions ont plus de marge de hausse qu'elles n'en
ont eu au cours des six derniers mois." Heureux présage, quand on
sait que l'indice Stoxx des actions européennes a regagné 45%
depuis début octobre.
Déréglementation japonnaise.
Même si l'indice Nikkei a du mal à franchir le cap des 17 000
points et que ses risques de repli demeurent, les experts sont optimistes sur
les perspectives de redressement de l'économie japonaise. "Une loi
adoptée le 21 mars autorise les sociétés japonaises à
inclure dans leurs réserves de fonds propres les plus-values latentes
après impôts sur leurs propriétés foncières",
explique Alexander Kinmont, économiste chez Morgan Stanley. Les sociétés
qui opteront pour une telle réévaluation de leurs fonds propres
n'auront pas le droit de distribuer ces nouvelles réserves sous forme
de dividendes, mais elles pourront en revanche les utiliser pour effectuer des
rachats d'actions. "C'est très positif pour les actionnaires, estime
Alexander Kinmont. En fait, on peut même se demander si les sociétés
japonaises sont conscientes qu'elles deviendront des cibles attrayantes maintenant
qu'elles peuvent à la fois extérioriser leur richesse et en faire
profiter leurs actionnaires." Il ne manque plus qu'un feu vert officiel
pour que la chasse aux acquisitions japonaises soit ouverte. "Le gouvernement
s'est engagé à faire passer une loi pour supprimer les restrictions
aux fusions-acquisitions au Japon, explique en effet Jeff Bahrenburg, responsable
de la stratégie chez Merrill Lynch à New York. Cette législation,
qui inclurait la suppression du droit de veto des actionnaires minoritaires,
devrait être adoptée avant la fin de l'année."
Les arbres montent-ils jusqu'au ciel? - 23 avril 1999
Wall
Street sur le toit du monde.
Après avoir franchi le cap symbolique des 10 000 points le 29 mars, l'indice
Dow Jones n'est pas redescendu en-dessous de ce seuil depuis le 7 avril, inscrivant
un dernier record à 10 727 points jeudi 22 avril. A ce niveau, les actions
américaines sont surévaluées de 30%, selon le modèle
d'évaluation de la Fed remis à jour par la Deutsche Bank. "Wall
Street n'a jamais été autant surévaluée depuis septembre
1987", estime la Deutsche Bank. Les actions américaines avaient
ainsi atteint un niveau de surévaluation de 34% avant le krach de 1987,
et de 25% l'été dernier, avant la chute de la rentrée.
Voulant éviter un repli désordonné, la vice-présidente
de la Fed, Alice Rivlin, a pourtant déclaré qu'elle ne voyait
rien qui puisse caractériser une économie de bulle.
Il est vrai que l'économie américaine et ses entreprises ne se
sont jamais portées aussi bien. "La moitié des entreprises
de l'indice S&P 500 qui ont déjà annoncé leurs résultats
du premier trimestre ont vu leurs profits augmenter de 11,3% par rapport au
premier trimestre de 1998", explique Joseph Abbott, directeur de la recherche
du cabinet Ibes, qui compile les prévisions des banques américaines.
Cette performance serait la meilleure depuis le troisième trimestre 1997,
avant les premiers effets de la crise asiatique. Mais ce qui a le plus enthousiasmé
les investisseurs, c'est que les résultats annoncés sont supérieurs
de 5,1% aux prévisions des analystes. "Ce trimestre aura apporté
les meilleures surprises par rapport aux prévisions depuis le premier
trimestre 1988", confie Joseph Abbott. Mais la question reste de savoir
si les bonnes surprises vont continuer à ce rythme, alors que les analystes
prévoient 11,8% de hausse des profits au second trimestre, 24,4% au troisième
et 23,5% au quatrième. "Le problème est que la Bourse est
déjà surévaluée en prenant l'hypothèse que
ces prévisions optimistes se réaliseront", explique une analyste
de la Deutsche Bank. Au niveau actuel, les 500 premières actions américaines
valent déjà 25,1 fois leurs bénéfices futurs, selon
Joseph Abbott, alors que leur juste valeur devrait plutôt se situer autour
d'un rapport cours/bénéfice de 19,5. Pour réduire cette
surévaluation sans que les actions ne perdent 20%, il faudrait que le
rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans descende en
dessous de 4% (contre 5,24% vendredi), ou que les bonnes surprises fassent encore
des miracles.
Tokyo cherche son souffle.
Après s'être rapproché du seuil des 17 000 points vendredi,
l'indice Nikkei cherche son souffle. Les investisseurs risquent en effet de
s'impatienter si l'économie et les entreprises japonaises ne se redressent
pas aussi vite que la Bourse. "Les étrangers ont acheté un
montant record de 1600 milliards de yens (83 milliards de francs) d'actions
japonaises au mois de mars, observe Jeffrey Young, économiste chez Salomon
Smith Barney. Mais ces achats risquent de se ralentir à cause de la hausse
du yen." Alexander Kinmont, spécialiste du Japon chez Morgan Stanley,
estime pour sa part que les restructurations des entreprises devraient marquer
une pause et que l'indice Nikkei pourrait connaître une correction en
attendant les assemblées générales d'actionnaires qui se
tiendront fin juin.
La guerre commerciale s'intensifie, l'or reste déprimé - 16 avril 1999
Protectionnisme
rampant
L'OMC devrait approuver mardi 191 millions de dollars de sanctions contre l'Union
européenne en dédommagement du préjudice subit par les
Etats-Unis dans la guerre de la banane. Les Américains veulent également
imposer 100% de droits de douane sur 900 millions de dollars de produits alimentaires
européens si l'Europe n'autorise pas l'importation de boeuf aux hormones
américain d'ici le 13 mai, comme le lui a demandé l'OMC. "Bien
que l'effet de ces droits de douane soit inquiétant à court terme,
leur objectif est néanmoins de promouvoir le libre échange sur
le long terme, estime Rajib Pal, économiste chez Goldman Sachs. Mais
on ne peut pas en dire autant de la poussée des procès anti dumping,
ni du projet de loi protectionniste adopté par la chambre des représentants
le 17 mars." Ce projet de loi, auquel Bill Clinton a promis d'opposer son
veto, imposerait un quota limitant les importations d'acier à la moyenne
mensuelle constatée entre juillet 1994 et juillet 1997, ce qui serait
une infraction aux règles de l'OMC. Quant aux plaintes anti dumping,
elles ont explosé avec l'envolée du dollar par rapport aux devises
des pays émergents. "Le nombre de plaintes est passé de 15
en 1997 à 36 en 1998, explique Rajib Pal, dont les deux tiers dans l'industrie
métallurgique." L'acier brésilien, japonais et russe, dont
les importations en volume ont respectivement augmenté de 11%, 432% et
96% en onze mois, est le premier visé. Si les producteurs américains
gagnent leurs procès, ces importations seront passibles de 25% à
71% de droits de douane supplémentaires. "Quand des droits de douane
sont imposés, il y a généralement plus de perdants que
de gagnants, conclut Rajib Pal. Les consommateurs y perdent, mais aussi les
industriels américains, car la hausse de leurs coûts d'approvisionnement
affecte leur compétitivité."
Pas de rebond de l'or avant 2001
Merrill Lynch vient de réviser en baisse ses prévisions sur
le cours de d'or, à 293 dollars l'once cette année et 305 dollars
l'an prochain, alors que la banque prévoyait précédemment
un redressement à 350 dollars l'once en l'an 2000. "C'est dû
à la faiblesse de la demande orientale, aux craintes de ventes des banques
centrales, à l'augmentation de la production et à la réduction
des coûts d'extraction, aux ventes à découvert des mines
et à la hausse du dollar qui limitent la hausse de l'or", explique
David Christensen, analyste chez Merrill Lynch. Les banques centrales ont encore
vendu 437 tonnes d'or en 1998, représentant 10,5% du marché. "En
1999, il y aura une augmentation de la pression des Etats-Unis, de la France
et du Canada pour que le FMI vende entre 5 et 10 millions d'onces d'or afin
d'aider les pays pauvres, estime David Christensen, ce qui devrait représenter
5% à 10% de l'offre mondiale d'or. Et la Suisse devrait organiser un
référendum en mars 2000 pour vendre jusqu'à 1300 tonnes
d'or, soit 35% de la demande annuelle mondiale." Avec un cours moyen de
287 dollars l'once au premier trimestre 1999, l'or est proche de son plus bas
niveau depuis vingt ans (280 dollars l'once).
Boom du crédit, la Grèce et la guerre, "Young Americans" - 8 avril 1999
Innondation
de crédit
La Banque centrale européenne a fini par écouter les directeurs
du FMI qui, depuis le 26 mars, lui réclamaient une baisse des taux d'intérêt
pour relancer la croissance. En repoussant le spectre de la déflation,
l'assouplissement monétaire ravive néanmoins la spéculation.
"Alors qu'en septembre dernier on craignait une pénurie de crédit,
on assiste au contraire à un engorgement de crédit", observe
Joachim Fels, économiste chez Morgan Stanley. La distribution de crédits
privés dans l'Euroland a ainsi atteint un rythme de croissance annuel
de 10,2% en janvier. Selon Morgan Stanley, cet engorgement de crédit
a servi aux achats de logements et au financement des stocks des entreprises.
Mais il alimente aussi la spéculation. "L'accélération
des fusions-acquisitions en Europe est en partie financée par des crédits
bancaires", explique Joachim Fels. Une tendance encouragée par les
gestes de la BCE et de la banque d'Angleterre. "Si l'on prend l'accroissement
de la masse monétaire dans les pays développés et que l'on
en soustrait l'argent effectivement utilisé par l'économie réelle,
c'est à dire l'accroissement de la production et l'impact de l'inflation,
les liquidités qui restent disponibles pour s'investir sur les marchés
financiers sont passées d'une croissance de 4% en 1997 à 6% en
décembre 1998", explique John Montgomery, économiste chez
Morgan Stanley. Tant que le crédit augmente, la spéculation a
de beaux jours devant elle.
La Grèce en première ligne
Coqueluche des investisseurs, avec une envolée de 170% entre mars
1998 et son record de mars 1999, la Bourse d'Athènes a plongé
de 20% lors des premiers bombardements en Serbie. Et le drachme a perdu 1,8%
face à l'euro en dix jours. "La Grèce entretient des relations
commerciales et d'investissement avec la Yougoslavie, explique Ricardo Barbieri,
économiste chez Morgan Stanley. Certaines sociétés grecques
ont investi en Serbie et la guerre pourrait pénaliser les exportateurs
et l'économie grecque dans son ensemble". Par exemple, la société
de télécom grecque OTE et Telecom Italia possèdent respectivement
20% et 26% de Telekom Serbia, dont les installations auraient été
bombardées. Ce talon d'Achile rappelle la fragilité de la Bourse
d'Athènes. "Ces inquiétudes sont justifiées, reconnaît
Ricardo Barbieri. Nous ne croyons cependant pas qu'elles puissent anéantir
les efforts de la Grèce pour se rapprocher de l'Union monétaire."
Les
nouveaux jeunes
Les 72 millions d'Américains nés après la guerre restent
les consommateurs les plus nombreux et les plus riches mais leurs 60 millions
d'enfants préparent la relève. Selon la banque Salomon Smith Barney,
cette "génération Y" (les Américains nés
entre 1980 et 1995) dépense déjà 136 milliards de dollars
par an. Selon Salomon, les investisseurs peuvent surfer sur cette vague en s'intéressant
aux sociétés considérées comme les plus "cool"
par les adolescents: Nike, Guess, Levi's, Gap et Sega. Les fournisseurs de loisirs
(ciné, télé, Internet) comme Disney, Time Warner, Libety
Media et Viacom, sont aussi bien placés. Sur la liste de Salomon figure
aussi le laboratoire Medicis Pharmaceuticals, spécialiste de l'acné.
La revanche du pétrole. Dettes sous surveillance - 02 avril 1999
Les pays producteurs de pétrole retrouvent le sourire, mais tous les pays émergents ne rembourseront pas leurs dettes sans problèmes.
La
revanche du pétrole
Le rebond du pétrole, qui atteint 48% depuis la mi-février, semble
cette fois durable. "La croissance de la demande de pétrole aux
Etats-Unis et au Canada, couplée aux réductions de production
de ces deux pays devrait entraîner un accroissement de la demande de 1,2
millions de barils par jour en 1999 et en l'an 2000 au bénéfice
de l'Opep", estime Donald Textor, spécialiste de l'énergie
chez Goldman Sachs. Selon lui, la production de pétrole américaine
n'est pas prête de repartir. "L'industrie pétrolière
a réduit ses investissements d'environ 40% entre 1997 et 1999, explique-t-il.
Et l'endettement des 13 plus grosses compagnies pétrolières s'est
accru de presque 80% depuis deux ans, ce qui devrait inciter les compagnies
à restreindre encore leurs investissements pendant quelque temps."
La réduction de la production de pétrole de 2 millions de barils
par jour annoncée par les membres de l'Opep et les autres pays non-membres
(le Mexique, le sultanat d'Oman et la Norvège), sera néanmoins
le principal soutien des cours. "Les accords de réduction de production
annoncés par les pays de l'Opep ont bien plus de chances d'être
respectés que dans le passé pour deux raisons, estime Donald Textor.
D'abord parce que l'Arabie Saoudite et les autres pays ont réussi à
se mettre d'accord avec l'Iran sur ses quotas de production. Et ensuite parce
que le Venezuela a déjà réduit sa production en dessous
des quotas qui lui avaient été fixés." L'Opep, qui
ne représente plus que 41% de la production mondiale de pétrole
devrait, selon Donald Textor, regagner des parts de marché et garder
la maîtrise des cours.
Dettes
sous surveillance
Les banques allemandes auront d'autres soucis financiers que de racheter la
BNP. Selon Merrill Lynch, elles détiennent 41% des prêts à
l'Europe de l'est, qui représentent, avec les prêts à l'Amérique
latine, les risques les plus importants de défaut de paiement. Le problème
devrait se poser avec d'autant plus d'acuité que les besoins de financement
des pays émergents augmentent alors que les banques et les investisseurs
sont de plus en plus réticents à leur prêter davantage.
"Les pays émergents ont émis pour 237 milliards de dollars
d'emprunts entre 1996 et 1998, explique Jack Lavery, économiste chez
Merrill Lynch, soit une moyenne annuelle 3,5 fois supérieure à
celle des cinq années précédentes." La crise des marchés
émergents n'a pas coupé leurs sources de financement, mais elle
en a fait bondir le coût. La prime de taux d'intérêt offerte
par les pays émergents pour placer leurs emprunts est passée de
2,72% en 1997 à 4,44% en 1998. "Le coût du service de ces
dettes va devenir de plus en plus lourd, prévient Jack Lavery, et les
problèmes de paiements qui pourraient en résulter sont réels."
Il estime que ce risque est en train de se déplacer des pays d'Asie,
où la reprise est bien entamée, vers l'Amérique latine
et l'Europe de l'est.
Contretemps à Wall Street, réveil des canons et modèle australien - 26 mars 1999
Le
paradoxe de Wall Steet
La Bourse américaine est entrée dans une phase paradoxale. Les
taux d'intérêt remontent tandis que l'indice Dow Jones continue
à battre des records. Pour Christine Callies, directrice de la stratégie
au Credit Suisse First Boston, cette divergence devrait perdurer. Dans un premier
temps, elle a observé que la hausse de Wall Street avait tendance à
se prolonger plusieurs mois après que les taux d'intérêt
aient commencé à remonter. Mais, selon ses dernières recherches,
ce décalage est à double tranchant. "Les taux d'intérêt
ne redescendront probablement pas avant que les actions aient baissé",
estime Christine Callies. "En observant les cycles de taux d'intérêt
précédents de 1974, 1981, 1984, 1987, 1990 et 1994, on remarque
que les taux d'intérêt atteignent leur plus haut niveau après
que les actions aient perdu au moins 10%." Autrement dit, précise
Christine Callies, les actions n'ont peut-être plus beaucoup de records
à battre avant de subir une correction de 10% à 15% tandis que
les taux d'intérêt ne s'arrêteront pas de monter avant cette
correction.
Le réveil
des canons
Bombardements alliés en Serbie, programmes de missiles de 9 milliards
de dollars à Taiwan et de 10,5 milliards de dollars aux Etats-Unis, achats
d'avions de 3,2 milliards de dollars par l'Egypte, modernisation de l'armée
polonaise à l'occasion de son entrée dans l'OTAN, dix jours après
le salon de l'armement d'Abou Dhabi, les marchands de canons se frottent les
mains. "Après des années de vaches maigres, la plupart des
gouvernements de la planète votent des augmentations de leurs budgets
militaires", observe François Sicart, président de la société
de gestion new yorkaise Tocqueville asset management. Selon lui, les dépenses
actuelles ne suffisent même pas à maintenir l'arsenal existant
en état de fonctionnement alors que de nouvelles menaces, comme le terrorisme,
la guerre urbaine ou la course à l'armement de la Corée du nord,
requièrent d'autres moyens de défense. Du coup, François
Sicart s'intéresse à quelques valeurs d'armement de haute technologie,
comme Northrop Grumman, qui construit le bombardier furtif B2 et prépare
des insectes de reconnaissance dignes de James Bond, ou le fabricant de radars
Raytheon, dont le missile Patriot est devenu un best seller depuis la guerre
du Golfe.
Le modèle
australien
Le passé récent de l'Australie est riche d'enseignements pour
le reste du monde, en particulier pour l'Euroland, estime Michael Hartnett,
économiste chez Merrill Lynch. L'économie australienne a en effet
enregistré 4,9% de croissance en 1998, sa meilleure performance depuis
la hausse de 5,4% du PIB de 1994. Selon Merrill Lynch, l'Australie a bénéficié
de la vigueur de la consommation et de l'absence d'inflation. Mais elle a été
pénalisée, comme l'Europe, par un recul de l'investissement. La
banque américaine estime que ce sont les dix années de réformes
structurelles du marché du travail, du système de santé
et de la fiscalité, qui ont vraiment augmenté le potentiel de
croissance de l'Australie.
Vis pacem para bellum! Deux guerres agitent les marchés - 19 mars 1999
Bataille
bancaire
Face à la fusion Société générale-Paribas,
la BNP n'avait pas le choix. En restant hors du coup, elle perdait tout. En
fonçant dans le tas, elle gagne à tous les coups. C'est ce que
pense Stilianos Padelidakis, gestionnaire spécialiste des services financiers
à la banque CPR. Ce serait peut-être même le plan de Daniel
Bouton qui aurait donné des idées à Michel Pébereau.
En laissant la Société Générale et Paribas se marier
sans être invitée, la BNP était triplement perdante. Premièrement,
elle ne pouvait plus fusionner avec l'un des deux protagonistes une fois qu'ils
étaient alliés. Deuxièmement elle ne pouvait pas non plus
s'allier avec le Crédit lyonnais qui lui préférait d'autres
partenaires. Troisièmement, la BNP ne pouvait pas fusionner avec un étranger
compte tenu de la réticence de Bercy aux mariages transfrontaliers depuis
la bataille boursière sur les AGF. "En se jetant dans la bataille,
la BNP a retourné toute la situation à son avantage", explique
Stilianos Padelidakis. Dans les trois issues qu'il envisage, la BNP semble en
effet gagnante. Premier cas: ça passe. La BNP a réussit un coup
double et devient la première banque mondiale. Deuxièmement: ça
casse partiellement. La BNP a des chances de réussir son OPA sur Paribas.
La prime boursière offerte par la BNP sur Paribas lui vaudra la faveur
des investisseurs. Le projet est appuyé par AXA qui détient 7,2%
de la BNP, 7,5% du capital de Paribas et 11,9% de ses droits de vote. Enfin
les deux banques sont plus complémentaires que concurrentes. Troisièmement:
ça casse totalement. Soit parce que la Société générale
lance à son tour une OPA sur la BNP, auquel cas elle fera quand même
partie de la fusion. Soit parce que son OPA échoue, et dans ce cas, Bercy
pourrait envisager son entrée dans le capital du Crédit Lyonnais
comme une compensation du déséquilibre créé par
le pouvoir accru de la Société Générale.
Guerre
commerciale
Bataille transatlantique sur la banane, quotas américains sur les
importations d'acier, interdiction de la subvention des exportations de lait
canadiennes, tensions sur l'adhésion de la Chine à l'organisation
mondiale du commerce, mesures protectionnistes contre les magazines américains
au Canada, explosion du déficit commercial américain: après
la crise financière, la guerre commerciale éclate. "1999
promet d'être une année difficile pour les défenseurs du
libre échange, prévient Jack Lavery, économiste chez Merrill
Lynch. Les voix du protectionnisme deviennent de plus en plus fortes."
Selon une récente étude réalisée par le Cato Institute,
seuls 37 membres du Congrès américain sont aujourd'hui en faveur
du libre échange. L'origine la plus flagrante du problème est
la vigueur de la croissance américaine. "L'économie américaine
a progressé deux fois plus vite que le reste du monde en 1998 et devrait
répéter cet exploit en 1999, explique Jack Lavery. Le déficit
commercial n'est que le reflet de ce déséquilibre qui devrait
persister jusqu'à ce que la croissance du reste du monde réaccélère,
en l'an 2000." A moins que la guerre commerciale n'éloigne encore
cet objectif.
L'Europe et les Etats-Unis redécouvrent le meilleur des deux mondes - 12 mars 1999
Reprise
printanière en Europe
Le ralentissement européen aura été brutal mais court.
"D'ici la fin du premier semestre, les sources de ralentissement s'estomperont
et la demande intérieure s'accélérera", prédit
Bruce Kasman, économiste à la banque JP Morgan. La production
industrielle a reculé au rythme de 4% sur les trois derniers mois et
le moral des chefs d'entreprise est déprimé par la faiblesse des
exportations. Mais la consommation a connu sa meilleure performance depuis quatre
ans, avec une croissance au rythme de 2,75% au second semestre 1998. "La
confiance des consommateurs est remontée au dessus de son record des
années 80, à un niveau qui se traduit habituellement par une croissance
de la consommation de l'ordre de 4%", explique Bruce Kasman. La vigueur
du marché de l'emploi devrait selon lui entraîner une forte reprise
dans les mois qui viennent. "Notre prévision de 1,7% de croissance
pour l'Europe en 1999 associe une faible croissance au premier semestre avec
le retour à un rythme de croissance de 2,5% au second semestre",
précise-t-il.
Feu
vert pour la BCE
La démission du ministre des finances allemand Oscar Lafontaine libère
la Banque centrale européenne des pressions politiques. "Le conflit
entre le ministre des finances allemand et la BCE avait l'effet inverse de celui
recherché", analyse Klaus Baader, économiste chez Lehman
Brothers. La BCE peut maintenant étudier une baisse de taux d'intérêt
en toute indépendance. "L'inflation devrait continuer à reculer
au premier trimestre, estime Bruce Kasman, de la banque JP Morgan. Mais elle
devrait remonter autour de 1% d'ici cet été, quand la chute des
matières premières n'apparaîtra plus dans les comparaisons
sur les douze derniers mois." Avec un recul de l'inflation à 1%
en Italie, la BCE devrait néanmoins être rassurée par la
stabilité des prix sur l'ensemble de l'Europe, estime Bruce Kasman. JP
Morgan s'attend donc à ce que la BCE réduise son taux directeur
à 2,5% avant l'été. Thomas Meyer, économiste chez
Goldman Sachs, doute que la BCE prenne cette décision lors de sa réunion
du 18 mars et parie sur une baisse de taux limitée à 0,25%. Selon
lui, un tel assouplissement suffirait néanmoins à ramener le rendement
des emprunts d'Etat en dessous de 4%.
Miracle
à Wall Street
Les nouveaux records de Wall Street confirment le miracle américain.
"Il y a toujours un risque que les investisseurs étrangers se lassent
de financer notre déficit extérieur, que le dollar chute et que
les taux d'intérêt remontent, reconnaît Steve Roach, l'économiste
de Morgan Stanley. Mais nous traversons depuis vingt mois la plus grave crise
financière des soixante dernières années et notre économie
a progressé au rythme de 4% sur cette période." Selon Steve
Roach, une des clé de ce miracle est que seuls 12% de l'économie
américaine dépendent du commerce extérieur tandis qu'une
part deux fois plus importante de l'activité profite directement de la
baisse des taux d'intérêt. L'Europe, qui représente 28%
des exportations et 15% des profits des entreprises américaines, devrait
bientôt relayer la croissance.
Le boulet allemand, Wall Street résiste, le pétrole décolle - 5 mars 1999
Le
boulet allemand
Avec un recul de son PIB au rythme de 1,5% au dernier trimestre 1998, l'Allemagne
est un boulet pour la croissance européenne. Selon Joachim Fels, économiste
chez Morgan Stanley, la récession sera néanmoins évitée
de justesse grâce aux consommateurs. "Le ralentissement du commerce
mondial a frappé les exportations allemandes qui ont fait reculer le
PIB de 2% au dernier trimestre, explique-t-il. Et la construction a chuté
à cause du mauvais temps." Heureusement, la consommation a progressé
au rythme de 4,8% au troisième trimestre et de 3,2% au quatrième.
Au total, Morgan Stanley s'attend à une croissance de l'économie
allemande au rythme de 1,1% sur le premier trimestre et de 1,3% pour 1999. "Compte
tenu des risques croissants de déflation, nous continuons de croire que
la Banque centrale européenne assouplira fortement sa politique monétaire
au deuxième trimestre", conclut Joachim Fels.
Greenspan
dans le doute
La Fed abaissera-t-elle ou remontera-t-elle ses taux d'intérêt?
Alan Greenspan hésite et se dit prêt à agir rapidement dans
un sens ou dans l'autre si des déséquilibres menacent la croissance.
"D'un côté il est inquiet à cause du Brésil
et de la faiblesse de l'économie internationale, de l'autre il est inquiet
à cause de la vigueur de la consommation et des créations d'emploi
aux Etats-Unis", résume Bill Dudley, économiste chez Goldman
Sachs. La poursuite de la baisse des taux annoncée par les experts il
y a quelques mois n'est donc plus d'actualité. "La possibilité
d'un assouplissement monétaire cette année a clairement diminué
du fait que l'économie américaine soit restée forte et
que les effets de contagion du Brésil soient restés, jusqu'à
maintenant, modérés", estime Bill Dudley.
Wall
Street résiste
Théoriquement, la remontée des taux d'intérêt
obligataires devrait entraîner une correction proportionnelle de Wall
Street. Pour l'instant, la hausse des actions semble pourtant insensible au
repli des obligations. "La divergence des deux marchés est trop
récente et trop faible pour constituer un risque majeur", estime
Chrsitine Callies, responsable de la stratégie au Credit Suisse First
Boston. En observant la réaction de Wall Street aux remontées
de taux d'intérêt de 1984, 1987, 1990 et 1994, Christine Callies
a calculé qu'il fallait que les cours des obligations baissent de 10%
pour que les investisseurs vendent leurs actions. Elle a par ailleurs calculé
que, depuis 1961, la hausse des actions s'était prolongée en moyenne
19 mois après que les taux d'intérêt aient commencé
à remonter.
Le pétrole
décolle
Le sursaut de 18% du cours du pétrole depuis trois semaines confirme
les présages des experts (La
Lettre du 08 janvier 1999). "La production de
pétrole des Etats-Unis a diminué de 350 000 barils/jour ces derniers
mois, nous prévoyons qu'elle baissera de 400 000 barils/jour sur l'année
et que la production des pays hors Opep baissera de 300 000 barils/jour en 1999",
prévient Donald Textor, analyste chez Goldman Sachs, qui s'attend à
un net redressement des cours du pétrole cette année.