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Rédigé le 15 septembre 1997 |
Un anniversaire
et un enterrement. Deux événements de l'été dernier font bien la synthèse de
la situation délicate de nos systèmes de retraite : le cinquantenaire de l'Agirc,
la caisse de retraite des cadres, et le décès de Jeanne Calment, doyenne de
France et de l'humanité, à l'âge très respectable de 122 ans. Le cinquantenaire
de l'Agirc couronnait son succès : le régime a versé l'an dernier 76 milliards
de francs à 1,5 million de cadres retraités.
Mais ce succès a un coût : après un déficit de 2,5 milliards de francs en 1995,
l'Agirc accusait encore un trou de 1,7 milliards de francs en 1996. Et la situation
n'est pas prête de s'améliorer : le grand âge de Jeanne Calment donne la mesure
du coût de plus en plus élevé qui va peser sur les systèmes de retraite. Selon
une étude de la Caisse nationale d'assurance vieillesse, la Cnav, les centenaires
n'étaient que 200 en 1950, ils sont plus de 5000 aujourd'hui et approcheront
les 150 000 en 2050. Un indice : les plus de soixante ans ont dépassé 20% de
la population française depuis l'an dernier.
Plans
de sauvetage
Face à ce vieillissement galopant de la population, accéléré par l'allongement
de la vie, les systèmes de retraite craquent de tous côtés. Dernier en date,
celui des Caisses d'épargne, dont les engagements de retraite non couverts atteignent
13 milliards de francs. Les plans de sauvetage successifs des régimes de retraite
par répartition augmentent le poids des cotisations pour préserver leur équilibre.
Malgré cela, l'OCDE a calculé que le cumul des déficits du régime de retraite
obligatoire français dépasserait 100% du PIB d'ici 2070. Le krach collectif
est programmé. (voir Quelques chiffres sur les retraites)
Les réformes des systèmes de retraite français ont déjà sérieusement raboté les retraites qu'ils distribueront dans le futur. La plus sournoise a évidemment été le changement de méthode de calcul du salaire de référence. En ne se basant plus sur la moyenne des dix meilleures années mais sur les vingt-cinq meilleures années de carrière pour calculer la pension à verser, on a réduit les retraites d'environ 20%. La conséquence immédiate est qu'il sera de plus en plus dur de conserver son niveau de vie en partant à la retraite. Pour que les lecteurs puissent évaluer leur future retraite, nous avons voulu leur donner un moyen simple et rapide. Pour ce faire, nous avons demandé au cabinet Hewitt de réaliser des projections du niveau de retraite prévisible en fonction de huit profils de carrière différents (lire également l'article Retraite mode d'emploi). C'est évidement pour les jeunes que la retraite promet d'être la plus maigre. La seule solution pour échapper à la chute de leur revenu de remplacement est d'épargner, beaucoup et vite.
La dure
réalité du vieillissement démographique
La retraite par répartition était simple : les cotisations des actifs payaient
directement les pensions des retraités sans qu'on ait besoin de constituer des
réserves financières. L'évolution démographique a tout chamboulé. En 1970, les
personnes de plus de 60 ans ne représentaient que 38% du nombre de personnes
en activité. Ils en représentent aujourd'hui 46% et atteindront 63% du nombre
d'actifs en 2020. Pour éviter l'explosion du système, les cotisations augmentent
: elles représentaient 3,4% du salaire brut en 1957, elles approchent 20% en
1997 et elles atteindront 22,6% en 1999. Mais ce sera insuffisant pour préserver
l'équilibre les régimes : le déficit cumulé des régimes de retraites obligatoires
français dépassera 100% du PIB en 2070. La retraite est une dette pour laquelle
il faudra constituer une cagnotte : celle des fonds de pension américains atteint
26 000 milliards de francs.
Quelques
chiffres sur les retraites
Les pensions de retraites et de préretraites coûtent 1000 milliards de francs
par an.
La France compte plus de 5000 centenaires aujourd'hui, ils seront près de 150
000 en 2050.
Vos cotisations aux régimes de retraite obligatoires représentent au moins 19,7%
de votre salaire brut aujourd'hui. Elles atteindront 22,6% en 1999.
Le revenu des retraités a augmenté huit fois plus vite que celui des actifs
entre 1980 et 1995.
Le rendement implicite des points de retraite de l'Agirc était de 12,8% en 1980.
Il est tombé à 9,2% et ne sera plus que de 7,2% en l'an 2000.
Les personnes de plus de 60 ans atteindront 63% du nombre d'actifs en 2020,
contre 46% aujourd'hui.
Les cotisations salariales aux régimes de retraite obligatoires étaient de 3,4%
du salaire brut en 1957 et de 11,6% en 1967.
Le déficit cumulé des régimes de retraites obligatoires français dépassera 100%
du PIB en 2070.
Les fonds de pension américains gèrent 26 000 milliards de francs.