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Rédigé le 16 septembre 1998 |
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principal Il faut brider les marchés
financiers.
Les
hedge funds, ou fonds d'investissement spéculatifs, ont été
tellement soupçonnés d'avoir déclenché la crise
financière que les économistes les plus respectés de la
planète ont été appelés à la rescousse pour
déterminer la pertinence des accusations qui leurs sont faites. Leur
réponse est sans ambiguïté : les hedge funds ne sont pas
responsables des crises monétaires ou financières des marchés
émergents. Comment sont-ils arrivés à cette conclusion?
1
- Les hedge funds sont relativement petits
Il faut commencer par une précision importante. De nombreuses personnes
confondent souvent les hedge funds, qui sont des fonds spéculatifs peu
réglementés, avec les mutual funds, qui sont l'équivalent
des Sicav aux Etats-Unis, et avec les pension funds, qui sont de paisibles caisses
de retraites. Certes, les hedge funds se sont considérablement développés
depuis quelque années.
Selon une récente étude de Goldman Sachs, il existe aujourd'hui
plus de 3 500 fonds spéculatifs gérant un total de 400 milliards
de dollars. Si l'on exclut certains double comptages, le Fonds Monétaire
International estime que les purs hedge funds ne gèrent que 100 milliards
de dollars dont seulement 25 milliards seraient consacré à la
spéculation sur les devises, les autres investissant le plus souvent
sur les actions américaines. Mais comme ces spéculateurs parient
souvent quatre à sept fois plus que ce qu'ils possèdent, leurs
positions sur les marchés peuvent varier entre 100 et 175 milliards de
dollars. "Bien qu'importantes, ces sommes font pâle figure comparées
aux capitaux gérés par les mutual funds, pension funds et autres
banques commerciales qui dépassent 20 000 milliards de dollars dans les
seuls pays développés", fait remarquer le FMI.
2
- Les hedge funds ne déclenchent pas les crises
Même s'ils sont relativement petits, les hedge funds sont accusés
de déclencher les paniques en étant imités par les autres
investisseurs. Ce soupçon semble légitime quand les déclarations
de George Soros sont suivies d'une crise monétaire. Mais y a-t-il un
lien de cause à effet entre ces deux événements? Les experts
du FMI ne le pensent pas.
Une étude menée aux Etats-Unis a en effet démontré
que les investisseurs traditionnels prenaient généralement des
positions inverses à celles des hedge funds au moment où ces derniers
agissaient et qu'ils ne les imitaient pas non plus par la suite. Enfin une équipe
d'économistes a analysé le comportement des dix plus gros hedge
funds intervenant sur les devises pendant la crise du baht. Selon leur étude,
ces fonds n'ont pas pris de positions inhabituelles sur le baht par rapport
aux quatre années précédentes et ils n'ont pas réalisé
de profits extraordinaires pendant la crise. "Nous n'avons pas trouvé
de preuve que George Soros, ou n'importe quel autre gestionnaire de hedge fund,
ait été responsable de la crise", conclut William Goetzmann,
professeur à l'université de Yale, qui a piloté cette étude.
Note : Les hedge funds spécialisés sur les marchés émergents ont perdu 20% au mois d'août 1998 et 31% depuis le début de l'année, selon les statistiques compilées par Van Hedge Fund advisors international.
Gilles Pouzin