Wall Street >

Rédigé le 30 mars 2001
Jean-Marie Eveillard, co-président, First Eagle SoGen funds :
La plupart des valeurs technologiques sont encore trop chères selon mes critères

De son enfance à Poitiers, Jean-Marie Eveillard a gardé le recul nécessaire face à l’effervescence de Wall Street. Son diplôme d’HEC en poche, il s’installe à New York en 1968. Depuis 1979, il gère le fonds SogenFund de la Société générale racheté par First Eagle en 1999.

Quelle est la bonne stratégie pour échapper aux turbulences de Wall Street?
Il faut se méfier des mouvements qui réunissent un trop grand consensus. Ce qui m’a frappé au début 2000, c’est que les gestionnaires du monde entier achetaient tous les mêmes grandes valeurs technologiques par peur d’être distancés dans les classements. De mon côté, je gère mon portefeuille comme s’il s’agissait de mon propre patrimoine, ce qui est le cas puisque j’y ai mis toutes mes économies en dehors de mes réserves de trésorerie. Psychologiquement cela fait une grande différence, car mon but n'est pas de me comparer aux indices ou aux palmarès des autres gestionnaires, mais de gagner de l'argent en protégeant mon capital. Quand j'achète un titre je me demande toujours si je serais prêt à payer le prix auquel la société est valorisée dans son ensemble. Si les investisseurs s'étaient posés cette question, Cisco ne serait jamais monté autant.

Sur quelles valeurs américaines investissez-vous?
J’achète des valeurs traditionnelles car l'évolution de leurs bénéfices est plus prévisible. J'ai par exemple pris une participation dans Rayonier, une société qui possède des forêts et dont le cours est décoté de 40% par rapport au prix des forêts aux Etats-Unis. J'ai aussi des actions du groupe de travail temporaire Manpower, qui réalise un tiers de son activité en France.

Achetez-vous aussi des valeurs technologiques?
Oui. Nous avons par exemple acheté des actions Apple lorsque leur cours s'est écroulé car la société possède une trésorerie qui représente plus de 12 dollars par action, ce qui réduit la valorisation de ses activités en lui permettant de traverser cette période de ralentissement sans problèmes d'argent. J’aimerais en acheter davantage mais leur cours sont encore trop chers par rapport à mes critères.

Gilles Pouzin


Copyright©www.pouzin.com