Wall Street > | Rédigé
le 30 mars 2001 Steve Roach, chef économiste, Morgan Stanley : La correction risque d’être deux fois plus longue que prévu |
Depuis sa fusion avec le courtier Dean Witter, Morgan Stanley Dean Witter est l’une des cinq premières banques d’affaires du monde. Après avoir travaillé six ans au service de recherche économique de la Fed à Washington, Steve Roach a rejoint la banque Morgan Stanley en 1982. Selon le service d’information électronique First Call, ses travaux sont les plus lus du monde.
Quelles sont les origines
des inquiétudes actuelles?
L’économie
américaine est confrontée à deux déséquilibres
structurels de grande envergure. D’abord, le taux d’épargne des ménages
est devenu négatif, c’est-à-dire qu’ils se sont mis à consommer
plus qu’ils ne gagnaient en considérant leurs plus-values boursières
comme une source de revenus stables. Ensuite, les dirigeants d’entreprises se
sont laissés convaincre que n’importe quelle dépenses en technologies
de l’information, c’est-à-dire en informatique et en services de télécommunications,
se transformait en gains de productivité. Ce qui n’est pas systématique.
Du coup, ils ont réalisé trop d’investissements qu’ils ne parviennent
plus à rentabiliser. Or, il faudra du temps pour régler ces deux
problèmes.
Quel est votre pronostic
pour l’économie?
Les réductions
d’effectifs risquent de s’accélérer, car les licenciements sont
le dernier remède auquel les entreprises ont recours. Les récessions
d’après guerre ont duré en moyenne 11 mois. Mais les problèmes
que nous rencontrons ressemblent plus aux excès qui rythmaient l’économie
entre 1854 et 1945. A cette époque, les récessions duraient en
moyenne 21 mois. La correction des déséquilibres de l’économie
réelle et des marchés financiers risque d’être deux fois
plus longue que prévu.
Quels
sont les risques pour Wall Street?
Les analystes
financiers deviennent plus réalistes en révisant leurs prévisions
à la baisse. Mais ils sont encore trop optimistes à long terme.
A court terme, il pourrait y avoir une reprise dont il faudrait profiter pour
vendre. Même si la Bourse a déjà enregistré une grande
partie de la correction, la valorisation des actions est encore élevée.
Nous sommes plus optimistes pour les perspectives des obligations.