Wall Street > |
Rédigé
le 30 mars 2001 |
Un doctorat d’économie de l’université de Stanford en poche, John Lipsky passe une dizaine d’années au Fonds Monétaire International, puis devient chef économiste de Salomon Brothers avant de rejoindre la Chase Manhattan Bank, une des plus anciennes du pays, créée en 1799. Il est aujourd’hui responsable des études économiques mondiales du groupe JPMorganChase.
La chute
de Wall Street menace-t-elle la croissance?
Je ne pense pas que les Américains dépensent plus ou qu’ils
réduisent leur consommation uniquement en fonction du cours de leurs
actions. Le bond de la consommation observé entre 1997 et 1998 coïncide
avec la hausse de la Bourse mais il a d’autres origines. A cette époque,
la hausse du dollar, la baisse des taux et du pétrole ont fait économiser
beaucoup d’argent aux Américains sur les marchandises importées,
sur leur crédit ou sur leur essence, ce qui leur a permi d’augmenter
leur consommation. Aujourd’hui, les dépenses des ménages sont
revenues à un niveau plus raisonnable par rapport à leurs revenus
disponibles. Je ne pense pas que Wall Street ait une influence directe sur la
consommation.
L’économie
peut-elle s’en sortir?
Oui, car la déréglementation, la libéralisation et
la mondialisation ont rendu l’économie américain beaucoup plus
flexible. Les ajustements se font très rapidement et une partie des surcapacités
de production est en train de se résorber. De plus, la Fed a acquis une
grande crédibilité pour combattre l’inflation tout en entretenant
une croissance durable. La volatilité de la Bourse fait partie de cette
flexibilité car l’ajustement de la valeur des entreprises permet d’absorber
certains chocs alors que l’économie réelle est beaucoup plus stable.
Quel
est votre diagnostic pour Wall Street?
Il y a encore des risques de baisse du Nasdaq et d’ajustemebnt du Dow Jones
pour prendre en compte les mauvaises perspectices de bénéfices.
Nous n’attendons pas un retournement rapide mais le chômage reste faible
et la Fed devrait à nouveau baisser ses taux d’intérêt de
1% d’ici l’été. Cet environnement semble assez porteur pour Wall
Street.